Vers un retour de Sarkozy à l’Elysée ? Les leçons du comparatif avec Giscard 3 ans après sa défaite<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy s'est lancé à la reconquête du pouvoir.
Nicolas Sarkozy s'est lancé à la reconquête du pouvoir.
©Reuters

Bis repetita ?

Nicolas Sarkozy s'est lancé à la reconquête du pouvoir. Un ancien président s'est déjà essayé à l'exercice : Valéry Giscard d'Estaing qui après sa défaite en 1981 a tenté un retour. Sans succès. Mais l'ancien locataire de l'Elysée de 2007 à 2012 a choisi une stratégie bien différente pour parvenir à ses fins.

Xavier  Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

Aujourd’hui, il est associé du cabinet de stratégie ESL & Network.

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Philippe Goulliaud

Philippe Goulliaud

Rédacteur en chef du service politique du Figaro, il a co-écrit avec Marie-Benedicte Allaire "L'incroyable septennat" en 2002 (Fayard). 

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Atlantico : Dans quelle mesure Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy ont-ils adopté une stratégie similaire pour la reconquête du pouvoir ? Quelles sont ces stratégies ?

Xavier Chinaud : Les deux, considérant qu’ils étaient encore jeunes en sortant de l’Elysée (VGE : 55 ans Nicolas Sarkozy : 57 ans)  et qu’ils étaient  les meilleurs de leur camp, ont repris la direction de leur parti respectif avec comme objectif d’être réélu. VGE a choisit lui de reprendre rapidement le chemin des urnes dans des scrutins locaux, pas Nicolas Sarkozy et pourtant l’un comme l’autre n’ont su ou voulu prendre de la distance pendant deux ou trois ans après leur échec.

Philippe Goulliaud : Nicolas Sarkozy n'a pas du tout le même calendrier que Valéry Giscard d'Estaing, puisqu'il est revenu très vite, en prenant la tête de son parti au bout de deux ans. Valéry Giscard d'Estaing s'est inscrit dans un processus beaucoup plus long, en passant plutôt par des mandats locaux, et non pas par un parti. Et Nicolas Sarkozy a un terrain bien dégagé, là où VGE devait faire face à Raymond Barre et à Jacques Chirac, qui dirigeait le parti le plus structuré de la droite à l'époque.

En 1981, dix mois après sa défaite à la présidentielle, Valéry Giscard d’Estaing est reparti à la base en se faisant élire conseiller général du Puy de Dôme puis député, parlementaire européen et président de la région Auvergne. Nicolas Sarkozy a refusé de prendre ce chemin en revenant directement à la présidence de l'UMP. Pourquoi cet empressement ? A-t-il l'ambition qui manquait à VGE ?

Xavier Chinaud : L’empressement n’a rien à voir dans ces situations, Valéry Giscard d’Estaing a considéré que la re-légitimation par la base était une voie possible, Nicolas Sarkozy a vu que cela avait échoué chez son lointain prédécesseur et a décidé de le jouer différemment.  J’ajoute que le choix pour VGE de reprendre la présidence de l’UDF était mûri , dans le cas de l’UMP, ce sont les circonstances désastreuses de 2013 qui ont amené N. Sarkozy à faire ce choix en novembre dernier.

En terme d’ambition tant pour le pays que pour eux même, je ne vois aucune différence entre les deux, sauf peut être sur les moyens pour la satisfaire.

Philippe Goulliaud : Je pense vraiment que VGE avait cette envie chevillée au corps, mais les circonstances ne sont pas les mêmes. On oublie d'ailleurs que VGE et Nicolas Sarkozy ont été battus sur le même score, mais même si la volonté de ce dernier est importante, on oublie que Valéry Giscard d'Estaing pensait vraiment pouvoir revenir.

Tous les deux ont dû faire face à une forte concurrence d'après-défaite, jusqu'au sein même de leurs proches. Il leur a notamment fallu surmonter les obstacles placés par leurs anciens premiers ministres respectifs, Raymond Barre et François Fillon. Ont-ils en commun cette volonté de se relever dès les lendemains de défaite ? Cet instinct politique est-il encore plus marqué chez l'ex-président ?

