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Vous avez aimé les "jeunes" ? Vous adorerez les "supporters algériens"
©Reuters

Du foot et des mots

Le Mondial a provoqué chez nous une révolution sémantique. Une avancée dont la langue française ne peut que se féliciter.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Auparavant on disait les "jeunes". Une espèce dûment cataloguée et étudiée par de nombreux et savants experts. Les "jeunes" se caractérisaient par leur mode d'habitation : des cités HLM. Nombre d'entre eux se livraient à des exercices qui leur étaient propres : le trafic de drogue, le caillassage des policiers et des pompiers, des fêtes urbaines qualifiées d'émeutes par des esprits malveillants. Et pour rite initiatique de passage à l'âge adulte, des séjours plus ou moins longs à Fleury-Merogis.

Depuis quelques jours les "jeunes" ont, le Mondial aidant, cédé la place aux "supporters algériens". Entre eux beaucoup de similitudes. Les lieux de résidence, le caillassage des policiers et des pompiers. Et un goût identique pour les fêtes urbaines. On pourrait presque penser qu'il s'agit des mêmes. Pas du tout car il y a aussi des "supporters marocains" et des "supporters tunisiens" qui les soirs quand jouait l'Algérie, ne participaient pas à la fête. Reste que les "jeunes" ont disparu des médias, les commentateurs ne parlant plus que des "supporters algériens". C'est sans doute ce qu'on appelle la glorieuse incertitude du sport. Mais l'expression "supporters algériens", aussi sympathique soit-elle, n'est pas sans inconvénients. Car elle permet de désigner assez crûment des "jeunes" qui jusqu'à maintenant souffraient d'un accablant anonymat. A l'exception de quelques uns comme Mohammed Merah et Medhi Nemmouche.

Ceux des "supporters algériens" qui se comportent comme ont l'habitude de le faire les "jeunes" bénéficient de l'excuse de minorité. Non pas qu'ils soient mineurs : la plupart d'entre eux ont plus de dix-huit ans. Il s'agit de tout autre chose. En effet, dès qu'on relate certains de leurs hauts faits il est rigoureusement interdit de ne pas écrire que " seule une minorité de supporters algériens y a participé". Mais quand il s'agit des supporters agités du PSG, de l'OM ou de Bastia, cette mention est jugée totalement superflue.

Maintenant que l'Algérie a été éliminée par l'Allemagne il va falloir tristement revenir au train-train précédent. Au revoir les "supporters algériens" ! Bonjour les "jeunes" ! Et la plus triste sera certainement Aurélie Filippetti qui, commentant les manifestations de ces derniers jours, a estimé " que nous avions tous un peu d'Algérie en nous". Nous voulons croire que la ministre de la culture ne manquera pas de demander aux "jeunes" ou aux "supporters algériens" " s'ils ont un peu de France en eux".

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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