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Ah ça ira, ça ira... Les "bancocrates" européens à la lanterne !
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Revue de blogs

La Grèce a, lors d'une élection partielle dit non à l'austérité et intronisé une nouvelle star de gauche, Alexis Tsipras. La rébellion contre les "bancocrates" souffle aussi sur le Net en Espagne, où les indignés sortent de leur hibernation. On se souvient soudain de l'Islande en banqueroute, plutôt sortie d'affaire. Sur le Net, le vent a tourné, mais les "bancocrates" vont-ils plier ?

Peu importe ce qu'en pensent Moody's ou les chancelleries, depuis lundi, sur la blogosphère grecque, flotte un air de liberté, de crâne fierté retrouvée, malgré l'intrusion de députés néo-nazis au parlement. Les internautes grecs ont la sensation d'avoir enfin repris la main sur les "bancocrates" et les marchés, en votant. On trouve partout sur le web des hymnes au "Non", comme : "Le Grec ne craint plus la faillite même imminente et il veut que l'EUROPE LE SACHE. Il est déterminé et aujourd’hui l'EUROPE LE SAIT" sur ce forum.

Même Panagiotis Grigoriou, l'auteur pondéré du blog de référence (en français), Greek Crisis, titrait : "Air libre" au lendemain des élections, et attaquait son compte-rendu en citant le "Ah ça ira" d'un éditorialiste entendu sur une radio contestataire :

« Respirez librement, respirez enfin librement, c'est la prise de la Bastille du bipartisme, l'effondrement du système collaborationniste du PASOK et de la Nouvelle Démocratie. Ce n'est qu'un début, les forces du Mémorandum, les forces de l'occupation ont été délégitimées par le vote du peuple. Nous avons résisté à la guerre économique et psychologique, nous n'avons plus peur du chantage, car le peuple grec sait désormais que les sommes prétendument prêtées à la Grèce dans le cadre des accords illégaux passés avec la Troïka, iront dans les poches de ces rapaces des marchés et aux banques. Nous pouvons désormais les menacer, et c'est aussi un message adressé à la chancellerie de Berlin. Le cobaye a bougé, il a crié, il a dit « Non » .

Pouvoir rêver

Et lui-même, après deux ans à tenir sur son blog le journal d'un enfer économique sans fond, se sentait mieux

"Voilà ce qui est déjà acquis ce lundi : pouvoir rêver. Tous les autres leviers, restent aux mains des bancocrates, sauf l'air du temps. Nos visages sont plus joyeux, exceptés ceux des adeptes du Pasokisme (ndr, Pasok, le parti socialiste grec), plongeant très profondément dans leurs journaux ce matin. Le quotidien « Ta Nea » par exemple, qui a bien choisi son titre : « Le cauchemar d'un pays ingouvernable », mais « cauchemar », pour qui d'abord ? L'horizon demeure brouillé. Rien n'est définitif, sauf la fin du PASOK et de la Nouvelle Démocratie du Mémorandum. Tôt ou tard, on comprendra peut-être que pour se délivrer du Mémorandum, il va falloir se défaire aussi de l'Union Européenne, ainsi que de nos propres errements..."

Prophétique. Le lendemain mardi, une nouvelle star politique de 39 ans, Alexis Tsipras, déjà baptisé "Le Mélenchon grec", était chargé de former un gouvernement de coalition et disait carrément non, lui aussi, à la férule de Berlin. Difficile de cerner ce météore sur le Net. Son compte Twitter est aussi discret que sa présence en ligne, son numéro de téléphone figure toujours sur son blog, mais de nombreuses vidéossont disponibles en ligne pour éclairer l'homme qui va compter jusqu'au 17 mai, date où un gouvernement doit être formé.

Discours de Alexis Tsipras au congrès de la gauche allemande Die Linke le 23 oct. 2011

En parfaite synchronicite, et comme si le risque de contagion de la dissidence n'était pas énorme, l'Espagne annonçait au même moment que les contribuables devaient renflouer une banque, cette fois-ci la banque Bankia, à hauteur de sept à dix milliards d'Euros. Le hashtag "Pas un euro de plus" () a aussitôt explosé sur Twitter. 
Photos sur twitter de @OneJensen :
Travailler ne nous a jamais autant fait rire, Bankia

Quelques heures plus tard, il s'était transformé en un jeu grinçant : #coneldinerodebankia, (avec l'argent de la Bankia) suggérant différentes utilisations de cette somme. Jenny Hausera compilé les propositions sur une page Storify :

“Avec l'argent pour Bankia, on pourrait acheter des allers simples pour la Sibérie aux 445 568 membres du corps politique. Et en première classe, selon ce qu'ils préfèrent." ”Avec l'argent pour la Bankia, on pourrait donner 1 273 € à chacun des 5,5 millions de chômeurs.” “Renflouer Bankia = 11,5 milliard. Coupes budgétaires dans la santé et l'éducation = 10 milliards. Le terrorisme dans sa forme la plus pure.”

On notera que le mouvement "15M" des indignésespagnols, qui sort de son hibernation, prévoyait déjà de fêter son premier anniversaire, le 15 mai, sur les places publiques espagnoles et qu'ils seront motivés.

Au fait, qu'est devenue l'Islande ? 

De nombreux blogueurs se souviennent soudain de l'Islande, petit pays non européen mais écrasé lui aussi par une dette colossale auprès des banques britanniques et qui a tout bonnement refusé de payer, fait démissionner son gouvernement, et réécrit une constitution. Une vidéo en clef très militante, qui raconte cette histoire, est en train de se propager sur Facebook en France.
Du côté des marchés, les traders qui twittent, comme @skythelimit, avec le cynisme vrai ou faux que l'on attend d'eux, a communiqué depuis ses écrans :  "Il y a 10M d'habitants en Grèce, et ça fout un tel bordel sur les marchés...J'imagine avec gourmandise un défaut de l'Espagne..."

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