Guerre des changes : les pays européens tentent tous des mesures courageuses... sauf la France<!-- --> | Atlantico.fr
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On est entré dans une guerre des changes qui peut entraîner beaucoup de volatilité sur les marchés.
On est entré dans une guerre des changes qui peut entraîner beaucoup de volatilité sur les marchés.
©Reuters

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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L’Europe a baissé selon le l’indice Stoxx 600 de 3,8% cette semaine avec la moins mauvaise performance réalisée par l’Italie (-1,2%). La hausse de l’euro, au plus haut depuis fin 2011, rajoute encore de la pression sur Mario Draghi, le président de la BCE. La France ne peut supporter un euro aussi fort. Pour ne prendre qu’un exemple, dans le domaine de l’aéronautique, le coût d’un Airbus est devenu environ 12% plus cher que celui d’un Boeing. On est donc vraiment entré dans une guerre des changes qui peut entraîner beaucoup de volatilité sur les marchés. Cette situation très préoccupante pour les exportateurs européens reflète le fait que beaucoup de capitaux continuent de quitter les marchés émergents pour trouver refuge en Europe. Plusieurs pays, sauf la France, font de réels efforts pour essayer de remettre leurs finances en ordre et retrouver le chemin de la croissance pour créer des emplois.

L’Italie vient d’annoncer 10md€ de mesures d’allègements fiscaux pour les ménages et les sociétés. Il s’agit pour elle de relancer la croissance, qui a nettement décroché de la moyenne de la zone euro.Si les mesures annoncées par Matteo Renzi, le nouveau Premier ministre, sont adoptées, l’Italie pourrait entrer dans ce que François-Xavier Chauchat de GaveKal désigne par le « keynésianisme thatchérien » .

L’Espagne est aussi prête à baisser les impôts des ménages et des sociétés. Le gouvernement du Premier ministre Mariano Rojoy proposera une vaste réforme fiscale en juin.  

L’Irlande est arrivée à lever de l’argent sur les marchés malgré un PIB en régression de 0,3% en 2013. Le tassement de l’activité s’explique en grande partie par la fin de l’exclusivité de nombreux brevets détenus par les laboratoires pharmaceutiques implantés en Irlande.

En  France, la seule nouvelle est que notre pays a été mis sous « surveillance renforcée » par Bruxelles. Il manque pour 2013 15 Md€ de recettes fiscales par rapport aux prévisions du gouvernement. Une fois de plus, la théorie d’Arthur Laffer selon laquelle « trop d’impôt tue l’impôt » se trouve vérifiée. Au lieu de s’atteler courageusement à trouver les 50md€ d’économies de dépenses publiques qui ont été annoncées, les dirigeants politiques de gauche comme de droite ont l’air totalement incapables de débattre des vrais problèmes. Ils ne sont concernés que par leur propre réélection. Toute la scène médiatique est occupée par les dix juges d’instruction lancés comme par hasard contre Nicolas Sarkozy en pleine campagne électorale…

La seule bonne nouvelle dans ce paysage consternant, c’est que le secteur privé de l’économie française a recommencé, pour la première fois depuis deux ans, à recréer des emplois au quatrième trimestre 2013. Le rebond est néanmoins fragile, car il est tiré par l’interim.

En Russie, le marché est devenu le moins cher de tous les marchés émergents. Le rouble a perdu 3% de sa valeur par rapport au dollar depuis le 28 février dernier. Les menaces de sanction des Etats-Unis et de l’Europe ont peu de chances d’être efficaces dans la mesure où les intérêts allemands sont trop forts : 35% du gaz allemand provient de Russie. Le pays a été obligé de renoncer à une émission obligataire. La croissance a été revue en baisse à 1% pour 2014. Selon les calculs effectués par Goldman Sachs, les sorties de capitaux du marché russe atteindraient déjà 45 à 50Md$ contre 28 Md$ en 2013. Compte tenu du niveau des exportations de l’Allemagne en Russie (36Md€), les mesures de sanction des élites politico médiatiques de Bruxelles, Berlin, Washington, Londres et Paris seront inefficaces. On peut donc imaginer que le marché russe ne devrait pas beaucoup baisser. Il ne reste plus qu’à attendre maintenant qu’Arnaud Montebourg demande que les pistes de Courchevel et le port de Saint-Tropez soient interdits d’accès aux oligarques russes !

