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Vœux d'élu local pour enfin vaincre la Covid-19
©Reuters

Stratégie contre la pandémie

A l'occasion de cette nouvelle année, Jean-François Vigier, Maire de Bures-sur-Yvette dans l'Essonne et Président du Groupe UDI à la Région Ile-de-France, adresse un message sur la stratégie de lutte contre la Covid-19 et présente un ensemble de mesures à l'occasion de ses voeux pour 2021.

Jean-François Vigier

Jean-François Vigier est Maire de Bures-sur-Yvette dans l'Essonne et Président du Groupe UDI à la Région Ile-de-France.

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En cette période de vœux, durant laquelle nous souhaitons à nos proches le meilleur pour 2021 ; que pouvons-nous espérer, nous les maires de France, pour nos administrés ?

Bien évidemment, nous souhaitons tous ardemment que cette année qui commence verra la disparition de cette crise sanitaire, inédite dans son intensité et dans sa brutalité.

Mais, au-delà : quelles attentes pouvons-nous formuler après une année de perte de nos repères et de nos certitudes d’élus de proximité ?

Nous qui pouvions apporter des réponses précises à beaucoup de questions que nous posaient nos concitoyens, nous sommes mis à répondre dans la plupart des cas "je ne sais pas". Que pouvons-nous bien dire à nos administrés pour les rassurer ?
Pas grand-chose de nouveau aujourd’hui plus qu’hier car nous n’en savons guère plus que lors du début de l’épidémie...

Nous pouvons bien sûr continuer à les assurer que nous sommes là, avec eux.
Nous pouvons leur réaffirmer notre rôle de veille permanente, nous préparer à aider les plus fragiles, les personnes seules qui ont tant besoin d’une présence, comme nous l’avons fait depuis le mois de mars dernier, grâce à l’appui de nos services municipaux.

Oui en 2021, nous serons plus que jamais aux côtés des Français !

Mais nous, maires et élus locaux, espérons et attendons par-dessus tout une plus grande compréhension par l’Etat de nos attentes et la prise en compte des réalités locales, différentes d’une ville à l’autre, d’un département à l’autre, d’une Région à l’autre.

Le temps d’un État bureaucratique à la gestion hyper concentrée, dénuée de sens, est aujourd'hui révolu.
Le choc sanitaire, économique, social, que nous venons de connaître en a fait la terrible et froide constatation et en apporté la preuve concrète.

Dès le début du confinement du printemps dernier, ce sont les collectivités locales, Régions en tête, qui avec le soutien logistique de proximité des communes et de leurs réseaux d’élus, ont pu approvisionner en masques les commerçants, soignants, professionnels de santé, à un moment où la pénurie de masques était une réalité, puisque l’Etat ne l’avait pas anticipé.

Les départements leurs ont emboîté le pas et bientôt les communautés de communes et d’agglomération ont déployées de nombreuses mesures pour pallier à la crise : aides aux commerces, aux entreprises, fourniture de matériels divers aux villes... tout ceci hors du cadre des compétences attribuées par l’Etat aux collectivités.

Quel est dès lors l’enjeu en 2021 pour permettre aux collectivités locales de continuer à déployer leur efficacité face à la crise ? Ne rêvons pas, le grand jour de la décentralisation n’est pas pour demain car l'on ne rayera pas d’un texte de loi plusieurs siècles d’Etat ultra-concentré.

Pour autant, deux secteurs méritent un desserrement rapide des contraintes étatiques sur les collectivités:

1- Relâcher le contrôle de l’Etat sur les finances locales.

Alors que les villes, départements et régions ont consentis d’importantes dépenses (imprévues car liées à la Covid-19) durant cette crise et ont à faire face à de non moins importantes pertes de recettes, l’Etat doit faire preuve de souplesse dans le cadre de son contrôle du vote et de l’exécution des budgets locaux.

Après tout, les gouvernements votent des budgets en déficit depuis près de 40 ans.
Pourquoi les collectivités locales seraient elles, dès lors, contraintes à l’orthodoxie budgétaire, en particulier durant cette période exceptionnelle ?

De même, la fameuse règle d’or qui empêche les grandes collectivités d’augmenter les dépenses de fonctionnement de plus de 1,5% chaque année (appelées juridiquement la contractualisation) devrait être mise au rébus pendant quelques temps. Elle est sur le principe condamnable au demeurant, dès lors que l’Etat ne se l’applique pas à lui-même.

Les collectivités s’adaptent, inventent, innovent et investissent pour répondre au mieux aux attentes de leurs concitoyens. L’Etat doit enfin accepter cette situation qu’a accentué la crise et ne peut plus se comporter comme un contrôleur de comptes publics.

2- L’indispensable décentralisation des politiques publiques de santé.

Les exemples donnés plus haut montrent à quel point un gouvernement, aussi déterminé et bien intentionné soit-il, ne peut répondre aux besoins urgents engendrés par une crise sanitaire de l’ampleur de celle que nous connaissons.

Les actions menées localement avec efficacité sur les masques et les tests démontrent amplement que les régions, départements et communes sont mieux armés pour agir vite.

D’un autre côté, les Agences Régionales de Santé (ARS), ont montré leurs limites et leur absence de préparation pour affronter la crise: manque de souplesse, d’adaptation au tissu local, à la violence de la crise, lourdeur des procédures, ont gravement entravé leur efficacité, portant au passage un coup fatal au dogme de l’égalité des territoires devant la politique de santé.

Devant ce constat, il est temps de confier la politique de santé aux régions, ainsi que le demandent Valérie Pécresse et d’autres présidents de régions.

L’exemple de la campagne de vaccination est frappant, tant le processus de sa mise en œuvre sur le territoire national n’a pas été anticipé, malgré les appels du pied au Gouvernement par la région Ile-de-France notamment, depuis ces derniers jours, par les maires.

« Amplifier, Accélérer, Simplifier »… c’est indispensable. Encore faudra-t-il s’appuyer sur
les collectivités locales peuvent préparer avec rapidité et efficacité une campagne de vaccination sur le terrain grâce à tous leurs réseaux.

En effet, cette crise a vite montré que le virus n’a pas la même intensité d’un territoire à l’autre, d’une région à l’autre.
Le transfert de la compétence santé vers les régions, en rattachant les ARS à ces dernières, leur donnerait plus d’efficacité et davantage de réactivité. Et cela, sans pour autant porter atteinte au principe d’égalité de soins sur le territoire national, puisque justement, les situations sont différentes d’une région à l’autre
La différence de traitement est au contraire un moyen de s’adapter aux réalités locales.


Face à cette urgence de décentralisation, la question n’est pas d’opposer l’Etat aux collectivités locales, mais bien d’instaurer une véritable complémentarité d’action en donnant plus de liberté aux territoires pour mettre en œuvre les politiques publiques les mieux adaptées au contexte local.

Car n’oublions jamais que c’est l’efficacité de la réponse donnée aux problèmes de vie quotidienne de nos concitoyens pour laquelle nous œuvrons qui doit guider nos choix et nos réflexions.

Voici donc les vœux que peut exprimer un élu local à l’aube d’une année où l’espoir jouera pour nous tous un rôle déterminant.
Soyons aujourd’hui rationnels dans nos actes et dans nos choix.


Jean-François VIGIER
Maire de Bures-sur-Yvette (Essonne)
Président du Groupe UDI à la Région Ile-de-France

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