Vieillissement arrêté sur les souris : un pas de plus vers l'immortalité ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une équipe de chercheurs a réussi à inverser le processus de vieillissement de souris.
Une équipe de chercheurs a réussi à inverser le processus de vieillissement de souris.
©Reuters

Des souris et des hommes

Les résultats d'une étude du professeur David Sinclair, généticien à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud, et, de chercheurs de Harvard sur le processus de vieillissement de souris relancent les fantasmes d'immortalité.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Une équipe de chercheurs américains et australiens a réussi à inverser le processus de vieillissement de souris. En effet, les chercheurs ont augmenté la dose d'une molécule, le nicotinamide adénine dinucléotide (NAD), permettant de rajeunir les muscles des cobayes. Pouvez-vous nous expliquer le mécanisme du NAD ? Est-il également observable chez l'humain ?

Christophe de Jaeger : Le NAD est un coenzyme qui, lorsqu'il diminue en concentration dans la mitochondrie (centrale énergétique des cellules permettant de fabriquer de l'ATP, ou adénosine triphosphate), provoque comme un manque d'oxygène chez la cellule. Le mécanisme énergétique s’altérant, la mitochondrie mime le vieillissement. En rajoutant du NAD, vous allez lui redonner sa capacité de reproduire l'énergie nécessaire. Cela équivaut à décrasser le carburateur. Une souris à qui vous donnez du NAD va améliorer le fonctionnement de ses mitochondries musculaires de façon tout à fait significative et ses performances musculaires vont s'améliorer, remimant des performances de souris plus jeunes.

Ce mécanisme est très similaire chez l'humain, avec tout de même des différences. Les gens à qui l'on donne du NAD voient leur performance musculaire s'améliorer, de même que, et surtout, leur capacité à récupérer.

Mais tous les systèmes physiologiques (par exemple, les artères ou le cerveau) ne présentent pas les mêmes besoins énergétiques que les muscles, car ils ne comportent pas autant de mitochondries : la récupération ne se fait pas du tout de la même façon.

Il existe d'autres molécules que l'on peut utiliser, à l'instar du co-enzyme Q10, qui joue sur la mitochondrie, c'est-à-dire sur l'usine énergétique de la cellule, et améliore les capacités de récupération. Mais elle ne joue pas de la même manière sur le cerveau, les artères, le pancréas, le foie, etc., parce que les cellules qui les composent n'ont pas les mêmes caractéristiques.

Cette avancée peut-elle être pour autant considérée comme un pas vers l'immortalité ?

On ne peut absolument pas parler de fontaine de Jouvence. Si on cherche dans la littérature, on peut trouver assez facilement des papiers qui ont déjà parlé du NAD il y a quinze ans.

Le processus de vieillissement est complexe parce qu'il n'est pas le même d'un individu à un autre, et varie même chez une seule et même personne en fonction de son âge. On ne peut donc pas jouer sur un processus aussi complexe avec une seule molécule. Aujourd'hui on dispose de produits avec lesquels on peut corriger de manière très personnalisée les carences qui existent et qui apparaissent chez les différents individus ; mais il ne s'agit jamais d'une molécule, sinon d'une multitude, qui sont sélectionnées en fonction des carences de chaque individu.

Les chercheurs ont annoncé réfléchir à l'application de ce rajeunissement chez l'homme. Peut-on espérer d'ici quelques années pouvoir vraiment rajeunir ?

Dans les 25-30 ans à venir on va peut-être pouvoir agir directement sur le génome et fermer cet interrupteur qui fait démarrer le vieillissement autour de 18-20 ans. Et à ce moment-là on aura une auto-réparation de notre corps. On aura atteint le stade du longévisme.

Si nous ne pouvons a priori pas lutter contre les effets du temps, peut-on au moins attendre de cette étude une amélioration de notre qualité de vie ?

On ne peut pas, à partir de cette étude, attendre d'effets sur Parkinson ou Alzheimer car ce ne sont pas les mêmes mécanismes qui entrent en jeu. Il s'agit là d'énergétique et de maladies dégénératives, pour lesquelles le processus énergétique n'est pas concerné.

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