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La Wallonie française, c’est possible !
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Groß Frankreich

300 jours sans gouvernement depuis samedi 9 avril. Nous ne sommes pas en Irak, mais en Belgique ! Existe-t-elle seulement encore, ou ne s'agit-il plus que d'une fédération technique ? Pour le journaliste Eric Brunet, il est en tout cas temps de songer à ouvrir les portes de la République Française aux Wallons, s'ils le demandent...

Eric Brunet

Eric Brunet

Eric Brunet est l'auteur de l'Obsession gaulliste aux éditions Albin Michel (2017). Il présente Radio Brunet tous les jours sur RMC de 13 heures à 15 heures

Il a par ailleurs publié Etre de droite, un tabou français (Albin Michel, 2006) et Dans la tête d’un réac (Nil, 2010).

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Le 6 avril dernier, en Belgique, les indépendantistes flamands ont réclamé l’arrêt de l’apprentissage du français dans la moitié néerlandophone du pays. Argument invoqué par le puissant NVA : « le français est une langue insignifiante qui n’est comprise que par 3% de la population mondiale ».

Cet hiver, c’est la Poste qui annonçait la flamandisation de sa dénomination officielle. Désormais on dit Bpost… Des petites humiliations, dont nos cousins francophones wallons sont désormais coutumiers.

La Flandre prépare son indépendance ? La Belgique va disparaître ? Jusqu’ici, les 4 millions de Wallons passaient pour l’ultime rempart du royaume face aux velléités d’indépendance des 6 millions de flamands. Aujourd’hui, ils commencent à se rebiffer en affichant  leurs penchants pour la France : selon un sondage Ifop, 49 % d’entre eux se laisseraient séduire par le «rattachement» si la rupture de la Belgique devait être consommée après 180 années d’existence.

Après Mayotte, la Wallonie ?

Concrètement, le projet réunioniste propose une union progressive de la Wallonie et de Bruxelles à la France, conformément aux principes de la Vè République : La République offre aux territoires qui manifestent la volonté d’y adhérer des institutions nouvelles fondées sur l’idéal commun de liberté, d’égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocratique. La Wallonie ferait ainsi partie intégrante de la République en tant que 27e région de France, et garderait Namur comme capitale. Elle serait composée de 5 départements, correspondants aux cinq provinces wallonnes actuelles. En importance économique, elle se classerait au 5e rang français. Cette situation aurait l’avantage de rééquilibrer l’axe franco-allemand et rapprocherait la France des Pays-Bas.

La Wallonie française ? L’idée n’est pas nouvelle : en 1792, les Pays-Bas autrichiens et la principauté de Liège sont envahis par les troupes révolutionnaires françaises. Durant cette première occupation, un plébiscite au suffrage universel est organisé et la population vote en faveur de la réunion du Pays de Liège à la France. En 1793, les autorités françaises décident de réunir le comté de Hainaut et le Tournaisis en un nouveau département français : le département de Jemmapes. Il n’y a rien d’autoritaire dans cette affaire puisque la population a voté en faveur de ce projet. De nombreux révolutionnaires belges, comme Surlet de Chokier, se laisseront convaincre par le réunionisme estimant que la Belgique indépendante serait impuissante face aux grandes puissances.

Le lien commun entre les Wallons et les Français : la culture

A l’époque, la presse Belge soutient largement le projet de rattachement. Quatre journaux défendent des positions réunionistes : Le Journal de Verviers, Le Journal de la province de Liège, L’Industrie de Liège et L’Éclaireur de Mons. Le 18 novembre 1830, au Congrès national, les réunionistes ne peuvent s’opposer au vote à en faveur de l’indépendance de la Belgique. Ils envisagent alors des solutions de repli et lancent l’idée d’offrir la couronne du royaume de Belgique à Louis-Philippe. Mais le Congrès rejette cette idée. Ils soutiennent alors la candidature du duc de Nemours, fils du Roi des français, au trône de Belgique. Le 3 février 1831, le duc de Nemours est élu roi des Belges. Mais cette fois, c’est Louis-Philippe, craignant une guerre européenne dans laquelle la France serait isolée, qui refuse la couronne pour son fils. Ce refus décevra fortement les réunionistes.

Aujourd’hui, dans une Belgique clivée, privée de gouvernement, l’idée rattachiste fait un retour en force. Selon Paul-Henry Gendebien, Président du Rassemblement Wallon Français : « les Wallons ne désirent pas se constituer en nation parce que la France reste leur patrie intellectuelle, leur source d’inspiration politique et idéologique. Le lien commun entre tous les Wallons, entre les Wallons et les Bruxellois, c’est justement la culture française.  »

37 % du chiffre d'affaires wallon est "français"

Universitaires, parlementaires et même certains ministres seraient aujourd’hui sensibles à des départements wallons intégrés à la France. Le monde économique y est prêt : les filiales de groupes français réalisent déjà 37 % du chiffre d’affaires des cent plus grosses entreprises de Wallonie. Les groupes belges ne font que 24 %…

« L’union avec l’Hexagone, sujet longtemps sulfureux, n’apparaît plus tout à fait comme une blague », écrivait récemment le politologue Pascal Delwit. Le RWF colle partout ses affichettes en détournant la devise du royaume : «Avec la France, l’union fera la force». À l’image de Paul-Henry Gendebien, les francophiles soulignent une longue proximité culturelle, judiciaire et administrative, héritage de la Révolution française, de Napoléon et des idéaux fondateurs du royaume.

Béatrice Delvaux, rédactrice en chef du quotidien bruxellois Le Soir, observe : « La France ? Franchement, j’en ai toujours douté. Mais il y a dix ans, je n’aurais jamais parié sur l’accession au pouvoir d’un parti séparatiste; il y a trois ans, je n’aurais jamais imaginé que Fortis puisse être au bord de la faillite ; et il y a un an, je n’aurais jamais cru qu’on aurait pu imaginer l’hypothèse de l’éclatement de la zone euro. Alors… »

Alors, peut-être faudrait-il un coup de pouce de l’histoire. Sans pour autant invoquer le « Vive le Québec libre », prononcé par le Général  De Gaulle en 1967, on pourrait suggérer au Président de la République de tendre la main à nos cousins Wallons, et de proposer, enfin, aux cinq départements français de Belgique, de rejoindre notre République Française.

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