Vaccination : voilà pourquoi il ne faut pas zapper la seconde dose (même si vous avez très envie)<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Une personne se fait vacciner contre la Covid-19 en France.
Une personne se fait vacciner contre la Covid-19 en France.
©ALAIN JOCARD / AFP

Efficacité de la campagne vaccinale

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a récemment précisé les conditions dans lesquelles se déroulera la vaccination pendant l'été. Si les deux doses devront être injectées "dans le même centre", le second rendez-vous pourra être pris de six à huit semaines après le premier. Le fait de différer la seconde dose suscite de nombreuses questions pour la campagne vaccinale et pour son efficacité durant la période estivale.

Jérôme Marty

Jérôme Marty

Président de l'Union française pour une médecine libre, Jérôme Marty, est médecin généraliste et gériatre à Fronton, près de Toulouse.

Voir la bio »

Atlantico : A l'approche des vacances d'été, le sujet de la vaccination peut devenir un casse-tête pour les Français. Des "mesures dérogatoires" permettant de décaler la deuxième injection seront donc possibles. Que sait-on actuellement de l'efficacité de la vaccination à une seule dose ?

Jérôme Marty : On sait qu'elle n'est pas complète et que l'immunité due à cette vaccination incomplète a tendance, au fur et à mesure que le temps passe, à baisser. Après la première dose, l'immunité va monter jusqu'à la troisième ou quatrième semaine, avant de se mettre à baisser. La deuxième dose vient alors la relancer. Donc, plus vous reculez la deuxième injection dans le temps, plus vous faites face à une baisse de l'immunité. Le risque est de se retrouver à 60 ou 70% de protection là où vous pourriez être à 90%.

Que penser alors du fait de différer cette deuxième dose ?

Au sein du collectif Du côté de la science, nous avions plutôt proposé pour les 15 jours qui viennent, de revenir à ce qui se faisait au départ, c'est-à-dire d'avoir un intervalle entre la première et la deuxième dose de 3 à 4 semaines en fonction du vaccin. Cela permettrait de vacciner les gens avec la première dose début juin et de faire la deuxième injection début juillet, donc avant le départ en vacances. Agrandir cet intervalle, ça va à l'inverse amener les gens en plein dans la période où ils vont partir, c'est-à-dire à partir du 15 juillet.

Il y a donc un danger que la vaccination soit moins efficace ?

Ce danger vient aussi du fait que nous manquons de campagnes de santé publique. On s'imagine que les gens ont la science infuse et comprennent exactement ce qu'est un vaccin et comment il fonctionne. La seule campagne de santé publique actuelle se base sur deux publicités, dont l'une montre des rugbymen qui courent l'un vers l'autre. Cela n'apprend rien. Ça montre juste que la personne est contente car elle peut reprendre son activité après avoir été vaccinée. Et ça laisse croire que cette reprise d'activité peut se faire sans problème dès que la vaccination est faite, alors que le maximum de protection intervient deux semaines après la deuxième injection.

À Lire Aussi

Virus, bactéries et parasites : les agents itinérants des routes commerciales

Il faut que l'on sache expliquer cela. Et pour cela, on a besoin d'une vraie campagne de santé publique, très didactique et explicative.

Justement, de manière didactique et explicative, quel serait le bon comportement à adopter vis-à-vis de la vaccination ?

Le plus important est que tant que l'on n'a pas fini son cycle de vaccination, que l'on n'est pas entré dans la période de deux semaines après la deuxième dose, il faut continuer à respecter les gestes barrières. Et notamment garder le masque dans les lieux clos avec plusieurs personnes.

Ce n'est pas parce qu'on a reçu sa deuxième injection qu'il faut totalement se relâcher, notamment vis-à-vis de vos proches sauf s'ils sont vaccinés de manière complète. Il faut garder à l'esprit que vous pouvez très bien vous contaminer à la Covid dans les trois à quatre semaines qui suivent la première dose, car le système immunitaire n'est pas complètement protégé, n'a pas fabriqué assez d'anticorps. Et après la vaccination complète, vous n'atteignez les taux de protection annoncés qu'à la fin de la deuxième semaine.

Nous voyons dans nos services des gens hospitalisés ayant été contaminés une semaine ou deux semaines après avoir été vaccinés avec la première dose, du fait de leur relâchement. Le gros message à faire passer, c'est que la vaccination n'est pas un interrupteur sur lequel on appuie pour allumer ou éteindre l'immunité. La vaccination sert à fabriquer des défenses immunitaires, ce qui prend un peu de temps.

Et pour les personnes qui ont déjà été contaminées ?

Leur organisme est déjà entraîné, et la vaccination sert en quelque sorte de deuxième dose. Pour ces personnes également, il faut rester prudent au moins 10 jours après l'injection.

Connaît-on l'impact des variants sur la vaccination, notamment le variant indien ?

Fort heureusement, les vaccins paraissent efficaces contre ce variant, mais il a une contagiosité beaucoup plus grande. Il se déplace vite. C'est pour cela qu'il faut d'autant plus vacciner.

À Lire Aussi

Alerte au variant indien dans les Landes : voilà pourquoi le gouvernement ne semble pas mesurer le risque couru par la France

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !