Voilà pourquoi il est urgent que les banques centrales relèvent leur cible d’inflation <!-- --> | Atlantico.fr
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Une vue de la Banque centrale européenne.
Une vue de la Banque centrale européenne.
©DANIEL ROLAND / AFP

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La BCE a relevé ses taux de manière importante ce jeudi au mépris des risques de récession qu’elle fait courir à l’Europe. Une mesure plus efficace serait peut être qu’elle change ses cibles.

Joseph Gagnon

Joseph Gagnon

Joseph E. Gagnon, chercheur principal depuis septembre 2009, a été directeur associé, au sein de la Division des affaires monétaires (2008-2009) au Federal Reserve Board des États-Unis. Auparavant, il a travaillé au Conseil de la Réserve fédérale américaine en tant que directeur associé, Division des finances internationales (1999–2008) et économiste principal (1987–1990 et 1991–97). Il a également travaillé au Département du Trésor des États-Unis (1994-1995 et 1997-1999) et a enseigné à la Haas School of Business de l'Université de Californie à Berkeley (1990-1991).

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Atlantico : Dans une récente chronique pour le PIEE (Peterson Institute for International Economics), vous préconisez que "Pour maintenir le chômage à un niveau bas, les banques centrales devraient prévoir de relever leur objectif d'inflation". Pourquoi ? Comment conseillez-vous exactement aux banques centrales d'agir ? Quel devrait être l'objectif d'inflation ? 

Joseph E. Gagnon : Je préconise un objectif d'inflation légèrement plus élevé, de 3 %. La plupart des gens ne remarqueraient pas de différence d'inflation entre les anciens 2 % et les nouveaux 3 %. Certains économistes préconisent un objectif de 4 %, ce qui, à mon avis, est mieux que 2 %, mais il y a un risque que les gens ordinaires commencent à remarquer et à détester un changement aussi important.

Un objectif d'inflation plus élevé est utile à deux égards. Premièrement, il permet d'augmenter les taux d'intérêt et réduit le risque qu'une banque centrale reste bloquée à des taux d'intérêt directeurs de 0 %, comme c'est le cas depuis 2009 ou même avant. Deuxièmement, l'économie fonctionne mieux avec un taux d'inflation légèrement plus élevé et il est plus facile pour une banque centrale de guider le chômage vers son taux durable le plus bas.

Le relèvement de l'objectif d'inflation est-il le meilleur moyen de protéger les emplois à ce stade ? Ou la seule solution pour y parvenir ?

La plupart des banques centrales estiment que lorsque l'inflation est stable à son niveau cible, le chômage est aussi bas que possible. Un chômage plus faible entraînerait une hausse de l'inflation et un chômage plus élevé entraînerait une baisse de l'inflation. Cette conclusion est basée sur un modèle d'inflation erroné. Lorsque l'inflation est inférieure à 3 ou 4 %, un taux de chômage élevé n'a aucun effet sur l'inflation. Il incombe à la banque centrale de choisir le taux de chômage le plus bas compatible avec une inflation stable. Un seul mandat de stabilité des prix n'est pas suffisant.

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Bien sûr, à l'heure actuelle, la plupart des économies dépassent largement tout objectif d'inflation raisonnable et les banques centrales doivent maîtriser l'inflation. Mais une fois que l'inflation de base sera inférieure à 4 %, les banques centrales devraient commencer à assouplir un peu leur politique et permettre à l'inflation de se stabiliser au nouvel objectif de 3 %.

Les banques centrales disposent de l'expertise et des outils nécessaires pour parvenir à la fois à une faible inflation et à un faible taux de chômage. La politique budgétaire (impôts et dépenses publiques) peut aider, principalement lorsque les taux d'intérêt sont proches de zéro.

Pour retrouver l'article de Joseph E. Gagnon sur le site du PIEE (Peterson Institute for International Economics), cliquez ICI

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