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Trop de mesures anti Covid-19, pas assez ou mal ciblées ? Radioscopie de tout ce qu’il faut savoir pour apprécier l’efficacité du gouvernement
©Lara Balais / AFP

Point épidémiologique

Le Dr. Jean-Yves Le Goff nous présente la première partie de sa radioscopie exhaustive concernant la situation actuelle en France de l'épidémie COVID-19. Retrouvez la deuxième partie demain.

Jean-Yves Le Goff

Jean-Yves Le Goff

Chirurgien digestif laparoscopique, pionnier mondial de la chirurgie laparoscopique et bariatrique, ancien chef de clinique-assistant et ancien interne des hôpitaux de Paris. Fondateur et Ancien Responsable de l’unité de chirurgie cœlioscopique à l’hôpital Bichat (1988-1997) Spécialiste de la chirurgie de l’obésité (legofftechnique), il exerce depuis 1997 à la Clinique du Trocadéro (Paris 16ème) et à l’Hôpital Privé de Seine Saint-Denis (Le Blanc Mesnil) depuis 2009. 

 

Sociétés savantes/Mandats/autres activité de représentation et d’organisation :  

- Membre de la Société française de la Chirurgie de l’Obésité

- Membre fondateur de la Fondation pour le développement de la chirurgie laparoscopique (FDCL) : 40 pionniers français et belges à l’origine de la chirurgie digestive Laparoscopique.1992 

-  Membre fondateur de l’European Association for Endoscopic Surgery and other Interventional Techniques (EAES). (1990)

-  Membre fondateur de la Société française de Chirurgie Endoscopique (SFCE). (1994) 

- Ancien Secrétaire Général Adjoint du Collège des Chirurgiens Français, Syndicat des chirurgiens Français (1990-1995)

- Ancien Président du Syndicat des Chefs de Clinique Assistants des Hôpitaux de Paris (1988-1990)

-  Ancien Secrétaire Général National des Chefs de Clinique des Villes de Faculté Assistants des Hôpitaux (1988 -1990)

- Organisateur du Congrès des Internes et Chefs de Clinique à Strasbourg. (1988)  : « L’Europe de la santé à l’horizon du grand marché européen de 1992 »

 

Voir la bio »

Pour l’évaluer, nous disposons des indicateurs de Santé publique France, à partir des données épidémiologiques de surveillance du COVID-19 (SARS-CoV-2), et rapportées au 22 septembre 2020 dans le tableau ci-après qui présente les chiffres clés au 24 septembre 2020 (semaine 38) de l’évolution de l’épidémie par rapport à la semaine 37.  Ces indicateurs montrent que la situation sanitaire évolue défavorablement et nécessite de prendre des mesures encore plus radicales surtout en termes d’organisation :

Le tableau ci-après établi par Santé publique France au 28 septembre confirme la dégradation de la situation sanitaire : 

Source :Santé publique France - chiffres clés en France au 28/09/2020, arrêtés à 14h (mis en ligne en fin de journée)

Si l’on ne modifie pas dès maintenant, et de façon très importante un certain nombre d'éléments fondamentaux que nous allons détailler, voici ce à quoi nous allons aboutir vers le 27 ou 28 octobre 2020, si rien n'est fait.

Le nombre d'entrées en réanimation sera égal à celui à du 16 mars 2020 où il a fallu confiner, avec la saturation du système de santé, avec des prises en charge déprogrammées pour de nombreuses interventions chirurgicales, cancers, chirurgie cardiaque, neurochirurgie, greffes, nombreuses maladies, prise en charge des accidents de la route plus compliquée, transferts urgents par le SAMU très diminués ... Et donc pertes de chances terribles pour les patients augmentations donc de la mortalité immédiate et différée.

Voici l’évolution avec une échelle logarithmique des admissions en réanimation selon Catherine Hill à partir de maintenant si on ne modifie rien jusqu’à fin octobre 2020. Nombre d’admissions par jour en réanimation comparables au 17 mars 2020 (début du confinement)

Source :  © Catherine Hill - Épidémiologiste et biostatisticienne

Quels sont les moyens dont nous disposons pour empêcher cette évolution tragique ? 

  1. Les Tests 

Les Tests par RT-PCR : 

Par RT-PCR (La méthode standard de diagnostic consiste à effectuer une réaction en chaîne par polymérase (PCR) à partir d'un écouvillon nasopharyngé :  spécificité 100 %, sensibilité 70% à 90% de positifs, 10 % à 30 % de faux négatifs.) 

