Abaya, jilbeb, burqa, tchador, niqab, burkini... Ah que reviennent les temps heureux du bon vieux débat sur le "foulard" !<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Abaya, jilbeb, burqa, tchador, niqab, burkini... Ah que reviennent les temps heureux du bon vieux débat sur le "foulard" !
©

Les échos de la mode

Tout bien considéré, le bon vieux débat sur le "foulard" de la fin des années 80 était bien sympathique. On en deviendrait presque nostalgique.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

Je me disais tout à l'heure, en voyant venir vers moi une femme en voile intégral tenant par la main sa copie conforme miniature de huit ou neuf ans, que je regrettais le bon vieux débat sur le "foulard".

C'est qu'elle était presque bon enfant, finalement, cette querelle à la Clochemerle de la fin des années 80. Les pour et les contre se montaient déjà le bourrichon dans des médias qui n'étaient pas encore en ligne, mais on pouvait ne pas prendre trop au sérieux le délire d'une poignée d'ados qui, une génération plus tôt, auraient peut-être fait de la provoc au bahut avec une crête de punk. Et on pouvait même rappeler, pour dédramatiser, qu'une Gauloise convenable ne serait jamais sortie "en cheveux" dans les années cinquante...

On était en terrain connu, quoi.

Désormais, tout est changé. On ne discute plus de la nature éventuellement "ostentatoire" d'un bandana multicolore qui couvrirait ou pas le lobe de l'oreille, on apprend plutôt à faire la différence entre une abaya, un jilbeb, une burqa, un tchador ou un niqab comme on pouvait autrefois distinguer une blouse d'un chemisier (personnellement, je n'ai jamais vraiment su). Et à la plage, on fait l'expérience du burkini dans ses deux registres : le près du corps et l'autre, plus couvrant (pour ne pas dire plus "flottant" et se noyer dans le calembour).

Les ados rebelles se sont adjointes des femmes d'âge mûr et des minottes du primaire, ont sophistiqué leur discours, se sont recentrées sur la gamme de couleurs de la Ford T et sont devenues aussi omniprésentes que les Renault Clio. Je connais des quartiers de Paris ou de Marseille où elles sont d'ailleurs plus nombreuses que les voilées type années 80, pour ne rien dire des débauchées se baladant tête nue.

Spontanément, en bon libéral, je n'ai pas beaucoup de sympathie pour les interdictions de s'habiller comme on l'entend. Je veux pouvoir ironiser sur l’inconfort grotesque d'une nana qui se promène recouverte d'une toile de tente en pleine canicule sans me voir passer les menottes par la "Thought Police" pour islamophobie, mais je ne me sens certainement pas le droit de lui dicter ses choix vestimentaires.

Je veux aussi pouvoir rappeler, toujours sans risquer l'arrestation, qu'il faut être un sophiste de classe olympique pour prétendre que cet accessoire est autre chose qu'un symbole d'asservissement de la femme et d'intimidation des musulmanes lambda, mais ça ne m'amène toujours pas à en exiger la prohibition.

N'empêche, qu'il était sympa le temps du débat sur cette poignée de punkettes en foulard. Prions (argh !) d'ailleurs pour ne pas en arriver un jour à avoir de la nostalgie pour le débat sur la burqa... Ah, Il y a des jours, on s'en voudrait presque de ne pas être un gros plouc réac et liberticide !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !