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Catalogne : le « bon » nationalisme identitaire ?
©Reuters

"Lepénisme de progrès"

Une région prospère se propose, au nom de son « identité nationale », de contribuer à la dislocation d’un pays en se séparant des « pouilleux du sud » avec lesquels elle est forcée d’être solidaire. Est-ce vraiment si admirable ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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J’ai toujours trouvé mystérieuse la sympathie spontanée de certains progressistes pour la cause catalane. Qu’une région prospère décide, au nom de spécificités culturelles et historiques qui, à y bien regarder, sont celles de la quasi totalité des régions européennes, de contribuer à la dislocation d’un État démocratique en coupant les ponts avec les pouilleux du sud devrait pourtant leur faire au moins hausser un sourcil dubitatif. A fortiori dans un contexte où le nationalisme passe souvent pour le pire des péchés.

De fait, on voit mal ce qui distingue l’indépendantisme catalan du séparatisme de la Ligue du Nord en Italie, par exemple, tant les problématiques sont similaires. Mais voilà : les Catalans contemporains, parce qu’ils sont supposés être les héritiers de la lutte contre le franquisme, bénéficient d’un a priori favorable quand les « Padaniens », parce qu’ils ne déguisent pas leur égoïsme mesquin en combat anti-impérialiste, sont renvoyés à leur « fascisme ».

L’Espagne est sans doute, de tous les pays européens, celui qui respecte le plus les particularismes de ses régions, leur accordant des compétences fiscales, économiques et juridiques dont leurs homologues françaises ne peuvent que rêver. Ce n’est pas à Madrid que l’on déciderait de supprimer la taxe d’habitation de Barcelone ou de Séville, bouleversant les équilibres budgétaires locaux et plaçant les exécutifs municipaux sous tutelle...

D’une certaine manière, la manière dont ce pays est passé, depuis 1978, d’un centralisme castrateur à une « dévolution » presque totale, devrait servir d’exemple au reste de l’Europe et singulièrement à la France. Et c’est même cette approche mesurée et équilibrée qui devrait inspirer les « modernes », plutôt que le repli identitaire pour lequel militent les indépendantistes catalans.

C’est sûr, la réaction de Mariano Rajoy qui, en confisquant les bulletins de vote et en envoyant la troupe, n’est pas des plus subtiles et donne surtout du grain à moudre à ceux qui nous le vendent comme une réincarnation de Franco. Pour autant, on voit mal ce que serait une stratégie raisonnable pour un président confronté à une telle menace de désintégration (what next ? Le pays Basque ? La Galice ? Les Canaries ?).

Au bout du bout, la volonté des Catalans, ou du moins d’une partie d’entre eux, est bel et bien de construire un mur trumpien sur ses frontières et d’arrêter de casquer pour des « flemmards » qui ne parlent pas la même langue et ne dansent pas la sardane de la même manière. Pas littéralement le « J’aime mieux mes filles que mes cousines » d’un borgne bien de chez nous, mais pas loin... On a connu progressisme plus progressiste.

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