Dépister les cas + par PCR permet de les isoler très rapidement et aussi de trouver les cas contacts par l’interrogatoire.  La RT-PCR permet de les tester et de les isoler pour ne pas contaminer la population, jusqu’à être fixé sur leur statut épidémique (rappelons qu’il existe jusqu’à 50 % de formes asymptomatiques et que les patients peuvent être contaminants jusqu’à plus de 4 jours avant l’apparition des premiers symptômes et 6 jours environ après l'apparition des symptômes).

Donc il faut tester, encore tester toute personne qui le demande aussi (si justifié par avis médical par exemple), qui a le moindre symptôme et les cas contacts (cf. Corée du Sud, Taiwan, Singapour, Hong Kong, Allemagne).

Le problème est que les laboratoires privés sont totalement saturés (files énormes et délais de prise de rendez-vous et d'attente très importants rappelant les situations de rationnement devant les magasins de l’ex URSS…)

En France, il y a un délai de 3 jours, en moyenne, entre les symptômes et la pratique du test, selon les données de Santé publique France, ce délai est beaucoup plus important dans les grandes villes !  On ne connaît pas le délai de rendu des résultats trop tardif, qui peut aller jusqu’à 7 à 10 jours. Une énorme partie de la contagiosité est méconnue. 1 cas positif sur 5 serait dépisté.

Santé publique France constate qu’environ 4 cas identifiés sur 5 n’ont aucun lien avec des cas connus. 

Un résultat d’un test au-delà de 48 heures après le prélèvement ne sert à rien :  si la personne était positive (sans isolement), elle a pu déjà contaminer largement autour d’elle.

Pour le paiement des tests aux labos privés, comme cela se fait dans un certain nombre de pays, si les résultats des tests sont rendus dans les 24H, ils sont payés intégralement aux labos et sinon le paiement des tests est très dégressif après selon le délai.  

Le « million de tests » affiché, n’est ni plus ni moins que de la communication ! La priorité des priorités aujourd’hui est de diagnostiquer les personnes symptomatiques et leurs contacts et d’opérer un dépistage répété plus large des populations à risque ou fragiles (Ehpad,  hôpitaux, services d’aide à la personne, foyers et structures d’accueil, prisons, …  Des clusters potentiels (entreprises, universités , écoles…). Et ceci au moins une fois par semaine.

 L’enjeu est que les tests aillent aux gens, et non que les gens aillent vers les tests ! 

Les tests sont réservés sur prescription médicale pour les formes asymptomatiques, les   cas contacts, orientés par la CPAM, et en aucun ne peuvent être répétés sans avis médical.

Ils ne sont pas gratuits alors. Le coût actuel des tests est de 330 millions d’€ par mois sans l’efficience attendue. 

Alors que l’urgence redevient très importante, que devons-nous faire dès maintenant ?

Il est impératif de mobiliser les labos INSERM qui avaient commencé à faire des tests en très petit nombre en avril, mai et juin 2020. Et depuis juin plus rien. Un seul a été sollicité en date du 15 septembre par l'ARS locale et le CHU, et devrait pouvoir être opérationnel à partir… du 8 octobre prochain !  Quelle réactivité, quelle anticipation alors que pendant ce temps l'épidémie galope, s'amplifie, le virus se multiplie. 

Aucun labo CNRS impliqués aujourd’hui ! Et ceci par absence et lenteur d’autorisations administratives !

L’une des clés d’explication du retard dans la lutte contre l’épidémie tient aussi à la sous-utilisation des laboratoires publics.

Les laboratoires publics de l’enseignement supérieur et de la recherche se heurtent actuellement aux mêmes blocages, à la même inertie qu’à la mi-mars 2020 : les patrons des cinq principaux organismes de recherche publics (INSERM, CNRS, INRAE, CEA et INRIA) offrent, eux aussi, leurs services pour contribuer à l’effort national. Ils ont identifié une cinquantaine de labos capables de conduire ce type d’analyses et ils estiment leur capacité cumulée à environ 100 000 tests par jour.

Le 21 avril 2020 sur la cinquantaine de laboratoires de recherche publics identifiés, moins de cinq participaient effectivement à l’effort national de dépistage du Covid-19 ! 

- Concernant les labos vétérinaires : dès le 15 mars l’Association française des directeurs et cadres des laboratoires vétérinaires publics d’analyses (Adilva) a proposé aux préfectures et aux ARS leurs services d’analyse. Ils peuvent contribuer à hauteur d’environ 100 000 tests par semaine. Pas de réponse avant le 5 avril (décret semblant autoriser les labos vétérinaires). Seules trois sociétés ont été agréées. La dernière en date du 21 avril. La semaine dernière, seuls deux des quarante-neuf laboratoires vétérinaires départementaux avaient signé une convention avec un établissement de santé ou un laboratoire de biologie, pour tester des échantillons humains.

