Bulle ou pas …que peut-il se passer désormais en Chine?<!-- --> | Atlantico.fr
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L’effondrement des bourses chinoises inquiète.
L’effondrement des bourses chinoises inquiète.
©Reuters

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L’effondrement des bourses chinoises inquiète : 4000 milliards de dollars de capitalisation se sont volatilisés. Certains parlent même d’une explosion de la bulle chinoise. C'est grave, docteur?

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Il n'y a pas que la Grèce. Alors que la zone euro négocie fermement, l’autre événement de la semaine a eu lieu en Chine : l’effondrement des bourses chinoises inquiète finalement tout le monde, 4000 Milliards de dollars de capitalisation se sont volatilisés. Certains parlent même d’une explosion de la bulle chinoise. A notre avis, nous n’en sommes pas là, soyons clairs : l’explosion d’une bulle se traduit par une baisse en panique de l’ordre de 80 à 90% il reste du chemin... En Chine, la baisse est limitée pour le moment à une vingtaine de pourcent. Comme souvent, beaucoup relativisent cette baisse en analysant les performances sur une durée plus longue, effectivement sur 1 an la performance du marché Chinois est encore positive de 75%. Cet argument est largement infondé : en effet les particuliers chinois sont entrés récemment et eux n’ont pas ce recul sur les performances…ils ont acheté au plus haut et n’ont donc vu que la baisse ! Très peu d’investisseurs ont réellement profité des 75% évoqués.

Cette correction boursière est en fait à mettre sur le compte de la politique économique chinoise qui a atteint ses limites. Depuis 2009, les autorités chinoises ont soutenu la croissance grâce à des plans successifs destinés à favoriser la construction, les transports et les infrastructures. Depuis quelques mois les indicateurs d’investissement se dégradent dès que l’Etat Chinois ralenti ses programmes.  Afin d’avoir quand même une augmentation du pouvoir d’achat des particuliers, la Chine a largement incité les ménages à investir en bourse en empruntant au besoin.

Funeste erreur : les marchés se sont envolés et leurs performances n’ont plus eu grand-chose à voir avec la progression de l’économie. Cela ne pouvait pas durer. Le retour sur terre est douloureux.

La logique de la Chine étant d’enclencher une spirale vertueuse : investissements, effet richesse, consommation…la forte baisse de la bourse ne peut pas rester sans conséquences pour la Chine et in fine pour l’ensemble de l’économie mondiale. Les Chinois ont réagi finalement très rapidement et ont pris un ensemble de mesure pour arrêter la spirale baissière qui s’est emparé des marchés depuis la mi-juin : des mesures déjà appliquées par tous les pays du monde confrontés aux mêmes situations comme l’injection de liquidités, des interdictions de vendre aux entités d’états…d’autres mesures étaient moins orthodoxes comme par exemple mettre en prison les intervenants procédant à des ventes "mal intentionnées". Sans qu’il soit possible de savoir ce qui a été le plus déterminant dans les raisons de la stabilisation, les marchés ont rebondi depuis deux jours…

Que peut-il se passer désormais ?

Solution la plus positive : le calme revient sur les marchés, l’économie chinoise traverse la période de ralentissement sans dégradation majeure et réussi à atteindre son objectif de 6.8-7% de croissance en 2015.

Conséquence : les autres économies asiatiques reprennent progressivement des couleurs, les marchés actions de la région ont au moins une performance équivalente à celles des pays développés. Le marché des devises revient au calme. Dans ce cas de figure, un rebond des matières premières est envisageable, ce qui serait bon pour l’ensemble des pays émergents.

Cette hypothèse n’est pas la plus probable selon nous.

Solution médiane qui a selon nous le plus de chances de se réaliser : les autorités chinoises sont finalement sous pression, non plus des marchés, mais de l’économie et sont contraintes d’accroitre de plus en plus au fil des mois les plans d’aides et de soutien via injection de liquidités ou  programme d’investissement. La Chine s’appuyant sur des réserves très importantes (environ 3500 milliards de dollars) peut s’engager sur des montants gigantesques. Elle peut aussi continuer de baisser progressivement ses taux courts et surtout baisser le niveau des taux de réserves obligatoires des banques ce qui permet une relance du crédit. Dans ce contexte les niveaux de marché actuels (actions en Asie, change, matières premières) s’équilibrent à peu près … les autres économies ne souffrent pas trop de la mollesse de l’économie chinoise : portées par leur dynamique domestique, les actions zone Euro et américaines sont à privilégier.

Le scénario noir : l’économie chinoise ralentit plus fortement qu’attendu malgré les plans de relance. La Chine souhaitant absolument éviter une récession se lance à son tour dans un système de "Quantitative Easing" comme les Etats-Unis, le Japon et récemment la Zone Euro. Le but de l’opération est de faire baisser la devise chinoise et regagner en compétitivité.

Agissant en deux temps, en pesant sur l’économie mondiale, dans un premier temps, et en pénalisant le commerce extérieur de tous leurs partenaires dans un second temps, la Chine créerait de nombreux problèmes :

  • Les pays émergents (surtout en Asie) et le Japon seraient très impactés 
  • L’Europe qui commence très doucement à sortir la tête de l’eau serait perturbée. Les actions européennes les plus sensibles à la Chine  souffrirait beaucoup, au moins dans un premier temps ; quelques exemple : Airbus (12% du chiffre d’affaires) Safran (17% du CA) Peugeot (20-25% du CA) Hermès ou LVMH (29% du CA en Asie)
  • Un choc sur les devises serait également à redouter avec toutes les implications négatives que cela entraînent sur les échanges commerciaux.

Dans ce contexte seule une réduction massive du risque des portefeuilles permettrait de limiter les impacts potentiels d’une situation de ce type.

Nous sommes clairement dans la voie moyenne mais compte tenu des risques du troisième scénario nous  scrutons avec la plus grande attention la politique des autorités chinoises.

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