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Vous voyez leurs affichettes dans les vitrines : qui se cache derrière le mouvement des Sacrifiés de la TVA ?
©Reuters

Jacquerie

Après les pigeons et les poussins, le mouvement des Sacrifiés fait parler de lui. C'est le cri d'alarme de commerçants qui se considèrent asphyxiés par l'augmentation des impôts.

Hubert Landier

Hubert Landier

Hubert Landier est expert indépendant, vice-président de l’Institut international de l’audit social et professeur émérite à l’Académie du travail et de relations sociales (Moscou).

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Atlantico : La pétition sur "les sacrifiés" a dépassé les 80 000 signatures et des autocollants marqué "sacrifié" fleurissent sur les devantures des petits commerces. Qui sont ceux qui rejoignent cette cause, et peut-on réellement parler de "mouvement" ?

Hubert Landier : La campagne d’affichage "sacrifiés mais pas résignés" a été lancée à l’initiative de l’UPA, l’Union professionnelle des artisans. Son président, Jean-Pierre Crouzet, avait affirmé dans le courant du mois d’octobre qu’elle prendrait une initiative, mais qu’il ne s’agirait pas de manifestations de rue. Ce que les artisans et les commerçant reprochent au gouvernement, c’est l’augmentation des impôts et des taxes qui les frappent, qui finissent par les asphyxier. Ce sont des gens qui travaillent souvent beaucoup ; et ils sont nombreux à penser que la vie est de plus en plus difficile pour eux ; ils ont le sentiment d’avoir à affronter des contraintes de plus en plus fortes et la question des impôts a fini par faire déborder le vase.

En quoi leurs motivations les distinguent-elles des autres mouvements de contestation ? Alors qu'ils défendent en premier lieu leur intérêt, ont-ils par ailleurs une spécificité particulière, ou est-ce un mouvement "comme les autres" ?

Le mouvement des "pigeons" a constitué une réaction de patrons de start up qui s’est propagée d’une façon extrêmement rapide par le moyen d’Internet et des réseaux sociaux. Ce n’est ensuite que les organisations représentatives se sont à leur tour mobilisées. Le mouvement des "bonnets rouges", de son côté, représente une espèce de jacquerie où se retrouvent des activistes venus d’horizons variés, et qui expriment un mouvement de ras-le-bol qui s’est cristallisé autour de l’affaire de l’éco-taxe. Dans le cas des "sacrifiés", au contraire, il s’agit d’une campagne classique, solidement encadrée par une organisation qui veut se faire entendre en vue de défendre les intérêts de ses membres.

Ce mouvement, né d'une pétition, a-t-il une chance de se structurer et de déboucher sur une vraie organisation ? A-t-il les caractéristiques nécessaires pour durer dans le temps et peser ?

Ce mouvement n’a pas à se structurer parce qu’il l’est déjà. L’UPA, qui se trouve à son origine, est une organisation représentative, au même titre que le MEDEF et la CGPME, qui participe régulièrement aux négociations avec les confédérations représentatives des salariés et avec les pouvoirs publics. Cette démonstration de force lui aura permis de se manifester et de faire en sorte que les catégories qu’elle représente puissent se faire entendre, ceci dans le but d’obtenir ensuite du gouvernement des mesures dans un sens qui leur soit favorable.

Entre les "pigeons", les "tondus" et les "sacrifiés", ce sont plusieurs mouvement assez spontanés de personnes peu habituées à la mobilisation qui émergent. Comment analysez-vous ce phénomène ? Sur quoi peut-il accoucher à moyen terme ?  

Ce qu’il y a de commun aux uns et aux autres, c’est le sentiment que la pression fiscale est de plus en plus forte, que les contraintes légales et administratives sont de plus en plus étouffantes, que l’on a de plus en plus de mal à s’en tirer et que ça ne peut pas continuer comme ça. Il s’agit pour l’instant de réactions limitées à certaines catégories professionnelles. Le risque, pour le gouvernement, c’est celui de "la convergence des luttes" en un mouvement plus général qui déboucherait sur une crie sociale et politique. Il lui fallait donc essayer de calmer le jeu et c’est ce qu’il a fait avec son projet de réforme fiscale. Ira-t-il jusqu’au bout, c’est une autre question.

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