USA : Joe Biden risque de se cogner la tête sur le plafond de la dette <!-- --> | Atlantico.fr
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Un peu comme l’arme nucléaire, la menace du plafond de dette joue un rôle de dissuasion dans la classe politique. Les démocrates, comme les républicains, ont intérêt à ne pas dépasser des limites supportables.
Un peu comme l’arme nucléaire, la menace du plafond de dette joue un rôle de dissuasion dans la classe politique. Les démocrates, comme les républicains, ont intérêt à ne pas dépasser des limites supportables.
©Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Atlantico Business

Dans quatre jours, les Etats unis auront atteint le plafond légal de la dette … les démocrates et les républicains doivent donc boucler un accord de réduction des dépenses publiques et sociales et voter la loi … Joe Biden va donc proposer un projet de compromis.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Joe Biden doit trouver une solution pour obtenir un accord avec les Républicains afin que le congrès l’autorise à dépasser le plafond de la dette.

Les Américains vont vivre cette semaine un psychodrame comme la constitution le leur impose pour éviter une faillite. Ils doivent en urgence réduire certaines dépenses publiques et sociales  si non le gouvernement fédéral sera interdit  d’emprunter de l’argent sur les marchés pour se financer.

C’est une contrainte à laquelle peu de démocraties dans le monde, se soumettent mais qui obligent  aussi aux représentants américains d’éviter tout débordements excessifs, puisqu’ils vont se retrouver dans l’impossibilité de payer leurs factures. Bref, cette disposition constitutionnelle impose aux responsables politique d’assumer la responsabilité de ce qu’ils promettent à leurs électeurs. C’est évidemment un frein légal à la démagogie

La secrétaire d’état au trésor Janet Yellen a prévenu le Congrès que sans accord au 5 juin, l’Amérique sera en défaut de paiement.

C’est une perspective qui est tellement grave que tout le monde s’attend à ce qu’un accord politique soit trouvé. Parce que tout le monde est capable d’imaginer les dégâts, en interne d’abord et sur les marches internationales ensuite, autant dire une sorte d’apocalypse financière mondiale.

Cette menace est inscrite dans la constituions américaine qui oblige le congrès à limiter la capacité d’emprunt des Etats-Unis. Cette obligation date de 1917 quand l’Amérique avait dû financer la 1ere guerre mondiale… le gouvernement et les parlementaires s’étaient alors engages à ne pas dépasser une limite à l’endettement global, sauf à demander une autorisation spéciale par un vote du congrès.

Actuellement le plafond de la dette est  fixé à 32 000 milliards de dollars,  soit 124% du produit intérieur brut, à titre de comparaison, l’endettement public de la France est également de 120%  avec toutefois un périmètre de dettes plus large qu’aux Etats-Unis qui n’incluent pas dans l’enveloppe les dettes des collectivités locales.

Mais le fait nouveau aux Etats-Unis est que les dépenses militaires (soutien à la guerre en Ukraine) et les dépenses sociales décidées par Joe Biden vont porter l’endettement global au-delà du plafond autorisé. Il faut donc que d’ici le 5 juin, le Congrès vote une loi déclarant que les dépenses exceptionnelles sont véritablement temporaires ou alors raboter de façon substantielle les programmes sociaux. Parce que le trésor n’aura pas de quoi honorer une échéance de 3 milliards à rembourser début juin, et surtout le trésor n’aura pas le droit d’emprunter à nouveau.

Le débat est évidemment politique entre les démocrates d’un côté et les républicains de l’autre. Débat tendu d’autant plus qu’on entre en période pré-électorale.

Le débat n’est certes pas nouveau, les républicains qui disposent d’une courte majorité à la chambre des représentants refusent à Joe Biden des financements demandés notamment les financements sociaux. Joe Biden est en campagne et il a fait des promesses qu’il devra tenir (promesse d’aides à l’Ukraine, promesse de justice sociale). Ceci étant, le climat économique est tellement favorable pour lui que normalement le congre trouvera un accord pour relever le plafond en expliquant que la politique economique et monétaire permettra d’apporter des recettes fiscales et de revenir dans les clous.

Cette issue favorable n’est pas certaine, mais il se trouve que dans l’histoire des Etats-Unis, l’exécutif a toujours réussi à négocier un dépassement temporaire.

En attendant, les agences de notation sont sur le pied de guerre pour dégrader la note qu’elles peuvent donner à l’Amérique, et les marchés financiers sont très fébriles depuis la semaine dernière.

Un peu comme l’arme nucléaire, la menace du plafond de dette joue un rôle de dissuasion dans la classe politique. Les démocrates, comme les républicains, ont intérêt à ne pas dépasser des limites supportables.

La mesure imposée aux Américains est beaucoup plus drastique que les accords européens prévus dans Maastricht. D’abord parce qu’il y a de la marge (sur le déficit budgétaire comme sur la dette) mais il y a aussi une solidarité entre les pays de l’union qui revient, pour les marchés à une forme de mutualisation. Ceci dit, l’histoire de l’Union européenne nous rappelle que les relations entre les pays du nord réputés frugaux et ceux du sud naturellement plus dépensiers n’ont jamais été très simples. C’est tout le charme de l’Europe : le mur de la dette n’est pas inscrit dans les constitutions mais il existe et les acteurs le connaissent bien. La BCE aussi. Les Européens s’imaginent que le mur peut être repoussé au fur et à mesure qu on s’en rapproche. C’est une illusion.

Aux Etats-Unis, on ne plaisante pas avec cette contrainte. La semaine va donc être stratégique. Le FMI a rappelé la Maison Blanche à l’ordre, la Reserve fédérale s’est énervée, et la presse économique a rappelé les rares fois où les Etats-Unis se sont retrouvés en défaut de paiement. Notamment en 1979, l’administration Carter n’avait pas été capable de rembourser des emprunts à court terme d'un montant total de 121 millions de dollars. Le système l’a payé très cher en termes de confiance.

La procédure apparait violente mais elle oblige les politiques à prendre leurs responsabilités, ce qui s’est toujours passé. A la veille de ce week-end, Joe Biden a annoncé qu’il pourrait utiliser le 14e amendement de la Constitution pour passer outre l’avis du congrès et valider  la dette publique. C’est un peu l’équivalent américains du 49.3 Français. Sauf que les présidents américains n’ont pratiquement jamais été obligés de dégainer cette arme qui reste dissuasive.  

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