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Une nouvelle République bananière : la France
©Reuters / Gonzalo Fuentes

Chienlit

Alors que le débat autour de la loi Travail prend une tournure de plus en plus conflictuelle, l'attitude de la CGT met en lumière les difficultés de la France à assumer son statut de grande puissance de nos jours.

Pierre Haas

Pierre Haas

Pierre Haas, après avoir servi comme officier dans les Forces françaises libres du Général de Gaulle, a fait carrière de 1950 à 1965 comme directeur général de Continental Grain France, puis à partir de 1963 à la Banque Paribas comme directeur des affaires financières internationales, puis président de Paribas International.

Il a été membre de nombreux conseils d’administration parmi lesquels on citera : Schneider S.A., Newmont Gold à Denver, Power Corporation du Canada et Power Financial.

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Depuis le 17 Février dernier, le gouvernement lutte pour sauver une loi, la loi El Khomri, attaquée de toute part alors que dans sa version initiale, ce projet de loi représentait une utile tentative d’établir un pont entre chômage et emploi.

Le débat en cours prouve que notre système de protection sociale, le plus achevé et le plus coûteux au monde, se révèle, à l’usage, être le vecteur de la plus sérieuse des inégalités sociales.

Celle différenciant les travailleurs bénéficiant de la sécurité de l’emploi de ceux appartenant au secteur privé où l’emploi demeure soumis aux caprices de la conjoncture économique.

Constat d’autant plus surprenant que le Parti socialiste est majoritaire depuis quatre ans à l’Assemblée nationale, que le Président a fait de la solidarité, du vivre-ensemble et du dialogue social les leitmotivs de sa mandature.

Objectifs, notamment s’agissant du dialogue social, dont l’efficacité de la mise en œuvre dépend, en dernier ressort, des syndicats.

Syndicats dont la culture, à une exception près, est adaptée à la défense de statuts et non à celle de l’emploi. Comment pourrait-il en aller autrement, 93% de leurs adhérents appartenant à la fonction publique et à ses satellites ?

De surcroît, le premier d’entre eux, par une courte tête, satellite lui-même du Parti communiste n’ayant d’autre doctrine que celle d’un marxisme centralisateur pur et dur ne peut avoir pour politique qu’une opposition systématique au patronat et au marché.

Les travailleurs du secteur privé, otages d’un marché dont la modeste croissance leur inspire déjà des craintes pour leur emploi, voient cette crainte accrue par les risques pour la croissance représentés par la grève dans les secteurs protégés comme la SNCF, la RATP, Air France, EDF et le blocage des raffineries de pétrole.

Heureusement, cet ordre de grève n’a été que sporadiquement suivi. Il n’empêche qu’il a atteint en premier lieu les travailleurs dont la paye du jour est indispensable pour nourrir les enfants le soir et dont les déplacements sont rendus difficiles, quelques fois impossibles.

Or, principalement dans les transports terrestres et aériens, un pouvoir dépourvu de toute autorité ne peut empêcher la répétition de ces mouvements d’arrêt du travail.

A l’étranger, l’impact déplorable de ce type d’action, magnifié par les médias qui en vivent, accroît la réticence de touristes qui savent la France être la cible privilégiée des terroristes. Les industriels français voient la chaîne de leurs livraisons de sous-traitants répartie à la surface du globe, retardée. Notre économie, dernière de la classe des puissances européennes, va souffrir, faisant de tous les Français des perdants d’une lutte dont le principal auteur est le point de passage obligatoire du dialogue social, dont ce constat confirme l’inanité dans le climat politique que lui-même a contribué à créer.

Les lignes précédentes rédigées le jeudi 26 mai ne pouvaient tenir compte de la plus sérieuse atteinte aux libertés publiques depuis 1945. Atteinte dont la gravité est accrue par le silence qui l’accompagne de la part de nos plus hautes autorités, des médias, des politiques et de tous ceux qui informés ne lui ont pas donné l’importance qu’elle méritait.

Comme tout le monde a pu le constater, la France a été privée hier de ses gazettes quotidiennes à l’exception d’une seule : l’Humanité.

Connaissant les gènes de radicalisation habitant depuis longtemps les ouvriers du livre, il était normal d’associer le mouvement d’hier à celui qui, de temps à autre, prive nos concitoyens de leur lecture du jour.

Or, cette explication n’est pas la bonne. Les ouvriers du livre obéissant comme d’habitude aux ordres de la CGT ont donné, cette fois-ci, à leur grève une connotation n’existant que dans les pouvoirs autocratiques les plus durs puisque les quotidiens refusant de publier le communiqué du Secrétaire Général de la CGT, Monsieur Martinez, ont vu leur publication interdite.

La liberté d’expression, et par voie de conséquence de la presse et de tous les médias, est le socle de notre République. Qu’elle ait été blessée, hier, à ce point, méritait un cri d’indignation du chef de l’Etat sur toutes les chaînes de TV. Nous n’avons rien entendu de tel.

La République est en danger.

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