Rompus aux détections de masse pour les tests PCR, tests sérologiques, ces labos d’Indre-et-Loire proposaient d’en faire 1 000 par jour le 25 mars 2020. Dans plusieurs États membres de l'Union européenne (Allemagne, Belgique, Italie...), les producteurs de réactifs vétérinaires sont autorisés à fabriquer des trousses de diagnostic Covid-19 et les laboratoires vétérinaires peuvent les utiliser pour le diagnostic chez l’Homme.

Le 25 avril après de nombreux refus et obstacles : 2 labos commencent à en faire depuis peu de jours. 

70 labos départementaux proposaient d’en faire 1 000 par jour soit 70 000 / semaine.

Quel gâchis, que de temps perdu au regard des conséquences pour les vies humaines sacrifiées, les séquelles irrémédiables, et l’économie à l’arrêt. 

Dès le mois de mars et jusqu’à début avril, les labos vétérinaires sont restés sans réponse quant à l’utilisation de leur grande quantité de réactifs. 

Et cela continue depuis le 11 mai jour du déconfinement, les labos vétérinaires comme les autres labos publics ne sont pas programmés, ni missionnés pour faire face à une résurgence de l'épidémie et épauler les labos privés.

Tests salivaires

Il faut utiliser dès maintenant les autres tests salivaires détectant le génome du virus ou les protéines du virus (tests antigéniques) en particulier pour le dépistage de masse et non pour les formes symptomatiques ! Comme cela est préconisé en France, celles-ci auront leur RT-PCR par voie nasopharyngée de toutes façons très facilement.

De nouveaux tests salivaires (par RT-PCR ou par tests antigéniques) sont en train d’être autorisés en France. Mais leur sensibilité est discutée en particulier pour tests antigéniques (87 à 97% de sensibilité – Test Abbott aux USA). Mais ces tests salivaires antigéniques sont très appréciables pour un dépistage de masse et les formes asymptomatiques. 

La sensibilité des tests est à mettre en balance avec leur disponibilité, leur coût, la simplicité et la rapidité de leur mise en œuvre et leur faisabilité en grand nombre. Le meilleur test pour le diagnostic des patients symptomatiques est la RT-PCR, mais très compliqué pour un dépistage de masse où les tests antigéniques prennent toute leur importance. 

Il faut utiliser tous les outils à notre disposition pour le dépistage de masse et des formes asymptomatiques : tests salivaires antigéniques, dont le résultat est rendu en 30 minutes, les tests salivaires par RT-PCR, qui facilitent le prélèvement, les tests groupés de 10, 50 prélèvements, permettent de rationaliser l’analyse et d’économiser des réactifs. 

L'université de Liège a mis au point depuis la mi-août ces test salivaires antigéniques permettant de dépister 30 000 personnes de l'université (étudiants, professeurs, personnels) toutes les semaines. Impossible évidemment de le faire avec des tests PCR.

 Les super-contaminateurs, et les personnes qui ont de grosses charges virales sont détectées à 99 % de corrélation avec les tests PCR. Par ailleurs, ils utilisent le pooling :  Les tests des étudiants seront traités, non pas individuellement, mais par groupe de six. C’est seulement si le virus est détecté que les six échantillons seront traités individuellement. 

Pour les patients symptomatiques, le PCR nasopharyngé est le meilleur des tests. Mais pour les asymptomatiques, les tests salivaires antigéniques, plus rudimentaires, moins sensibles, peuvent toucher beaucoup plus de monde.

Pourquoi n’innovons-nous pas ou très peu dans la lutte contre cette épidémie, pourquoi, nous ne sommes pas loin des derniers de la classe ? Pourquoi tant de retard par rapport à une épidémie qui galope.

Dans le New England Journal Medecine du 24 septembre 2020, les auteurs américains montrent que les résultats des tests sont équivalents et même supérieurs pour les prélèvements salivaires que pour les prélèvements nasopharyngés (les 2 par RTPCR). 

Le prélèvement d'échantillons de salive par les patients eux-mêmes élimine la nécessité d'une interaction directe entre les agents de santé et les patients. Cette interaction est une source de goulots d'étranglement majeurs dans les tests et présente un risque d'infection nosocomiale. Le prélèvement d'échantillons de salive par les patients eux-mêmes réduit également la demande de fournitures d'écouvillons et d'équipements de protection individuelle. Étant donné le besoin croissant de tests, les résultats soutiennent le potentiel des échantillons de salive dans le diagnostic de l'infection par le SARS-CoV-2. 

