Atlantico Litterati
« Vivre la nuit, rêver le jour » : Ce que nous confie Christophe, dandy esthète
« Personne ne peut expliquer vraiment qui il est ni ce qu’il aime. Il y a trop de paramètres cachés et mystérieux » dit Christophe dans ce recueil -posthume- de souvenirs qu’il allait publier quand il nous a soudain quittés (Vivre la nuit, rêver le jour aux éditons Denoël). Pourtant nous comprenons très bien ce que veut dire ce dandy esthète, Prince et grand seigneur du son contemporain et des éternités de la poésie française. Entre autres les splendeurs de la vie, de la nuit, l’amour de l’art, l’amour tout court. A lire absolument. Extraits.
Annick Geille
Annick GEILLE est écrivain, critique littéraire et journaliste. Auteure de onze romans, dont "Un amour de Sagan" -publié jusqu’en Chine- autofiction qui relate sa vie entre Françoise Sagan et Bernard Frank, elle publia un essai sur les métamorphoses des hommes après le féminisme : « Le Nouvel Homme » (Lattès). Sélectionnée Goncourt et distinguée par le prix du Premier Roman pour « Portrait d’un amour coupable » (Grasset), elle obtint ensuite le "Prix Alfred Née" de l'Académie française pour « Une femme amoureuse » (Grasset/Le Livre de Poche).
Elle fonda et dirigea vingt années durant divers hebdomadaires et mensuels pour le groupe « Hachette- Filipacchi- Media » - tels le mensuel Playboy-France, l’hebdomadaire Pariscope et « F Magazine, »- mensuel féministe racheté au groupe Servan-Schreiber, qu’Annick Geille reformula et dirigea cinq ans, aux côtés de Robert Doisneau, qui réalisait toutes les photos. Après avoir travaillé trois ans au Figaro- Littéraire aux côtés d’Angelo Rinaldi, de l’Académie Française, elle dirigea "La Sélection des meilleurs livres de la période" pour le « Magazine des Livres », qui devint Le Salon Littéraire en ligne-, tout en rédigeant chaque mois une critique littéraire pour le mensuel -papier "Service Littéraire".
Annick Geille remet depuis quelques années à Atlantico -premier quotidien en ligne de France-une chronique vouée à la littérature et à ceux qui la font : « Litterati ».
J’en ai vécu des trucs avec Roland Berger : il était barge. Il avait une tête de singe et un tic qui lui faisait toujours passer la langue sur les lèvres. Malgré ça, il sortait avec une nana, c’était une bombe. Il pouvait aussi péter les plombs en public. Un soir, à un concert de Dalida, à qui il avait donné des cours de chant, voyant qu’elle ne se lançait pas, il lui avait hurlé du premier rang de l’Olympia « Des couilles, putain, des couilles ! »
Je me souviens encore de l’endroit où j’étais lorsque je me suis entendu pour la première fois sur les ondes. Dans la rue j’ai abordé un taximan et je lui ai dit : « Il faut absolument que j’écoute « Salut les copains ». Il m’a emmené chez lui, nous nous sommes installés dans sa cuisine, il a branché un transistor à l’ancienne, un Radiola rouge. Et c’est alors que j’ai entendu Daniel Filipacchi m’annoncer, avec France Gall : « C’était poupée de cire, poupée de son » contre « Reviens Sophie ». Un grand moment. « Reviens Sophie » a malheureusement fait un bide, comme on dit dans le métier. Mais à dix-huit ans, j’avais sorti un disque et surtout, je suis resté très lié à Daniel Filipacchi.
Filipacchi, sa voix se transformait en couleur, en tableau, en envie de le croiser, il est l’homme ami qui se tait, mais qui dit tout, l’anti-modèle, l’impossible abîme. Comme moi, il aimait sa bulle. J’ai découvert son émission à quatorze ans, quand j’étais en pension à Montlhéry dans l’Essonne. Nous étions nombreux parmi les élèves à écouter la radio en cachette. Le son, la voix et le style de Daniel m’ont plus immédiatement.
Par la suite, Daniel a diffusé dans « Salut Les Copains » beaucoup de mes chansons, dont « Aline » et les Marionnettes, bien sûr. Après la période yé-yé, je l’ai recroisé en 1980 à une exposition de juke-box que j’avais organisée dans une galerie de la rue Guénégaud, dans le 6ème arrondissement. Je l’ai vu traverser la rue, il est entré et m’a pris dans ses bras, comme ça.
En 2008, je lui ai demandé de poser sa voix, et aussi ses silences sur le générique de fin de l’album Aimer ce que nous sommes. Au départ, j’étais un peu gêné, mais comme c’est un disque de sons et de vérités belles à dire et à raconter, j’ai osé. Nommer tous les gens qui ont participé au disque à la fin d’un album, ce n’est pas forcément facile, mais je savais qu’en tant que mec de radio il me donnerait, en plus de sa voix, son originalité. Il a accepté en me disant en me disant : « Ce serait un honneur pour moi … » C’était émouvant. Aujourd’hui, c’est quelque chose qui nous lie encore plus. On est comme ça. De vrais copains…
Quelques mots bleus (extrait page 199)
Tu m’auras manqué sous toutes les coutures
Celui qui n’a jamais vu la route à l’aube ne sait pas
Ce que c’est que l’espérance
Tout devient flou en te regardant dans la glace
Je perds le point mais je sens la trace parfumée de tous tes sens
Un très d’Esthète parfait, un très d’originalité
Un très de classe au son d’une musique fantastique
Ta fête dans ma tête reflète ton intelligence
Tu as le don, un très dans mon inspiration
Très belle chanson tu me fais pour une prochaine création
L’amour, j’y vais à la nage et je traverse l’océan
Copyright éditions Denoël/ Christophe/ Vivre la nuit, rêver le jour souvenirs.
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