Cadavre de la loi Macron : pourquoi un pays (comme la France) où l'arrivée des autobus est présentée comme une réforme majeure est un pays dont l'économie va très mal<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
"Les autobus sont tout ce qu’il restera de la loi Macron".
"Les autobus sont tout ce qu’il restera de la loi Macron".
©

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

Voir la bio »

La dernière décision de la Federal Reserve américaine, qui a laissé la semaine dernière ses taux inchangés, montre bien qu’elle n’a pas une grande confiance dans la croissance économique mondiale de ces prochains mois. Le ralentissement en Chine se traduira malheureusement par une baisse de la croissance et des échanges.

Pour le moment, le monde est confronté à une reprise atypique, pour laquelle les politiques et encore moins les banquiers centraux n’ont de solution pour cesser de retirer leur soutien à l’économie. La Fed pratique des taux zéro depuis sept ans. Le dernier relèvement s’est produit il y a neuf ans, en 2006.

Tous les investisseurs ont bien compris qu’une remontée des taux américains profiterait d’abord au dollar US, ce qui pèsera encore plus sur la compétitivité des produits américains. Toutes les sociétés qui ont beaucoup emprunté en dollars et les pays trop endettés vont avoir beaucoup de mal à se réadapter à un niveau de taux "normal", autour de 3%. On ne peut pas faire fonctionner l’économie mondiale en manipulant en permanence les taux et les changes. Quand tous les prix sont faux, beaucoup d’entreprises gaspillent du capital et de nombreux Etats ne font pas les réformes qu’ils devraient faire.

La vague politique radicale bouscule la gauche de gouvernement  partout. Jeremy Corbyn au Royaume-Uni est désormais à la tête du Parti travailliste et reprend les programmes de son parti datant des années 70 (nationalisations, désarmement nucléaire, prise de distances avec l’UE…), Pablo Iglesias, en Espagne, est le patron de Podemos et bien évidemment Alexis Tsipras, en Grèce, vient de remporter les élections. Manuel Valls de son côté ne sera pas en mesure de présenter aux prochaines élections régionales des listes unies de la gauche. Même aux Etats-Unis, on voit apparaître maintenant Bernie Sanders, qui s’est autoproclamé "socialiste du Vermont" !

Troisième dégradation de la note de la France depuis 2012

Un pays qui présente l’ouverture de lignes d’autobus pour désenclaver son territoire comme une réforme majeure est un pays qui va mal. Le gouvernement recule sur toutes les réformes qui étaient prévues, notamment le travail du dimanche, les 35 heures, le Code du travail… Les autobus sont donc tout ce qu’il restera de la loi Macron car, comme l’écrit l’agence de notation Moody’s dans sa dernière note sur la France, "les contraintes institutionnelles et politiques" empêchent toute réforme importante.

La dette souveraine de la France a donc été dégradée d’un cran par Moody’s. C’est la troisième fois que l’événement se produit depuis 2012. Il s’agit bien d’une sanction contre les choix économiques pris par le gouvernement français depuis trois ans.

Tout cela n’est pas grave, nous dit-on, car le consentement des Français à l’impôt est réel. Dans la réalité, le redressement de l’industrie se fait attendre. Le bâtiment continue à perdre massivement des emplois. On construira en France autour de 344 000 logements contre les 500 000 qui étaient prévus par François Hollande ! Grâce essentiellement à Madame Cécile Duflot, ex-ministre de l'Égalité des territoires et du Logement, l’activité du secteur s’est contactée de 20%, les faillites d’entreprises continuent à augmenter. Toutes celles qui ne peuvent pas aller chercher des contrats à l’étranger subissent la crise de plein fouet. Un grand bravo !

L’investissement des entreprises va connaître un vrai rebond, nous explique-t-on. Le décalage d’un trimestre des baisses de charge pour les PME et les TPE ne changera rien, selon le gouvernement, aux décisions des entrepreneurs et la politique de compétitivité (CICE et Pacte de responsabilité) va porter ses fruits ! Tout ce discours permet à Bercy de maintenir sa prévision de croissance à 1,5% pour l’année prochaine. En attendant, Michel Sapin racle les fonds de tiroir. Il faut encore trouver au moins 600M€ d’économies pour boucler le budget 2016.

Un des signes les plus tristes du manque de confiance généré par cette politique d’improvisation permanente, c’est que même "les réfugiés/ immigrés/ migrants/ opportunistes" qui traversent en ce moment la Méditerranée rêvent d'Allemagne, de Suède ou de Royaume-Uni, mais pas vraiment de France, rebutés par le chômage, la bureaucratie et les squats insalubres…

Pour patienter, les liquidités sont une classe d’actif attractive

En Europe, l’économie s’améliore de façon graduelle, mais l’euro a déjà repris 8% face au billet vert par rapport à son plus bas de l’année. On n’a jamais créé de valeur en injectant de la monnaie. Cela comme on le voit ne fonctionne pas, mais la Bce, qui rachète déjà 60Md€ par mois d’obligations souveraines et de titres privés, devrait passer à 80Md€.

L’Allemagne, qui avait déjà pris le leadership économique et financier de l’Europe, devait faire des progrès politiques pour échapper à son image de "dictature de l’austérité". Elle a cru qu’elle pouvait devenir enfin "une bonne Allemagne" en manifestant beaucoup de générosité en matière d’immigration. Là encore, la réalité l’a rattrapée en l’obligeant à contrôler ses frontières et à revenir sur Schengen.

Augmenter le niveau de liquidités dans son portefeuille n’est pas une mauvaise idée. Continuez à regarder les quatre économies dans lesquelles la croissance continuera d’être supérieure à l’économie générale. Ce sont l’économie de la démographie, l’économie de la connaissance, l’économie verte et l’économie de la sécurité.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !