<div>Six jours apr&egrave;s la rupture du "contrat du si&egrave;cle" entre la France et l'Australie sur la vente de sous-marins, Emmanuel Macron et Joe Biden vont s'entretenir ce mercredi 22 septembre.</div>
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<div dir="ltr" data-setdir="false">&nbsp;La rupture du contrat est intervenu suite au nouveau pacte de d&eacute;fense "Aukus" entre l'Australie, les &Eacute;tats-Unis et le Royaume-Uni pour faire face &agrave; la Chine.&nbsp;</div>
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<div>Lundi, le pr&eacute;sident am&eacute;ricain s'est dit "impatient" de s'entretenir avec Emmanuel Macron.&nbsp;</div>
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<div dir="ltr" data-setdir="false">Cet &eacute;change devrait donc permettre d'apaiser les tensions entre Paris et Washington.&nbsp;</div>
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<div dir="ltr" data-setdir="false">Joe Biden, qui a sollicit&eacute; cet entretien, veut "faire part de son d&eacute;sir de travailler &eacute;troitement avec la France dans la zone indo-pacifique et sur la sc&egrave;ne internationale", selon un haut responsable am&eacute;ricain.</div>
<div>&nbsp;</div>
<div dir="ltr" data-setdir="false">Joe Biden et Emmanuel Macron vont donc avoir une discussion t&eacute;l&eacute;phonique. L'horaire n'a pas &eacute;t&eacute; communiqu&eacute;. Ce dialogue sera "un &eacute;change de clarification" pour "clarifier &agrave; la fois les conditions dans lesquelles cette annonce a &eacute;t&eacute; d&eacute;cid&eacute;e et clarifier aussi les conditions d'un r&eacute;engagement am&eacute;ricain dans une relation d'alli&eacute;s", selon les pr&eacute;cisions de Gabriel Attal &agrave; l'issue du Conseil des ministres.</div>

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Crise des sous-marins : Emmanuel Macron va s'entretenir avec Joe Biden ce mercredi 22 septembre

Australie : retour au réel

« L’Amérique est de retour » : petites questions piquantes sur le slogan de Joe Biden pour l’Assemblée générale des Nations-Unies 

<p>La rupture par l&rsquo;Australie du contrat pr&eacute;voyant l&rsquo;achat de douze sous-marins fournis par l&rsquo;industriel fran&ccedil;ais Naval Group est d&rsquo;abord un &eacute;chec&nbsp;cinglant pour Emmanuel Macron.</p>
<p>Le meilleur projet industriel &ndash; dans un secteur strat&eacute;gique &ndash; ne peut &ecirc;tre vendu sans un soutien pr&eacute;sidentiel massif.</p>
<p>Ou ce dossier majeur a &eacute;t&eacute; trait&eacute; avec dilettantisme (ce qui n&rsquo;est pas le genre de Jean-Yves Le Drian), ou notre influence g&eacute;ostrat&eacute;gique dans le Pacifique-sud a &eacute;t&eacute; pulv&eacute;ris&eacute;e.</p>
<p>Pour un pr&eacute;sident aussi atlantiste, c&rsquo;est une double humiliation.</p>
<p>C&rsquo;est aussi une catastrophe industrielle pour le leader europ&eacute;en des sous-marins&nbsp;: 34 milliards d&rsquo;euros sur les 56 de l&rsquo;op&eacute;ration globale sur 15 ans, c&rsquo;&eacute;tait un enjeu historique pour un groupe pesant seulement 3,5 milliards de chiffre d&rsquo;affaires.</p>
<p>Dur retour &agrave; la r&eacute;alit&eacute; pour le pr&eacute;sident fran&ccedil;ais&nbsp;! La le&ccedil;on est claire&nbsp;: quand leurs int&eacute;r&ecirc;ts sont en jeu &ndash; en l&rsquo;esp&egrave;ce la comp&eacute;tition avec la Chine dans le Pacifique &ndash; les Am&eacute;ricains n&rsquo;ont pas d&rsquo;amis, pas d&rsquo;alli&eacute;s.</p>
<p>Leur d&eacute;part d&rsquo;Afghanistan, dans des conditions pr&eacute;cipit&eacute;es, comme cette affaire, devraient ouvrir les yeux sur ce &laquo;&nbsp;partenaire particulier&nbsp;&raquo;. L&rsquo;Australie devient ainsi une base am&eacute;ricaine d&rsquo;o&ugrave; le groupe europ&eacute;en Eurocopter avait &eacute;t&eacute; expuls&eacute; l&rsquo;an dernier quand les h&eacute;licopt&egrave;res de combats Apache avaient &eacute;t&eacute; choisis au d&eacute;triment du Tigre.</p>
<p>Avec un certain cynisme, les &Eacute;tats-Unis choisissent comme alli&eacute; industriel les Britanniques qui ont, pourtant, depuis longtemps, perdu dans ce segment d&rsquo;activit&eacute; beaucoup de leurs comp&eacute;tences techniques&nbsp;: quand on n&rsquo;exporte pas, ou peu, et que le march&eacute; domestique n&rsquo;est pas suffisant (comme aux &Eacute;tats-Unis, en Chine et en Russie), on n&rsquo;entretient plus ses savoir-faire.</p>
<p>L&rsquo;&eacute;chec d&rsquo;Emmanuel Macron s&rsquo;observe aussi en Europe et traduit son isolement.</p>
<p>En trois ans, les Polonais ont achet&eacute; plus de 10 milliards d&rsquo;euros&nbsp;d&rsquo;armement, dont cinq pour acqu&eacute;rir 32 avions de combat F35 produits par <em>Lockheed Martin</em>, et vont consacrer &agrave; leur d&eacute;fense d&rsquo;ici 2034, 133 milliards d&rsquo;euros.</p>
<p>Venu &agrave; Varsovie l&rsquo;an dernier pour promouvoir le char du futur, Emmanuel Macron a du souci &agrave; se faire, d&rsquo;autant que le groupe allemand TKMS, qui a vendu ses sous-marins &agrave; la Norv&egrave;ge, est &agrave; la man&oelig;uvre pour rafler le march&eacute; hollandais qui nous &eacute;tait promis.</p>
<p>Notre capacit&eacute; d&rsquo;influence a &eacute;t&eacute; mise &agrave; mal &eacute;galement dans le plan de relance europ&eacute;en&nbsp;: sur les 750 milliards d&rsquo;euros, la France qui per&ccedil;oit 10 milliards de moins qu&rsquo;elle ne verse &agrave; l&rsquo;Union, n&rsquo;en touche que 40 quand l&rsquo;Italie en re&ccedil;oit 240&nbsp;!</p>
<p>Il est vrai que l&rsquo;Italie a re&ccedil;u un soutien sans &eacute;quivoque de l&rsquo;Allemagne qui en a fait un de ses sous-traitants majeurs de l&rsquo;industrie automobile.</p>
<p>M&ecirc;me constat pour le traitement de notre industrie nucl&eacute;aire&nbsp;: la France est, gr&acirc;ce &agrave; cette &eacute;nergie d&eacute;carbon&eacute;e &agrave; 95&nbsp;%, le meilleur &eacute;l&egrave;ve de la classe europ&eacute;enne et l&rsquo;Allemagne le pire depuis que Mme Merkel a abandonn&eacute;, pour amadouer les Verts, cette fili&egrave;re d&rsquo;excellence qui ne serait pas &eacute;ligible aux obligations vertes et donc au plan de relance&nbsp;!</p>
<p>L&rsquo;affaire australienne n&rsquo;est peut-&ecirc;tre pas termin&eacute;e&nbsp;: car si les Australiens, sous l&rsquo;injonction am&eacute;ricaine, choisissent la propulsion nucl&eacute;aire pour leurs sous-marins, il reste &agrave; la France la solution de leur vendre nos Barracudas, deux ou trois fois moins chers que les sous-marins am&eacute;ricains&nbsp;!</p>
<p>La succession des &eacute;checs internationaux d&rsquo;Emmanuel Macron ouvre la perspective pour son successeur d&rsquo;une diplomatie de nos int&eacute;r&ecirc;ts, r&eacute;aliste, et donc &agrave; g&eacute;om&eacute;trie variable. Cela signifie, pour r&eacute;sumer, d&rsquo;en finir avec cette fascination pour l&rsquo;&laquo;&nbsp;ami&nbsp;&raquo; am&eacute;ricain et cette romantique mais illusoire &laquo;&nbsp;souverainet&eacute; europ&eacute;enne&nbsp;&raquo;.</p>
<p>Que l&rsquo;on se souvienne, &agrave; cet &eacute;gard, que le gouvernement a choisi de construire des clouds faussement souverains&nbsp;sur la base de technologies am&eacute;ricaines sous licence et non en s&rsquo;adossant aux PME europ&eacute;ennes, nous pla&ccedil;ant sous le risque permanent d&rsquo;interception de nos donn&eacute;es en application du <em>Foreign Intelligence Surveillance Act</em> (FISA) auquel sont soumis les logiciels am&eacute;ricains&nbsp;!</p>
<p>La France est le seul pays d&rsquo;Europe o&ugrave; la question de la souverainet&eacute; &ndash; autre mot de la libert&eacute; &ndash; est r&eacute;guli&egrave;rement soulev&eacute;e.</p>
<p>Ce n&rsquo;est pas un hasard dans le pays de Jehan Bodin, son concepteur, c&rsquo;est le r&eacute;sultat de notre histoire singuli&egrave;re et ce n&rsquo;est pas non plus un hasard si, dans le domaine de l&rsquo;immigration, l&rsquo;ancien et talentueux n&eacute;gociateur du Brexit, Michel Barnier, plaide la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une souverainet&eacute; juridique.</p>
<p>Si l&rsquo;on ne veut pas devenir de simples sous-traitants d&rsquo;un continent qui se refuse &agrave; devenir une puissance politique, il serait bon de tirer les le&ccedil;ons de l&rsquo;aventure australienne. Au moins, l&rsquo;an prochain.</p>
<p>Bernard CARAYON</p>
<p>Ancien d&eacute;put&eacute; du Tarn</p>
<p>Avocat au barreau de Paris</p>
<p>Maire de Lavaur</p>
<p>&nbsp;</p>
<h3><a href="https://www.atlantico.fr/article/decryptage/seule-au-monde-la-france-face-au-vertige-de-son-destin-geopolitique-australie-contrat-sous-marin-hexagone-emmanuel-macron-union-europeenne-international-europe-etats-unis-barthelemy-courmont-gaspard-schnitzler" target="_blank" rel="noopener">A lire aussi : Seule au monde ? La France face au vertige de son destin g&eacute;opolitique</a></h3>

Contrat rompu

Australie : retour au réel sous-marin contrat Etats-Unis Chine France échec Emmanuel Macron défense Asie Pacifique Bernard Carayon

<h3>Atlantico : &laquo; L&rsquo;Am&eacute;rique est de retour &raquo; &eacute;tait le slogan de Joe Biden. Alors que le pr&eacute;sident sera &agrave; la tribune de l&rsquo;ONU, &agrave; quel point les critiques des derni&egrave;res semaines sur la frappe de drone ayant tu&eacute; des civils &agrave; Kaboul ou la brouille avec la France concernant les sous-marins vont-ils nuire &agrave; son discours ?</h3>
<div><strong>Emmanuel Dupuy : </strong>Je crois au contraire que cela ne va pas lui nuire mais que cela lui sert. Bien &eacute;videmment, la frappe de drone est un malheureux accident. Toutefois, le Pr&eacute;sident am&eacute;ricain confirme qu'il est bel et bien le Pr&eacute;sident de 335 millions d'Am&eacute;ricains. Il est avant tout le Pr&eacute;sident des Etats-Unis, cela se fait &agrave; nos d&eacute;pens malheureusement et &agrave; ceux du reste du monde qui ont eu tendance &agrave; l'oublier. Ce dernier arrive renforc&eacute; par sa capacit&eacute; &agrave; d&eacute;fendre avant tout les int&eacute;r&ecirc;ts de ses concitoyens, notamment vis-&agrave;-vis de l' activisme diplomatique et militaire chinois comme son pr&eacute;d&eacute;cesseur Donald Trump s'y &eacute;tait engag&eacute; &eacute;galement.</div>
<div>&nbsp;&nbsp;</div>
<div>Il ne faut pas minorer l'&eacute;chec patent du d&eacute;sengagement am&eacute;ricain de l'Afghanistan. Mais cela reste dans la continuit&eacute; dans ce que les Am&eacute;ricains avaient n&eacute;goci&eacute; de longue date : une passation du pouvoir avec les Afghans. Les Am&eacute;ricains font ce qu'ils avaient donc dit : ils ram&egrave;nent les soldats am&eacute;ricains sur leur sol, et cela sera vrai en janvier prochain aussi en ce qui concerne les 2000 soldats am&eacute;ricains encore pr&eacute;sent sur le territoire de l'Irak. Le Pr&eacute;sident Biden rappelle que les Am&eacute;ricains sont de nouveau sur la sc&egrave;ne internationale, avec un rapprochement singulier par le truchement d'une alliance strat&eacute;gique reconsolid&eacute;e avec le Royaume-Uni. Les Britanniques r&eacute;affirment d'ailleurs par l&agrave; &eacute;galement leur attrait pour le "grand large". Cela conforte aussi leurs positions &eacute;conomiques dans une zone qu'ils affectionnent dans la mesure o&ugrave; de nombreux pays dans l'Asie Pacifique sont d'anciennes colonies britanniques. Il faut se rappeler que le premier accord de libre-&eacute;change post-Brexit a &eacute;t&eacute; sign&eacute; entre le Japon et la Grande-Bretagne en janvier 2021.&nbsp;</div>
<div>&nbsp;</div>
<div dir="ltr" data-setdir="false">C'est pour cela qu'il ne faut pas s'&eacute;tonner de cet accord r&eacute;cent entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis et l'Australie, sans que l'Union europ&eacute;enne n'ait &eacute;t&eacute; associ&eacute;e, ni inform&eacute;e. Ce sur quoi la pr&eacute;sidente de la Commission europ&eacute;enne, Ursula von der Leyen, a raison de s'offusquer dans la mesure o&ugrave; les Etats-Unis appellent l'Europe &agrave; se tenir &agrave; ses c&ocirc;t&eacute;s dans sa politique de containment de la Chine, tout en la tenant &eacute;loign&eacute;e de ses desseins et de ses logiques d'alliance dans le Pacifique et dans l'oc&eacute;an Inden. C'est un agenda am&eacute;ricain qui s'impose et trouve une r&eacute;alit&eacute; renforc&eacute;e dans la zone indo-pacifique.</div>
<h3>Est-ce que la France et l'Europe ont &eacute;t&eacute; na&iuml;fs de croire que &laquo; America is back &raquo; signifiait un retour &agrave; une alliance avec l'Europe ?</h3>
<div><strong>Emmanuel Dupuy :</strong> L'Union europ&eacute;enne n'a pas compris que si les Etats-Unis &eacute;taient de retour, ils ne l'&eacute;taient pas en Europe ! Les Etats-Unis sont de retour mais dans le cadre du "Pivot to Asia" lanc&eacute; en 2011, dans la lign&eacute;e de la politique de Barack Obama caract&eacute;ris&eacute;e par des investissements massifs autour de la mer de Chine, entrepris par Donald Trump, &agrave; savoir US Pacific Deterrence Initiative (USPDI), qui vise &agrave; investir plus de 27 milliards de dollars &agrave; l'horizon 2027. L'objectif de ce programme &eacute;tait l'installation de missiles balistiques au Japon et en Cor&eacute;e du Sud afin de contrer la politique de plus en plus offensive de la Chine.</div>