Xavier Chinaud : Exercer la fonction présidentielle fait prendre de la hauteur, au point parfois aussi de ne plus voir avec la même acuité ses compagnons de route, La vie politique a ses règles dont celle du recommencement, les élections se suivent et le tour de la présidentielle revient avec son lot d’ambitions individuelles et de circonstances quant à la rencontre ou non d’un homme ou d’une femme avec les français. Tout deux ont considéré (pour l’un) et considère (pour l’autre) qu’il a été ou est encore le meilleur de sa famille politique pour l’emporter eu égard à son expérience passée, cela n’a pas été et n’est suffisant pour s’ imposer à d’autres candidatures qui ont aussi leur légitimité. Ce n’est pas ici une question d’instinct politique.

Comment les deux hommes se sont-ils entourés pour revenir au pouvoir ? 

Xavier Chinaud : Une garde rapprochée et l’affirmation d’avoir changé, mais vrai ou pas, cela ne suffit pas. Aujourd’hui on prépare des primaires dans l’opposition pour ne plus céder aux sondages qui dans le passé ont souvent dicté le choix des candidats… à voir.

Nicolas Sarkozy a su attendre son heure pour revenir sur le devant de la scène politique française. Cette stratégie lui donne-t-elle un avantage que VGE n'avait pas ?

Xavier Chinaud : J’ai évoqué précédemment les circonstances du retour de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UMP, ce n’était pas son calendrier, mais la volonté de contrôle et de maitrise du parti, qui comme Jacques Chirac en a démontré l’utilité dans le passé, a dicté ce choix. Attendre son heure aurait dû passer pour l’un comme pour l’autre par des années de recul, un magistère finalement reconnu et…une envie des français.

La victoire de l'alliance UMP-UDI aux dernières élections départementales lance-t-elle Nicolas Sarkozy sur le chemin du succès que n'a pas connu Valéry Giscard d’Estaing ?

Xavier Chinaud : Le contexte partisan des deux époques est très différent, VGE était président d’une UDF au coude à coude avec le RPR lui-même dirigé par son plus fidèle ennemi, N. Sarkozy est président d’une UMP sur laquelle est adossée l’UDI et dont le président sans lui faire injure, n’est pas plus aujourd’hui son ennemi que son concurrent. Le FN était bien plus faible et l’union de la gauche plus réelle.

VGE n’a pu être candidat dans son propre camp la 1ere élection suivant sa propre défaite (1988) pas plus que la 2ème (1995) et ce ne sont pas les élections intermédiaires, de 1986 et 1992 qui furent d’excellents crus pour la droite, qui ont dictées ces rendez vous présidentiels.

L’alliance de l’UMP, de l’UDI et du Modem a remporté les élections départementales, mais ne nous aveuglons pas sur les circonstances , une gauche divisée, un bilan négatif de l’exécutif et une extrême Droite au plus haut ne valent pas adhésion et ne dicteront pas d’avantage le devenir personnel du président de l’UMP. Comme l’a finement écrit récemment JL Bourlanges, c’est avec l’autorité de N. Sarkozy et la stratégie d’alliance d’A. Juppé que ce succès a été rendu possible.

Quelles leçons pourrait tirer Nicolas Sarkozy de l'expérience de VGE ?

Xavier Chinaud : Comme je l’avais écrit ici dans ces colonnes en juin 2014, Nicolas Sarkozy a longuement et peut-être comme personne analysé les présidences successives, leur "avant", leur "pendant" et leur "après". Cela lui permet de choisir d’autres voies que celles qui ont échouées dans le passé, mais n’est pour autant  pas la garantie du succès dans l’avenir.

Philippe Goulliaud : Nicolas Sarkozy les a tirées. Il essaie d'écarter les potentiels adversaires en marginalisant, ou du moins en essayant, François Fillon et Alain Juppé, ce que Valéry Giscard d'Estaing n'avait pas su faire avec Raymond Barre et Jacques Chirac. Il évite aussi de repasser par la case locale, préférant se concentrer sur la structure d'un parti pour revenir sur le devant de la scè,e itrant là aussi l'enseignement de la stratégie ratée de Valéry Giscard d'Estaing.

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