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La droite à l'assaut de l'école ; Macron piqué par les épines du camp de la rose ; Jeremy Corbyn, la gauche réactionnaire a l'assaut du Royaume-Uni ; Montebourg, le recours... des Inrocks
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Revue de Presse des Hebdos

Et aussi : Immobilier : "c’est le moment !" ; Emmanuel Macron : le "vrai" ministre du Travail ? ; Arnaud Montebourg : "un présidentiable en puissance" ? ; Limonov : Poutine soutient ses idées ! : C'est la revue de presse des hebdos, par Sandra Freeman.

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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La rentrée scolaire : tous égaux sur les bancs ? (Ben non !)

Rentrée des classes oblige : Télérama pose la question en couverture (en blanc sur carré rouge) : "Tous égaux face à l’école ?", une question à laquelle Georges Orwell (repris par Coluche) aurait répondu "qu’on est tous égaux, mais que certains le sont plus que d’autres" ! Ne nous appuyons pas sur nos vieilles citations scolaires du 20ème siècle et ouvrons nous à la réalité de la jeunesse d’aujourd’hui. "Ma mixité va craquer" répond dans ses pages le magazine, sous entendu, le sujet de "l’égalité à l’école" est bien un leurre et le déterminisme social dans l’accès à l’éducation est bien une réalité.

"Indispensable à une école plus performante, la mixité sociale, prônée par l’Education nationale, reste illusoire", écrit Télérama. "En France, les résultats des élèves sont désespérément déterminés par leur milieu d’origine". Le magazine démontre que pourtant, nombreux sont ceux qui n’abdiquent pas face à ces données sociologiques : "Une proportion toujours plus importante de parents remuent ciel et terre pour inscrire leur progéniture dans la bonne école". D’ailleurs, certaines initiatives locales (c’est l’exemple pour montrer que la nage à contre courant existe) peuvent avoir des résultats encourageants pour lutter contre ce déterminisme massif. C’est le cas de ce "collège bien inspiré" : "Clisthène est l’antenne expérimentale d’un établissement situé dans un quartier populaire de Bordeaux. Sa pédagogie alternative a permis une mixité sociale et scolaire qui offre de bons résultats".

L’élève ? "Une cire molle sur laquelle l’école va marquer son empreinte"

L’Obs aborde aussi la rentrée des classes, mais sous l’angle de l’ennui ! Il semblerait que "bons ou mauvais élèves", et bien "l’ennui" (qui peut être quelque chose de beau quand il s’empare de chacun de soi en d’autres circonstances), et bien à l’école ça "touche tout le monde" (là, l’égalité serait donc parfaite ?!). L’hebdo avance que "les débats récents sur la réforme du collège ont mis en lumière un mal scolaire français : l’ennui en classe". A la vérité, on en parle depuis bien longtemps, comme le déterminisme social dans l’accès à l’éducation… depuis bien 50 ans maintenant, mais chaque année, on a l’impression que c’est un peu nouveau. L’Obs interroge pour cela François Dubet, le sociologue (qui n’a jamais sa langue dans sa poche) qui a co écrit avec Marie Durut Bellat ce nouvel ouvrage : "dix propositions pour changer d’école".

La question est de savoir pourquoi on s’ennuie, on le sait, et ça ne change pas. Et voilà ce que dit François Dubet : "En France, l’école est restée plus traditionnelle et plus autoritaire qu’ailleurs. Nous sommes les héritiers des jésuites, de Napoléon et de Jules Ferry. Selon eux, l’être gagne son autonomie en se soumettant à l’autorité du savoir et de la raison. Dans la tradition anglo-saxonne, l’élève est considéré comme un sujet actif qu’il faut mobiliser. En France au contraire, il est une cire molle sur laquelle l’école va marquer son empreinte". (Vous vous revoyez sur les bancs de l’école, transformé en cire molle, là ?). Mais ce n’est pas tout."L’ennui tient aussi à l’obsession du classement et du tri ; s’il est normal qu’elle dégage des élites, en France, cette production commande toute la chaîne : la notation, la hiérarchie des filières et des disciplines… et fait de l’excellence la norme commune". De fait, "trop d’élèves auraient donc le sentiment de n’être jamais dignes de ce que l’on attend d’eux, et perdraient toute confiance et estime d’eux-mêmes".

L’école face aux primaires - Juppé, Fillon, Le Maire : tout un programme !

