Un tourbillon géant, un cœur de Lune, une aiguille "à la volée" : avec les montres de la semaine, on joue comme on aime…<!-- --> | Atlantico.fr
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Ce Giga Tourbillon signé Franck Muller va pouvoir fonctionner pendant dix jours sans être remonté grâce à son double barillet.
Ce Giga Tourbillon signé Franck Muller va pouvoir fonctionner pendant dix jours sans être remonté grâce à son double barillet.
©DR

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Et aussi : le clin d'oeil rétro de Louis Pion avec une montre de style "centenaire" le quartz intelligent de Timex et Van Cleef & Arpels aux Arts décoratifs.

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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Le clin d’œil rétro de Louis Pion

C’est la plus impertinente des marques de montres, et personne ne s’étonnera qu’elle soit parisienne : ses créations s’inspirent de l’air du temps, c’est-à-dire de tous ces détails qui font le succès de ses concurrentes, mais en les compilant avec élégance et humour. Pour le centenaire des Galeries Lafayette, Louis Pion nous propose une montre de style « centenaire », qui rappelle les premières montres-bracelets que les hommes ont commencé à porter il y a à peu près un siècle. Il s’agissait à l’époque de montres de poche adaptées au poignet, avec des grosses anses soudées pour y accrocher le bracelet, et un basculement du boîtier pour que la couronne de remontage ne blesse pas le dos de la main. Les grands chiffres disent la soif de lisibilité sur ces petits cadrans, qui succédaient aux grandes ouvertures des montres de poche. Cette Louis Pion du centenaire fait 42 mm de diamètre (mouvement quartz et bracelet en cuir « Barénia », façon Hermès) : elle ne sera éditée qu’à 500 exemplaires numérotés, au prix de 199 euros.

Saint-Honoré au clair de Lune

La petite marque française qui monte ! Saint-Honoré Paris : c’est, comme son nom l’indique, à Paris, rue Saint-Honoré, pile en face de chez Colette, histoire de préciser le contexte modeux tendance. La proposition reste très horlogère (la marque est d’origine franc-comtoise), avec un affichage du passage de la Lune dans le ciel au cœur du cadran : le style graphique est calé par les grands chiffres stylisés, alors que le boîtier carré (33 mm x 34 mm) apporte énergie et distinction. Excellentes finitions et mouvement à quartz pour une montre féminine aussi élégante qu’accessible, qui peut dignement revendiquer cette french touch que les fashion addicts s’arrachent dans le monde entier…

Le « quartz intelligent » réinventé par Timex

La marque américaine fait concevoir ses montres en Allemagne (pour l’ingéniérie), mais par un designer italien (pour le style) et avec une qualité « à la suisse » : un bon exemple de cette qualité mondialisée nous est donné par le nouveau chronographe « retour en vol », très intéressant par son prix (entre 150 et 200 euros selon les versions). Pourquoi « retour en vol » ? C’est un ancien terme technique – utilisé à l’origine dans l’aviation – qui permet de recaler instantanément l’aiguille du chronographe pour enchaîner deux mesures simultanées : l’aiguille revient « à la volée » ! 43 mm pour le confort de lecture, étanchéité à 100 m pour une vie active, second fuseau horaire pour honorer la tradition aéronautique, rétro-éclairage du cadran pour les nuits sans lune et, bien sûr, chronographe deux poussoirs avec une lecture originale des temps décomptés.

Franck Muller en complication XXL

Les horlogers suisses vouent un culte au « tourbillon » mécanique, ce dispositif qui permet de rendre (théoriquement) la montre plus précise en faisant battre son « cœur » dans un cage qui tourne sur elle-même. Généralement, ces « tourbillons » – un mot qui remonte à l’aube du XIXe siècle – sont petits et logés au fond de la montre. Franck Muller l’a voulu grand (20 mm, le double des autres) et aux premières loges, histoire de profiter un peu du spectacle. Dans un « petit » boîtier de forme tonneau (38 mm x 34 mm), ce Giga Tourbillon est encore plus spectaculaire : on ne voit que ce tourbillon animer le cœur de la montre, qui va pouvoir fonctionner pendant dix jours sans être remonté grâce à son double barillet (là où se logent les ressorts qui emmagasinent son énergie purement mécanique)…

Si j’avais quatre marteaux…

On parlait à l’instant du tourbillon, mais les Suisses ne peuvent pas non plus s’empêcher de faire sonner leurs montres : quand ça sonne et que ça tourbillonne, c’est l’extase. La dernière proposition de très haute horlogerie très compliquée est signée Christophe Claret, un des plus remuants créateurs de « complications ». Il additionne un « tourbillon » (qui tourne en 60 secondes) et une « répétition minutes » –un  mouvement mécanique qui dispose de quatre timbres (des gongs très précisément accordés en harmonie), sur lesquels quatre marteaux peuvent carillonner dans le style Westminster. C’est Big Ben au poignet à chaque fois qu’on déclenche cette sonnerie : du temps des diligences ou quand il n’y avait d’électricité dans les chambres, ces sonneries « à la demande » étaient très pratiques pour connaître l’heure dans l’obscurité. Pour le plaisir des yeux, quoique le boîtier en or et titane soit de style très contemporain, une décoration réarchitecturée dans le goût Charles X. Les clients milliardaires ont des caprices sonores : le prix de cette Soprano correspond à celui d’un petit appartement parisien…

Van Cleef & Arpels aux Arts décoratifs

Le musée parisien, qui est un des plus grands musées du monde pour les bijoux et la joaillerie, consacre une grande exposition aux créations de Van Cleef & Arpels depuis un siècle. Un parcours thématique qui commence dans les années 1920 et qui épouse les crises et les convulsions du siècle : l’exubérance de l’Art déco, la grande dépression des années 1930, la Seconde Guerre mondiale, les Trente Glorieuses (dans la joaillerie aussi !), le déclin des années 1970 (le corail et le bois remplacent le diamant), la renaissance à la fin du XXe siècle dans le respect des métiers joailliers et horlogers. L’exposition rend hommage aux « mains d’or » des ateliers de la marque. Dans la foulée de l’explosion des formes et des couleurs initiées par un électron libre comme René Lalique (dont on peut vérifier l’influence dans la galerie des bijoux du musée, hors exposition), la place Vendôme a suivi tardivement, mais sûrement : Van Cleef & Arpels s’installe parmi les grandes maisons de référence avec l’Art déco, mais c’est pour en devenir un des moteurs les plus créatifs – on y invente ainsi le « serti mystérieux », qui nappe les bijoux d’un « velours » de pierres précieuses apparemment sans monture. La parenthèse de l’Occupation transfère les ateliers à New York, ce qui permet d’ajouter des petites fées (ci-dessous), des ballerines et un nouveau bestiaire à la grammaire décorative de la marque. Hormis la parenthèse des années hippies, Van Cleef & Arpels sera de toutes les têtes couronnées, avant de se trouver un identité parallèle dans les « complications poétiques » de l’art horloger. Un tel parcours créatif méritait cette mise en perspective, qui permet d’en souligner les lignes de force et, parfois, les difficultés : pour une fois, on a rendu la haute joaillerie accessible et surtout compréhensible, à travers le foisonnement de ses formes et l’intelligence des métiers au service de leur expression (Renseignements : musée des Arts décoratifs, Paris).

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie…

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