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Les marchés ont maintenant les yeux rivés sur la Federal Reserve américaine.
Les marchés ont maintenant les yeux rivés sur la Federal Reserve américaine.
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Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Pour tous ceux qui n’ont pas suivi l’actualité des marchés de près cet été, la rentrée va être compliquée. Pendant les mois de juillet et d’août, on est passé de la crise grecque à un krach des actions chinoises. Dans le sillage de Shangai (-20% en deux mois), Francfort a baissé de -8%, New York de 6% et Paris de 4,2%. La baisse de la devise chinoise et des statistiques économiques décevantes ont entrainé une véritable panique des investisseurs, qui s’est traduite par une baisse des actions chinoises de 16% au cours des séances des 24 et 25 août.

Voilà un résumé de la situation :

La croissance mondiale ralentit. C’est d’abord la conséquence de la baisse de la croissance chinoise. Heureusement, les derniers chiffres américains ont été plutôt bons.

Le réajustement monétaire du renminbi était un pas vers une cotation déterminée plus par les marchés que par la Banque centrale de Chine. Il a été interprété comme le début d’une dévaluation massive du renminbi. Pour nous, cela ne semble pas à l’ordre du jour.

Les nouvelles régulations bancaires qui ont été mises en place ont pour résultat, que dans les moments difficiles, il n’y a plus de contrepartie acheteur en face de vente massive d’actions. Les banques ne procurent plus la liquidité nécessaire aux marchés, qui doivent donc encaisser de forts moments de volatilité.

La baisse des matières premières n’est probablement pas terminée. Elle cessera avec la faillite d’un des grands acteurs du secteur avec les consolidations qui suivront.

Les marchés ont maintenant les yeux rivés sur la Federal Reserve américaine. Si elle remonte ses taux trop rapidement, on pourrait assister à une hausse du dollar qui mettrait en situations difficiles toutes les sociétés qui se sont endettées excessivement en dollar, sans avoir le cash flow correspondant en face. Certains pays comme le Brésil ont maintenant un déficit combiné (budget + commerce extérieur) qui atteint 13,2% du PIB. L’Histoire économique nous a appris que quand un pays dépassait les 10%, il entrait dans une phase de forte turbulence. Parmi les sociétés françaises qui ont une forte exposition au Brésil on peut citer : Aperam , Edenred , Casino et Vallourec.

Les 35 heures ont fait beaucoup de mal à l'économie française, tout le monde le sait

En France, les échanges de petites phrases sur les 35 heures pourraient faire rire si le problème n’était pas aussi grave.

Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, a dit devant les entrepreneurs du Medef que "La gauche a pu croire il y a longtemps, que la France pourrait aller mieux en travaillant moins". En rappelant qu’elle avait eu tort, il n’a fait qu’énoncer une vérité qui correspond à la réalité.

En effet, la loi sur les 35 heures de Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn s’appuyait sur l’idée fausse que comme la quantité de travail était stable, elle pouvait être répartie. L’effet a été totalement inverse. La réduction du temps de travail, la fameuse RTT, a créé comme chacun le sait l’effet "Remets Tes Tongs". En tuant le goût du travail, on a tué le goût du risque. Comme on a en plus rajouté la taxation du capital au même niveau que le travail, tout cela a eu pour conséquence d’arrêter tout investissement privé en France.

Bien évidemment, les 700 000 emplois qui devaient être créés n’ont pas été au rendez-vous. La loi sur les 35 heures en a en fait détruit, selon les calculs de l’OCDE. Par contre, l’enveloppe de financement qui devait représenter au début 10 Md€ de l’époque a explosé, payée par de l’argent emprunté par l’état. Au total, la valeur cumulée actualisée du coût des 35 heures représenterait au moins 10% de la dette publique actuelle. Pour compléter le tableau, on voit très bien que le décrochement de la compétitivité de la France coïncide très exactement avec la généralisation des 35 heures imposées par la loi à toutes les entreprises. Le coût excessif du travail, lesté de charges supplémentaires, a rogné les marges des entreprises qui sont tombées à des niveaux historiquement bas. Insuffisamment rentables, elles manquent de  munitions pour investir et préparer l’avenir.

Manuel Valls, Premier ministre, qui est pourtant convaincu de la nocivité des 35 heures, a été obligé de "recadrer" son ministre pour donner le change aux membres du PS réunis à La Rochelle.

Les socialistes français, contrairement à leurs cousins sociaux-démocrates allemands et travaillistes anglais, ne sont pas encore devenus adultes. Pour eux, l’idéologie prime toujours sur la réalité. Elle impose donc de ne pas toucher à une "conquête sociale" même si elle est ruineuse pour l’économie.

Quant aux Frondeurs, on a l’impression qu’ils jouent à la politique budgétaire sur Play Station. En voulant maintenant remettre en cause le CICE, ils montrent qu’ils vivent dans un monde où la dette publique est virtuelle et où la croissance se décrète en appuyant sur un bouton.

Au-delà de la polémique idéologique, il vaut toujours mieux regarder la réalité. Facom était une société française performante spécialisée dans l’outillage, qui avait une petite filiale aux Etats-Unis. Lorsque la gauche revient au pouvoir en 1997, le tournevis Facom avait un coût de revient équivalent, qu’il soit produit en France ou aux Etats-Unis. Mais après que Lionel Jospin eut instauré les 35 heures et la loi de modernisation sociale, les prix de revient bondissent. A parité monétaire égale, le tournevis qui revenait à 100 au début du gouvernement Jospin coûtait 120 à la fin, tandis qu’aux Etats-Unis, il avait baissé à 80. Le grand concurrent américain de Facom, Stanley, pouvait vendre ses outils en France à des prix inférieurs de 41% à ceux de Facom. Tandis que la différence de prix condamnait Facom, la Chine adhérait à l’OMC, ce qui ouvrait le marché français à l’invasion de ses produits. Facom perdait de l’argent et des parts de marché. En 2005, son concurrent américain rachète Facom et ferme ses usines françaises. Voilà un exemple à méditer par tous les petits boutiquiers d’une gauche qui rappelle plus la SFIO de Guy Mollet que lesTravaillistes britanniques ou le SPD allemand d’aujourd’hui…

Les chiffres du chômage sont toujours malheureusement mauvais. Le nombre de chômeurs ne baisse pas et ce malgré l’embauche massive de contrats aidés qui atteindront 500 000 à la fin de l’année.

Une reprise modérée se dessinait pourtant après le trou d’air du printemps. Elle ne devait absolument rien aux mesures prises par le gouvernement. La baisse du pétrole donnait un peu d’air aux industriels. Le cours a baissé de 30% à 42$ depuis le début du mois de juillet. Conforté dans sa conviction selon laquelle "La reprise, elle est là", il n’en a pas fallu plus pour qu’il annonce une baisse des impôts sans en avoir parlé, semble-t-il, à ses ministres.

Aux Etats-Unis, le rebond de l’économie est plus fort que prévu au deuxième trimestre

Cela incite à renforcer dans son portefeuille les sociétés européennes les plus exposées en terme de chiffre d’affaires. Voilà une liste : Fiat (50% du CA), Tate and Lyle (55%), Anheuser-Busch-Inbev (40%), Essilor (43%), Fresenius Medical Care (64%), Grifols (60%), Novo Nordisk (49%), Roche (43%), Shire (67%), MTU Aero Engines (60%), Aegon (55%), Publicis (46%), Luxottica (60%), Husqvarna (42%), Delhaize (73%), Sodexo (40%).

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