"Jusqu’ici, l’école était le domaine réservé des socialistes", rappelle de son côté l’Express. Mais aujourd’hui, ça change. Seuls 26% des profs sont prêts à voter Hollande, selon un sondage Ifop… et donc la Droite s’empare de l’école. "Avec 840 000 enseignants 13 millions d’élèves qui veillent au grain, l’école constitue un passage obligé pour un candidat à l’élection suprême, même si cette préoccupation n‘apparaît jamais aussi tôt". L’Express y consacre donc un papier comparatif : il y a Alain Juppé qui y consacre un livre. François Fillon et Bruno Le Maire y planchent eux aussi… "à croire que l’éducation nationale est devenue leur priorité" ! Quant à Sarko, il est "peu en pointe sur le sujet" et donc, "tous y voient un moyen de faire la différence". Les motivations semblent donc plus politiques au sens personnel que global, mais poursuivons.

Un objectif de Juppé ? "Assurer à 100% des élèves la maîtrise des fondamentaux et leur permettre à tous de sortir du système doté d’un diplôme" ! Ok. ça ressemblerait à ce qu’on appelle aujourd’hui le "collège unique" et qui existe, mais qui dans la réalité ne peut fonctionner qu’avec des limites. Par contre, on peut retenir "une mesure originale" que relève le magazine : "le recrutement de locuteur, soit du personnel dont le rôle est de parler aux enfants dans les crèches, afin d’offrir à ceux des milieux défavorisés"...

L’intention de Fillon à retenir ? "L’éducation est la priorité pour le redressement économique de la France, pour que le pays sorte de la dépression nerveuse permanente" (ce qu’il a annoncé dès avril 2014 dans Le Figaro.

La méthode Bruno Le maire à retenir ? Il veut entre autre "dynamiter le fonctionnement de l’éducation nationale" et "retirer aux syndicats la gestion des ressources humaines et des promotions". Plus musclé. Plus "effet d’annonce" aussi, peut-être.

Immobilier : "c’est le moment !"

L’Express offre par ailleurs sa couverture au sempiternel marronnier (comme on dit chez nous) : Le "spécial immobilier" ! La version "édition 2015" ! Ce qu’il faut retenir en ligne directrice, c’est que "attendre ne sert plus à rien : les prix ne vont pas s’effondrer, les taux ne peuvent que grimper" et que donc "c’est le moment !".

Les taux et les prix sont bas, il y a une possibilité de choix… tous les ingrédients sont réunis. Les bons plans, les prix, les astuces, les "crédits : sachez les négocier", les "encadrements des loyers et impôts locaux, soyez vigilants"… Le tout "avec les chiffres des notaires de France". Vous saurez tout tout tout sur l’immobilier !

Emmanuel Macron : le "vrai" ministre du Travail ? Dixit l’Express

Ça sent la rentrée aussi parce qu’on parle "travail" dans l’Express avec cette petite insolence ironique qui place en appel de couv’ Macron, comme "vrai ministre du Travail". Ah bon ? C’est lui ? c’est en fait parce qu’il "s’intéresse de très près au droit du travail". Le magazine recadre que "depuis qu’il est colocataire de Bercy, l’ex-secrétaire général adjoint de l’Elysée ne cesse de parler du marché du travail et de sa nécessaire réforme. Il en fait le cœur de sa réflexion et de son action". D’ailleurs sur le plan de sa pensée, la magazine étaie : "Pour lui, la gauche s’accroche à une vision du monde du travail datant du consensus de 1946. Ce monde là c’est fi-ni martèle le trentenaire". Et selon L’Express, on est au début de cette réflexion, aux vues de l’évolution de la société, des technologies et du marché du travail : "il est sûr que le ministre va de nouveau s’intéresser au code du travail, percuté par l’irruption des auto-entrepreneurs qui ne sont plus vraiment des salariés mais pas tout à fait des patrons".

Emmanuel Macron : quelques "épines dans le camp de la rose" cueillies par Le Point

Il s’implique peut être, mais il agace beaucoup. "Poil à gratter", Le Point insiste sur le fait "qu’au gouvernement comme au PS, il en exaspère plus d’un", mais que ça n’a "pas de quoi freiner le ministre de l’Economie. Bien au contraire". Le magazine relève donc quelques bons mots. Voici donc quelques "épines dans le camp de la rose" :

Michel Sapin : "tu es comme les escargots, tu baves tout le temps".

François Rebsamen : "Qu’il aille s’occuper d’économie".

Gérard Filoche : "Rien n’est bon dans le Macron, tout est toxique".

