La France entrepreneuse au CES 2023<!-- --> | Atlantico.fr
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Le logo du CES est affiché au Las Vegas Convention Center avant le Consumer Electronics Show dans le Nevada, le 4 janvier 2023.
Le logo du CES est affiché au Las Vegas Convention Center avant le Consumer Electronics Show dans le Nevada, le 4 janvier 2023.
©Photo de Patrick T. Fallon / AFP

La Minute Tech

Le Consumer Electronics Show 2023 s'est déroulé du 5 au 8 janvier à Las Vegas. Cet événement permet de découvrir toutes les nouveautés en matière d’innovations et de connaître les dernières tendances tech.

Charles Corval

Charles Corval

Charles Corval est doctorant en science politique à Sciences Po Paris, ses recherches portent sur les enjeux éthiques et politiques du développement des objets intelligents et connectés.

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Vladimir Kosmala

Vladimir Kosmala

Vladimir Kosmala est ingénieur de formation et spécialisé dans les technologies logicielles et Cloud.

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Comme chaque année, le Consumer Electronics Show (CES) s’est tenu début janvier à Las Vegas. Depuis sa création l’objectif reste inchangé pour ses plus de 100 000 visiteurs professionnels : lever le voile sur les nouveautés technologiques à destination du grand public et tisser des liens entre les acteurs économiques. 

La France y est représentée cette année par la plus grande délégation avec 200 entreprises, sur un total de plus de 3200 au CES. Celles-ci sont accompagnées par Business France et la Team France Export qui fédèrent 10 régions françaises sous l’étendard French Tech au niveau international : Auvergne Rhône-Alpes, Région Sud, Occitanie, Nouvelle Aquitaine, Ile-de-France, Hauts de France, Grand Est, Pays de la Loire, Normandie et Bretagne. A sa création en 2014, seules 9 métropoles étaient labellisées French Tech ; elles sont maintenant 13 “capitales French tech” connectées à 45 communautés nationales et 100 internationales. L’analyse des start-ups françaises présentes (produite par Skopaï) montre que la majorité est en phase de démarrage ou de commercialisation et que la moitié de celles-ci à moins de 5 ans d'existence. Seules 12% des entreprises françaises de la délégation sont établies ou matures. 

Pour cette édition, Jean-Noël Barrot, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, chargé de la Transition numérique, était au rendez-vous afin de soutenir les troupes et de promouvoir les dispositifs avantageux pour les entreprises en France, espérant ainsi favoriser les investissements étrangers. Le ministre cherche à montrer que le gouvernement actuel a su transformer la France en un “lieu d’innovation”. Il a ainsi mis en avant une nouvelle perception du pays, qui serait passé d’une organisation “très verticale” et complexe avec ses nombreuses taxes, à un État favorable à tous les innovateurs. La référence à Station F, le plus grand campus de startups au monde à Paris créé par Xavier Niel et accueillant plus de 1 000 start-ups, est appuyée.  

Le rôle volontariste des régions

Parmi les 10 régions françaises, la région Auvergne Rhône-Alpes est la mieux représentée avec 44 entreprises. Stéphanie Pernod, sa Vise-présidente déléguée à l’économie, à la relocalisation, à la préférence régionale et au numérique présentait fièrement les principaux dispositifs régionaux. Selon elle, le succès des régions s’explique par la loi NOTRe de 2015 : celles-ci ont gagné en compétence économique, ce qui a ajouté de l’horizontalité dans la gouvernance.  

Les intérêts sont multiples pour les entreprises : un accompagnement qui se renforce, pour diminuer la charge mentale des porteurs de projet et améliorer leur visibilité grâce aux réseaux de ces nouvelles agences économiques régionales. Les gains sont aussi financiers pour tous les acteurs. Stéphanie Pernod souligne que sa région prend en charge 50% des frais pour exposer au CES. Ce financement de l’innovation est positif pour tous les acteurs, car il est estimé qu’un euro investi rapporte huit euros à la région à travers les entreprises. Ce sont également de potentiels nouveaux emplois durables et non délocalisables à la clé. 

Les innovations françaises

Les start-ups françaises s’illustrent principalement dans le développement d’applications et de logiciels. Deep River promet ainsi de pouvoir encoder diverses données supplémentaires - comme des données de vol - dans des fichiers vidéo : un marché de niche qui intéresse déjà certains domaines médicaux ou militaires. D’autres, à l’image de Vidmizer promettent des gains énergétiques en optimisant le fonctionnement du numérique et son empreinte carbone. Car la mode est à la durabilité et à l’écologie. La pile miniature biodégradable à base de glucose (sucre) de la start-up française BeFC promet d’éviter l’incinération de produits toxiques et de métaux rares lors du traitement des déchets électroniques. L’innovation industrielle se met aussi au vert que ce soit par de nouveaux objectifs écologiques dans la production des semi-conducteurs (Greenwaves) ou par l’utilisation des dernières nouveautés robotiques. Sur ce point, Meropy et son robot SentiV permettent de surveiller les champs : ils évitent ainsi la surutilisation de pesticides et permettent de prévenir les nuisibles ou les maladies. 

Le monitoring ou la surveillance à distance s’étend à de plus en plus de projets. Outre les champs ou la qualité de l’air (Ecomesure), ces technologies visent à améliorer la santé, par exemple en collectant les signes de dépression ou de démences (Emobot). C’est aussi bien évidemment un enjeu de sécurité qu’essaye d’exploiter à son échelle une entreprise comme Acoba en proposant des services de surveillance sécurisés - domaine que les géants américains investissent déjà depuis longtemps, notamment avec le rachat de Ring par Amazon il y a quelques années.  

Les entreprises françaises se positionnent aussi sur ce qui promet d’être un enjeu majeur dans la lutte technologique des prochaines années : le développement et l’utilisation d’un nombre toujours croissant de batteries. Celles-ci ont en effet été largement mises en avant tant par les constructeurs automobiles que par le secteur de la maison connectée – Schneider a ainsi cadré un grand nombre de ses communications sur ces enjeux d’électrification. Du côté des start-ups françaises, ce sont les enjeux de miniaturisation, comme le propose Injectpower pour la santé, et autour du diagnostic d’utilisation et d'entretien, avec E-XTEQ Europe, que se concentre les communications.   

Ecologie du numérique, e-santé et électronique de pointe sont ainsi autant de secteurs où la France tente de trouver sa place, avec un soutien appuyé des discours politiques. Cela sera-t-il pour autant suffisant pour renouveler l’économie d’un pays dont la plupart des grandes entreprises dépassent en moyenne les 100 années d’existence ? Rien n’est gagné, car les moyens du côté des concurrents américains et chinois, souvent déjà en avance, sont massifs.  

Charles Corval et Vladimir Kosmala

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