Aux Etats-Unis, le marché se paye désormais 15,4x les estimations de bénéfices des douze prochains mois alors que la moyenne des dix dernières années ressort à 13,8x. A ce niveau, toute déception sur le niveau des résultats sera sanctionnée. En revanche, si l’on assiste comme le pense Jim Paulsen, stratégiste de Wells Capital, à une accélération de la croissance américaine au quatrième trimestre, le marché américain peut encore monter.

Dans les marchés émergents, les valeurs liées à la consommation sont en baisse… Logiquement, l’affaiblissement économique actuel devrait faire baisser le pétrole autour de 80$. C’est très exactement ce dont Vladimir Poutine ne veut pas.

Les pays les plus vulnérables à une baisse de croissance de la Chine sont, selon Craig Botham, stratégiste marchés émergents chez Schroders, le Chili, la Colombie, la Russie, l’Afrique du Sud et le Pérou.

En Chine, les grands groupes sont depuis des années identifiés comme l’un des principaux points de blocage du pays. Progressivement, les rentes traditionnelles commencent à être remises en cause par une nouvelle génération d’entrepreneurs. Dans cette optique, Pékin semble décidé à laisser des acteurs marginaux faire faillite.

En Inde, les élections pourraient débloquer la situation sur le plan politique avec la victoire de Narendra Modi, le leader de l’opposition. Cette perspective a fait remonter la roupie, qui à 60,85 contre dollar se retrouve au plus haut depuis sept mois.

Le nucléaire offre de bonnes perspectives

La consommation dans les marchés émergents a particulièrement souffert depuis le début de l’année en Russie (-26,6%), en Turquie (-12,3%) et au Brésil (-6,4%). En revanche, on enregistre une progression en Indonésie (+14,2%) et en Afrique du Sud (+ 5,4%)

Les télécommunications en France ont été au cœur de l’actualité avec la mise en Vente par Vivendi de SFR. Une fois de plus, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement Productif, s’est particulièrement distingué en annonçant une décision du conseil de surveillance de Vivendi avant qu’il se réunisse !

Le secteur des logiciels n’est décidément pas un grand domaine de compétence de l’administration française.Après l’abandon de « Louvois » le logiciel de paiement des militaires au ministère de la Défense, de « Chorus » le système de comptabilité publique, du « Dossier Médical Personnalisé » de la sécurité sociale, c’est au tour du « Superlogiciel de paie des fonctionnaires » d’être arrêté ! L’objectif était de supprimer 3000 postes dédiés à la paie dans les ministères et 800 au Trésor Public. Dans une entreprise privée, les responsables d’une telle accumulation d’échecs seraient remerciés…

L’Allemagne est en train de payer très cher son arrêt du nucléaire. La transition énergétique devrait coûter plus cher que la réunification allemande. Pour le moment la transition énergétique allemande, c’est plus de charbon et plus d’émissions de CO2. Circonstance aggravante, les prix de l’électricité pour les industriels électro-intensifs en France sont 20% plus chers que les prix consentis aux industriels allemands.

Heureusement, malgré Fukushima, 72 réacteurs sont en chantier dans le monde.

La chute des cours du cuivre et du minerai de fer fait souffler un vent de panique

Le cuivre est à son plus bas depuis quatre ans, avec des stocks qui sont au plus haut.

Le minerai de fer baisse. Le cours est désormais proche des 100$ au plus bas depuis octobre 2012. Les stocks chinois ont atteint les 105MT en fin de semaine dernière.

L’or, en revanche, retrouve de l’éclat. Les bruits de botte russes du côté de l’Ukraine ont accru l’aversion au risque. L’once d’or se retrouve à 1388$, soit son niveau le plus élevé depuis six mois. Il est en hausse de 12% depuis le début de l’année, après une baisse de 28% en 2013. En février, pour la première fois depuis plus d’un an, les flux sur les ETF adossés à l’or sont redevenus positifs.

Les cours du blé et du maïs ont respectivement monté de 19% et 25% depuis le début de l’année. Cette hausse est alimentée par la crise ukrainienne, car le pays est toujours le grenier à blé de la mer noire.

L’uranium est à surveiller. La mine géante de Cigar Lake au Canada a démarré sa production. Le projet est mené par la société canadienne Cameco aux côtés d’Areva (37,1%), et des japonais Idemitsu (7,9%) et Tepco (5%). Malgré des coûts d’extraction de l’ordre de 40$ la livre pour de l’uranium U3O8, la décision a été prise au moment où le cours international est à 35$ et que 25% des mines exploitées ne sont pas rentables. A suivre….

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