Stéphane Le Foll : "J’adoooore Macron".

Un secrétaire d’Etat (anonyme, donc) : "Macron n’a aucune autre légitimité que d’être le collaborateur de François Hollande. Il suffit que le Président claque des doigts pour que sa carrière s’arrête !".

Et puis, pour finir avec un parfum de rose, tout de même :

Julien Dray : "l’enjeu pour lui, maintenant c’est de passer du type brillant et du gendre idéal à un leader politique qui a de l’avenir".

Emmanuel Macron : "dépêché" par Valls au Medef et face au "Pacte de responsabilité" (version Challenges)

Emmanuel Macron qui aurait donc été "dépêché" par Manuel Valls cette année à l’université d’été du Medef, comme le formule Challenges.

Le magazine économique en profite pour rappeler qu’il y a un an, Manuel Valls déclarait "j’aime l’entreprise" après le départ la veille des "ministres Frondeurs Arnaud Montebourg et Benoît Hamon" ; "C’était l’heure de la grande clarification sociale-libérale" explique Challenges. Un an plus tard, la petite musique est différente et les rôles autrement répartis : "le Premier ministre doit aussi ménager ceux qui, dans sa majorité contestent le pacte de responsabilité et les allégements de charge"… D’où cette question que pose le mag éco autour de la croissance:  "Les patrons y croient toujours ?". Une réponse à retenir dans leurs colonnes. Celle de Pierre Gattaz du MEDEF : "Au-delà de certaines postures politiciennes, je n’imagine pas que l’on puisse remettre en cause ce pacte, que ce soit dans un montant ou dans son calendrier", confie-t-il, « ce serait catastrophique pour la confiance des entrepreneurs qui est l’élément essentiel de la reprise ».

La croissance : comment apprendre à vivre sans (mais pas sans richesse) !

La croissance, fait la Une de l’Obs cette semaine, avec pour illustration le visage de l’économiste Daniel Cohen… La proposition du journal est surtout d’apprendre à "vivre sans Croissance" et de "comprendre l’économie d’aujourd’hui". Daniel Cohen l’affirme : "le monde est devenu trop petit" ; "la société industrielle reposait sur la perspective d’une croissance perpétuelle" mais le titre de son livre "Le monde est clos et le désir infini", prouve bien que ce temps est révolu. "Je ne me convertis pas à la décroissance, je la constate", assure-t-il avant d’expliquer : "au 17ème siècle, l’Univers est brutalement apparu trop grand pour l’Homme. Aujourd’hui, nous découvrons la clôture du monde que nous occupons", "on est donc confronté à la finitude du monde".

Et ce qui est particulièrement intéressant, c’est cela : "c’est surtout l’idée de progrès telle qu’on l’a associée jusqu’à présent à la croissance économique qui doit être repensée", "La question n’est pas d’être riche ou pauvre mais de s’élever socialement"… Or aujourd’hui, "ce n’est pas la richesse qui est la finalité de notre société, c’est la croissance, c’est-à-dire l’augmentation perpétuelle de la richesse".

Kisskissbank, Drivy, Oui-car, VizEat : "La révolution du capitalisme" par les "Cocos"(conso collaborative)

Penser autrement le capitalisme… Le Point le fait à sa façon, peut être plus pratique, mais le constat est bien là :  La révolution du capitalisme est en route. D’ailleurs le magazine offre sa Une à cette "uber-économie qui fait exploser tous les repères : les grands groupes, la fiscalité, le travail… enquête sur le nouveau monde".

"Au départ" nous explique le Point, il y a les dîners de "CoCos"… comprendre les l’abréviation de "consommation collaborative". Autour de la table, on trouve des dirigeants de Kisskissbank, Drivy, Oui-car, VizEat… des plateformes technologiques, "de l’intelligence dématérialisée". "Elles viennent révolutionner nos habitudes de consommation et chatouiller les grands du capitalisme (…).Toutes ces nouvelles entreprises nées il y a moins de dix ans, déboulent décomplexées, froissant parfois la réglementation, s’affranchissant souvent des circuits traditionnels".

Si le mouvement est largement engagé et la mutation en marche, le journal pose les choses à leur place : "Le marché est toutefois encore une niche. Selon une étude du cabinet d’audit PwC, ces nouveaux acteurs ont généré au niveau mondial 15 milliards de dollars de chiffre d’affaire en 2013, soit autant qu’un poids moyen du Cac 40 comme Solvay".

