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Hong Kong : 
Occupy Dolce et Gabbana !
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Revue de blogs

La manifestation la plus inattendue de ce début d'année s'est produite à Hong-Kong, devant la vitrine du magasin de luxe Dolce et Gabbana. Non que les Hongkongais soit fous de cette marque. Ils protestent contre une discrimination et les problèmes constants que leur cause l'afflux de Chinois du continent.

Le 8 janvier, sur Canton Road, l'avenue chic et touristique de Hong Kong, des centaines (ou des milliers, l'affaire n'est pas claire) de manifestants se sont réunis devant les vitrines de la boutique Dolce & Gabbana pour dire "Assez !" et protester par un flash mob contre la "discrimination". Hong Kong n'est pas en période de soldes. C'est un incident minime qui a déclenché l'incendie.

Un garde de sécurité posté devant le magasin avait interdit quelques jours auparavant à un passant de photographier la devanture, au prétexte que 'Seuls les Chinois du continent en ont le droit". A peine l'outrage connu, le sang des Hongkongais n'a fait qu'un tour. Les vagues démentis officiels sur "la protection de la marque et de la propriété intellectuelle" n'ont pas tenu longtemps et l'exaspération des Hongkongais a explosé.( Le blog Badcanto propose de nombreuses photos et une chronologie de l'affaire Dolce & Gabbana).

"Interdit aux chiens et aux Hongkongais"

C'est ce qu'on pouvait lire sur un tract collé à proximité du magasin. D&G a été rebaptisé illico DoG (chien) sur le Net. Sur Facebook, un groupe de protestation créé dans la foulée réunit presque 21000 soutiens. La vitrine D&G, et sa réputation, ont subi en quelques heures les pires outrages.

Photo du compte facebook "Anti D & G"

Pourquoi tant de haine ? 

Depuis le départ de la Grande-Bretagne, Hong Kong vit dans une perpétuelle tension face au gigantesque dragon à ses portes et se replie sur une farouche défense de son identité distincte, de sa démocratie et de la liberté de sa presse. L'afflux de touristes et de consommateurs de la Chine, et en particulier vers les marques et produits de luxe, n'a certainement pas nui à son économie. Mais ce n'est pas la première fois qu'une broutille met soudain le feu à la susceptibilité hongkongaise. Le voisinage avec un voisin aussi riche, puissant est souvent pénible à vivre au quotidien pour Hong Kong. 

Un incident, au début 2011, avait déjà illustré l’exaspération accumulée. Le 9 mars 2011, une rixe éclatait dans un supermarché de Hongkong devant le rayon bébé, entre trois Chinois et deux Hongkongais, pour une denrée bien plus précieuse que les jupes D&G : le lait. Ce conflit-là couve depuis 2010 et semble sans solutions.

Depuis le scandale du lait chinois pour bébé à la mélamine - et les nombreux autres scandales alimentaires qui ont suivi - les Chinois qui peuvent se le permettre vont à Hong Kong et à Macao se fournir en lait pour bébé, épuisant les stocks et laissant les parents locaux devant les étagères vides, des pénuries chroniques, et des prix qui flambent... Une pétition, des appels aux gouvernement ont fini par produire un quota maximum de boîtes de lait en poudre pouvant passer en Chine avec chaque personne. Peine perdue : des réseaux se sont mis en place avec des passeurs spécialisés dans l'écumage des rayonspour bébé, revendus à prix d'or sur le continent. (jusqu'à 6 dollars US en plus qu'à Hong Kong par boîte de lait pour bébé, par exemple). 

Il reste aux Hongkongais la liberté, assez difficilement imaginable de "l'autre côté" : celle d'organiser un "Occupy Dolce & Gabbana" tonitruant pour protester. 

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