<div>&nbsp;</div>
<div>Les Europ&eacute;ens ont sous-estim&eacute; la proportion du d&eacute;sengagement des Etats-Unis de la politique europ&eacute;enne dans le cadre de ce pivot vers l'Asie. On focalise beaucoup sur la situation fran&ccedil;aise et les pertes qu'elles engendrent (56 milliards d'euros de contrats perdus), mais nos partenaires europ&eacute;ens sont encore plus victimes que nous. L'on pense en particulier aux pays limitrophes de la Russie (Pologne, Finlande et pays baltes) qui auraient de s&eacute;rieuses raisons de croire que les Etats-Unis ne se battront pas pour les d&eacute;fendre, en cas d'offensive russe ou de guerre hybride men&eacute;e par Moscou. De ce point de vue, l'absence d'autonomie strat&eacute;gique europ&eacute;enne est dramatiquement visible. L'Union europ&eacute;enne n'a pas vu que par leur repositionnement, strat&eacute;gique, les Etats-Unis invitaient l'Union europ&eacute;enne &agrave; combler un vide s&eacute;curitaire. D'ailleurs, cela n'a pas &eacute;chapp&eacute; au secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral de l'OTAN, Jens Stoltenberg, qui a rappel&eacute; le caract&egrave;re hypertrophi&eacute; du co&ucirc;t de la s&eacute;curit&eacute;, assur&eacute; par 80 % de pays non europ&eacute;ens (Etats-Unis, Canada, Norv&egrave;ge, Islande). Il y a l&agrave; une na&iuml;vet&eacute; de croire que la n&eacute;cessit&eacute; d'une autonomie strat&eacute;gique de l'Union europ&eacute;enne ne pourrait &ecirc;tre que verbale.</div>
<div>&nbsp;</div>
<div>Il faut ajouter que la question de l'armement de l'Australie se m&eacute;lange &agrave; l'accord de libre &eacute;change qui est en discussion depuis 2015. il ne faut pas oublier que la France se r&eacute;serve la possibilit&eacute; de ne pas ratifier l'accord de libre-&eacute;change avec les Etats-Unis comme le Parlement fran&ccedil;ais a refus&eacute; de le faire. C'est &eacute;galement vrai vis-&agrave;-vis de l'Australie et de la Nouvelle-Z&eacute;lande malgr&eacute; l'avanc&eacute;e de la n&eacute;gociation sur l'accord de libre &eacute;change avec ces deux pays.&nbsp;</div>
<div>&nbsp;</div>
<div>Le danger serait d'&ecirc;tre pris au pi&egrave;ge d'un nouvel accord de libre-&eacute;change d&eacute;s&eacute;quilibr&eacute; en plus d avoir eu a subir "un &eacute;chec strat&eacute;gique". avec le report de la commande de sous-marins.&nbsp;</div>
<h3>N'y-a-t-il pas une continuit&eacute; r&eacute;elle entre Joe Biden et Donald Trump ?</h3>
<div><strong>Emmanuel Dupuy :</strong> Il y a une continuit&eacute; sur un autre dossier &eacute;galement. A aucun moment les Etats-Unis n'ont remis en cause les accords les plus embl&eacute;matiques de la pr&eacute;sidence de Trump. On pense aux accords d'Abraham, ou encore le statu quo sur la reconnaissance de la "marocanit&eacute;" du Sahara. Il en va de m&ecirc;me en ce qui concerne les n&eacute;gociations avec l'Iran.</div>
<div>&nbsp;</div>