Jeremy Corbyn en Angleterre : fin de la gauche champagne ?

"Entre la gauche champagne et la gauche cinglée, les ponts sont rompus", remarque-t-on dans L’Express. Jeremy Corbyn fait l’effet d’une bombe : "ce candidat d’extrême-gauche, vétéran des luttes syndicales, devrait être désigné le 12 septembre à la tête du Parti travailliste", recadre le magazine sous un titre peu engageant "Calamity Corbyn" !

Selon l’hebdo, "son ascension annonce la mort (provisoire ?) du New Labour, cette formulation socio-libérale inventée par une bande de quadra ambitieux au mitan des années 1990 qui a permis a Tony Blair de sortir son parti de 20 ans d’opposition"… mais aujourd’hui, fin de la partie ? "Corbyn se pose très exactement en réactionnaire" et ne "promet rien de moins que d’effacer la parenthèse thatchérienne, de mettre fin aux politiques d’austérité, de contraindre la Banque d’Angleterre à financer des logements sociaux, d’augmenter les salaires, d’accroître les impôts sur les plus hauts revenus". La gauche de la gauche semble avancer à grand pas !

Mélenchon : "Hollande ne se représentera pas" !

Et chez nous ? "On ne peut pas dire que le moral soit au beau fixe à la gauche de la gauche européenne, entre la gueule de bois grecque après l’espoir referendum, les mauvais scores de Podemos dans les sondages et la France, les chamailleries entre les partenaires du Front de gauche à trois mois des régionales". Les inrockuptibles y répondent cette semaine à leur manière avec Mélenchon en couverture. Il pose comme (en copié-collé de) la Joconde, version femme à barbe, et annonce "Hollande ne se représentera pas" ! Pour sûr que si on était tenté de se fier à son intuition en général, ce genre de phrase d’accroche peut aider à décrocher. Bref, allons plus loin dans le long entretien : "François hollande n’a pas de culture du rapport de force mais de son évitement. C’est une irréal-politik puérile. Cela passe tant qu’on ne vous vise pas. Mais la France est visée. Il est temps de se réveiller", déclare Jean-Luc Mélenchon.

Et quelle va être la force de la gauche de la gauche en France selon lui ?

"Je trouve la trace d’une autre politique de gauche dans l’énormité de l’abstention. Le peuple a divorcé de toutes les institutions qui sont censées le représenter (…) Je reste persuadé que nous pouvons arriver à la tête du pays et qu’il ne s’agit pas d’une démarche si gigantesque que ça".

Arnaud Montebourg : "un présidentiable en puissance" ?

Les Inrocks offrent après cela une plus petite place (mais tout de même engageante) à Arnaud Montebourg. "Le retour du recours", titrent-ils. "Varoufakis, c’est le Montebourg de Tsipras" s’amusait (paraît-il) il y a quelques semaines François hollande en petit comité. Et bien cette semaine Varoufakis était invité à la fête de la rose par Montebourg : "this is Frangy"!

Le magazine pousse l’analyse : "En retrait de la vie politique depuis un an et toujours plus isolé au sein du Parti socialiste, Arnaud Montebourg s’exprime avec parcimonie. Une prise de recul qui pourrait en faire un présidentiable en puissance", avant de détailler plus loin, "éloigné de la politique depuis 2014, l’ancien ministre de l’Economie montre qu’il n’a rien perdu de sa faconde ni de son sens de la mise en scène".

Limonov : Poutine soutient ses idées !

Et la dissidence en Russie, comment se porte-t-elle ? L’Obs interviewe cette semaine Limonov, cet opposant à Poutine, dirigeant du parti "l’Autre Russie" qui a connu une grande popularité mondiale à la suite du livre biographique que lui a consacré Emmanuel Carrère l’an passé. Et bien aujourd’hui Limonov-l’écrivain publie un nouveau roman politique et donne un entretien radical sur l’idéologie du régime, tout en soutenant l’annexion de la Crimée.

Remarque du journaliste de l’Obs :

Vous ne faites pas preuve de beaucoup de modestie. C’est un concept bourgeois la modestie ?

"Ce n’est pas ça. C’est peut-être mon âge (…) Vous les occidentaux vous exagérez l’importance de Poutine. J’ai formulé depuis plus de 25 ans d’idéologie. Je ne soutiens pas Poutine, c’est une idiotie de dire ça, mais il a utilisé une partie de mes idées. Ce n’est pas moi qui soutiens Poutine mais lui qui soutient mes idées !"

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