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Le deal avec l'Iran et le problème de l'incertitude économique
©Reuters

Le nettoyeur

L'accord préliminaire entre l'Iran, les Etats-Unis et les autres grandes puissances permet de faire rentrer l'Iran dans le concert des nations et de s'assurer que son programme nucléaire reste pacifique. Mais, les conséquences économiques sont nombreuses.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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L'actualité la plus importante de ce vendredi matin, c'est l'accord préliminaire entre l'Iran et les Etats-Unis et les autres puissances occidentales sur leur programme nucléaire. Pour les partisans de l'accord, ce deal permet de faire rentrer l'Iran dans le concert des nations et de s'assurer que son programme nucléaire reste pacifique ; pour les opposants, au contraire, il donne trop de marge à l'Iran et assure ainsi que sa course à la bombe continuera.

Les aspects géopolitiques d'un tel accord ne sont pas dans le sujet d'une chronique économique, mais ce deal a également un aspect économique, puisque l'Iran est une grande puissance pétrolière, et que la fin potentielle des sanctions contre l'Iran aurait un impact fort non seulement sur l'économie de la région, mais également sur l'économie mondiale à travers le marché du pétrole.

Mais plus généralement, ce deal pose la question du problème de ce qu'on appelle les “risques de longue traîne” ou, selon l'expression popularisée par Nassim Taleb, les “cygnes noirs”- ces événements à probabilité très faible mais à impact très fort.

Le scénario catastrophe par rapport à l'Iran, c'est évidemment celui d'une guerre nucléaire au Moyen-Orient. Quelle est la probabilité d'un tel événement ? Moins de 10%, sans doute. Moins de 1% ? La vraie réponse à cette question est que personne n'en sait rien, et que personne ne peut savoir. L'économiste Frank Knight a été reconnu pour la distinction qu'il a posé entre le risque et l'incertitude. Le risque est mesurable. L'incertitude ne l'est pas.

On peut plus ou moins mesurer le risque d'une nouvelle guerre entre Israël et le Hamas dans les six prochains mois, parce que les paramètres sont assez connus. On ne peut pas mesurer le risque d'une guerre nucléaire au Moyen-Orient. Le risque, on peut le mesurer ; l'incertitude, non. Le problème est que tous nos modèles économiques et financiers sont fondés sur l'idée qu'il n'y a que du risque et pas d'incertitude.

C'est l'histoire de la crise financière de 2008 : les modèles mathématiques des financiers ne prévoyaient pas de baisse soudaine du marché immobilier américain puisque ça ne s'était jamais produit. Lorsque ça s'est produit, les modèles se sont effondrés en chaîne et ont entraîné les banques à leur suite.

Aujourd'hui, les prix du pétrole reflètent plus ou moins la réalité de l'offre et la demande à un instant T, plus les quelques risques prévisibles à venir (conflit au Nigéria, par exemple, ou accroissement de l'exploitation des réserves de schiste).

Mais, quelle composante du prix du pétrole actuel reflète le risque d'une guerre nucléaire au Moyen-Orient ? Probablement aucune. Alors même qu'il y a une incertitude à ce sujet.

Toute notre vie, nous nous comportons comme si l'incertitude n'existait pas. C'est même existentiel : chacun d'entre nous peut se faire renverser par un bus aujourd'hui en traversant la rue, mais si nous y pensions toute la journée, nous n'arriverions pas à vivre. Pourtant l'incertitude existe. Et elle est très difficile à évaluer et donc prendre en compte—sinon elle ne serait pas l'incertitude.

C'est pourquoi ceux qui acceptent la réalité de l'incertitude et agissent en conséquence trouvent des opportunités là où les autres n'en trouvent pas. 

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