<div>Tout cela se fait bien-s&ucirc;r dans la continuit&eacute; la plus importante qui vise la Chine : les Etats-Unis veulent que la "parit&eacute; strat&eacute;gique" &agrave; laquelle aspirent les Chinois ne se fasse pas &agrave; leurs d&eacute;pens, et cela quoi qu'il en co&ucirc;te. C'est l&agrave; que r&eacute;side le hiatus entre les diff&eacute;rentes diplomaties locales et la perception strat&eacute;gique am&eacute;ricaine. Si pour contenir la Chine, cela se fait aux d&eacute;pens des partenaires europ&eacute;ens, cela se fera aussi aux d&eacute;pens des Europ&eacute;ens. Ce que visent les Am&eacute;ricains, ce sont des alli&eacute;s align&eacute;s avec leurs agendas de containment de la Chine, c'est le cas de l'Australie, du Japon, du Royaume-Uni et de l' Inde r&eacute;unis dans le cadre du dialogue quadrilat&eacute;ral (QUAD).</div>
<h3>Pour les alli&eacute;s europ&eacute;ens des Etats-Unis, on pense &agrave; la France et l'Allemagne, est-ce qu'il faut se faire &agrave; l'id&eacute;e que les Etats-Unis ne seront jamais de retour en Europe ?</h3>
<div dir="ltr" data-setdir="false"><strong>Emmanuel Dupuy :</strong> Je pense que la question doit se faire au regard de l'engagement des soldats am&eacute;ricains : 65 000 en Europe (34 000 en Allemagne, 12 000 en Italie, 9 000 en Grande-Bretagne) contre 87 000 en Asie (54 000 au Japon, 26 000 en Cor&eacute;e du Sud et 1 000 en Australie) et 190 000 dans le monde (110 pays). L'investissement am&eacute;ricain est beaucoup plus important en Asie qu'il ne l'est en Europe. Cet &eacute;quilibre convient parfaitement aux Am&eacute;ricains et il va probablement &ecirc;tre confort&eacute; par l'agenda australien. Les craintes en Australie renforcent cela : 42% des Australiens jugent possible voire probable que la Chine attaque leur pays. Ce qui est pour l'instant peu probable de mon point de vue. Mais ces craintes sont &eacute;galement renforc&eacute;es par l'Inde qui cherche aussi &agrave; contrer l'influence chinoise dans son voisinage (Asie centrale et zone indo-pacifique). La Chine pousse ses pions dans un rapprochement in&eacute;dit, oriental : on l'a ainsi vu &agrave; travers l'int&eacute;gration de l'Iran dans l&rsquo;Organisation de coop&eacute;ration de Shanghai, il y a quelques jours lors du sommet de Douchanb&eacute;. Il est en train de se cr&eacute;er un conglom&eacute;rat oriental avec un agenda concurrent de celui des Etats-Unis. C'est face &agrave; ce risque et apr&egrave;s l'&eacute;chec afghan que les Etats-Unis souhaitent se repositionner dans la zone Asie pacifique.</div>
<div dir="ltr" data-setdir="false">&nbsp;</div>
<div>Ce repositionnement ne se fait pas sans heurts. Par exemple, la Nouvelle-Z&eacute;lande et sa Premi&egrave;re ministre Jacinda Ardern go&ucirc;te tr&egrave;s peu que la prolif&eacute;ration nucl&eacute;aire reprenne dans la r&eacute;gion. Joe Biden a &eacute;t&eacute; tr&egrave;s clair avec Scott Morrison : en ayant privil&eacute;gi&eacute; les huit sous-marins am&eacute;ricains &agrave; propulsion nucl&eacute;aire plut&ocirc;t que les douze sous-marins fran&ccedil;ais &agrave; propulsion diesel, il remet en cause non seulement les accords de non-prolif&eacute;ration -&nbsp; mais &eacute;galement le trait&eacute; de Rarotonga de 1985 au sujet de l'exemption d'arme de destruction dans la zone du Pacifique sud. Les Am&eacute;ricains sont ainsi pris &agrave; leur propre pi&egrave;ge une nouvelle fois : ils invitent les Europ&eacute;ens &agrave; lutter contre la prolif&eacute;ration nucl&eacute;aire lorsque cela concerne l'Iran, mais ils &oelig;uvrent en m&ecirc;me temps &agrave; un d&eacute;s&eacute;quilibre strat&eacute;gique en donnant &agrave; l'Australie une capacit&eacute; de propulsion nucl&eacute;aire, et en r&eacute;introduisant une course &agrave; l'armement dans la r&eacute;gion indo-pacifique. La Cor&eacute;e du Nord, la Chine, et l'Iran ont pu ainsi d&eacute;noncer ais&eacute;ment, le fait qu'avec cette d&eacute;cision, l'&eacute;quilibre des puissances est en train de rebasculer vers cette course effr&eacute;n&eacute;e &agrave; l'armement. Les Etats-Unis sont en v&eacute;rit&eacute; particuli&egrave;rement inquiets depuis l'&eacute;t&eacute; dernier du fait qu'il y a d&eacute;sormais plus de navires militaires qu'il n'y en a d'am&eacute;ricains (350 navires militaires chinois pour 293 navires am&eacute;ricains).</div>
<div>&nbsp;</div>
<div>De plus, les Etats-Unis comprennent que c'est en mettant en avant le danger que constitue la Chine que l'on peut nouer des partenariats solides. De ce point de vue, l'isolement de la France est particuli&egrave;rement singulier, non pas que le pays ait un grief particulier face &agrave; la Chine, mais le rapport de l'IRSEM, sorti ce 20 septembre 2021, mentionne clairement que l'Europe est un peu le "cheval de Troie" de la strat&eacute;gie d'influence chinoise. C'est notamment le cas, en Nouvelle-Cal&eacute;donie, avec le soutien de la Chine &agrave; des mouvements ind&eacute;pendantistes est patent, avec des vell&eacute;it&eacute;s &eacute;vidente de r&eacute;cup&eacute;ration des mati&egrave;res premi&egrave;res que rec&egrave;le l'&icirc;le, notamment le nickel. Ces faits pourraient conforter &eacute;videmment l'id&eacute;e que nous sommes bien un partenaire strat&eacute;gique dans la r&eacute;gion pacifique, ou demeurent 1,6 millions de fran&ccedil;ais et qui correspond &agrave; trois quart des 11,5 millions de kilom&egrave;tres carr&eacute;s de notre zone &eacute;conomique exclusive (ZEE). C'est donc bel et bien une occasion rat&eacute;e de la part des Etats-Unis de nous avoir mis hors-jeu sans aucune forme de concertation.</div>
<h3>Que peuvent attendre les Fran&ccedil;ais et les Europ&eacute;ens des Etats-Unis ?</h3>
<div><strong>Emmanuel Dupuy :</strong> Il n'y a pas d'agenda commun. A force d'inciter l'Union europ&eacute;enne &agrave; prendre son "autonomie strat&eacute;gique", il faut prendre au s&eacute;rieux les Etats-Unis et poser la question, par exemple, de la l&eacute;gitimit&eacute; de l'Alliance Atlantique. 80% du financement de l'OTAN est, en effet, financ&eacute; par les Etats-Unis, l'Islande, la Norv&egrave;ge et le Canada. En parall&egrave;le, il faut tenir compte de a l'hypertrophie des d&eacute;penses militaires am&eacute;ricaines : 613 milliards d'euros contre 186 milliards d'euros pour les 27 pays de l'Union europ&eacute;enne. Cela signifie aussi que les Etats-Unis assurent &agrave; eux seuls pr&egrave;s de 40% des d&eacute;penses militaires mondiales. Il y a ainsi&nbsp; une obligation d'un r&eacute;&eacute;quilibrage urgent si nous ne souhaitons pas que l'Union europ&eacute;enne ne soit le pion ou ne se contente d'&ecirc;tre que le th&eacute;&acirc;tre de confrontations, soit avec la Russie ou avec la Chine.</div>

Diplomatie

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Atlantico Rédaction

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