Autres tests antigéniques 

Le nouveau test salivaire, SalivaDirect, qui entre sur le marché promet d’accélérer le dépistage aux États-Unis depuis fin juillet. Utilisé par la NBA pour tester quotidiennement les joueurs de basket dans leur « bulle » pendant les plays off (phase finale) et ce pendant près de 3 mois. En avril dernier, Nathan Grubaugh a publié un article dans lequel il note que les tests salivaires peuvent être aussi précis dans la détection de la Covid-19 que les prélèvements par voie nasale. Ce mode de détection permet d’économiser l’étape coûteuse de l’extraction de l’ARN en utilisant un procédé chimique et thermique pour extraire le génome du virus et détecter ou non sa présence.

Ce nouveau test peu cher (entre 15 et 20$) et au rendu de résultat en quelques heures par tous les laboratoires quel que soit leur équipement.

Pourquoi les Américains ont leurs tests prêts antigéniques depuis fin juillet, les Anglais et les Belges depuis mi-aout et nous les Français pas de tests antigéniques disponibles actuellement pour le grand public avant plusieurs semaines ?

Position de la Haute Autorité de Santé (HAS) concernant les tests antigéniques

La HAS se prononce le 25 septembre 2020 favorablement pour l’utilisation des tests salivaires et leur remboursement par l’assurance maladie en utilisation diagnostique, mais seulement pour les patients symptomatiques !  Ces tests peuvent être réalisés au sein des laboratoires de biologie médicale, mais peuvent également être déployés en dehors de ces laboratoires (en pharmacie, en cabinet de médecine générale, etc.) en test rapide d’orientation diagnostique (TROD).

Tests sérologiques

Signalons aussi l’intérêt pour le dépistage les Tests sérologiques (TROD) NG Biotech et Biosynex permettant de détecter les productions d’anticorps à partir de J5, J7 pour les IgM pour les infections précoces Covid-19 et à partir du 11ème jour pour les IgG signalant par leur présence une infection moins récente ou passée.  

Ainsi pour Biosynex, sensibilité des IgG (100%) IgM (91,8%) spécificité IgG (99,5%), spécificité IgM (99,2%). 

La distanciation sociale 

Quels sont les moyens dont nous disposons pour ne pas arriver à cette évolution tragique. 

Outre l’importance du lavage répété des mains au solutions hydroalcooliques et/ou au savon. 

Rappel sur l’importance primordiale des masques : 

Les Masques  

Il faut porter un masque (pas plus de 4 h pour le même) à l’extérieur de chez soi (transports, magasins, bureau, rues …) bref tout le temps (avec solutions hydro alcooliques, avant et après le port, sur les mains)

Et pourquoi :

- Si les masques ne protègent pas, pourquoi les soignants en ont-ils besoin ? C’est bien pour se protéger des malades déjà infectés.

- Ainsi, il est affirmé que si le port du masque empêche les contaminés de contaminer les autres, il ne protège pas un non-contaminé d’une contamination : tiens donc, le masque serait alors asymétrique ?

- C’est seulement en mettant un masque à chacun, que les contaminants sains, asymptomatiques ou paucisymptomatiques ne contamineront plus. 

- Dangereux de le toucher ! Mais si la face externe du masque est souillée, cela veut dire que son porteur a ainsi évité d’absorber les virus qui s’y sont fixés : sans masque, il aurait été à coup sûr infecté.  Enlever son masque par les élastiques sans le toucher, puis le jeter et se laver les mains serait une opération demandant une formation spéciale !! 

- Si chacun donc portait un masque, beaucoup moins de surfaces seraient souillées et par voie de conséquence beaucoup moins de gens en seraient contaminés.

L’absence de port du masque dans les zones à risque surtout (pas seul dans un bois !) devrait être sanctionnée par des amendes d’autant plus dissuasives que l’infraction est répétée. Les contrôles par les forces de l’ordre devraient être renforcés. 

  Et je pense avoir une légitimité certaine pour souligner l’importance du masque (contrairement à beaucoup de personnes opposées au port de celui-ci) car dès le 16 mars invité de l’émission l’Info du Vrai d’Yves Calvi, sur le coronavirus à laquelle je participais, je recommandais déjà le port du masque dans les lieux clos et au maximum dehors, arborant d’ailleurs un masque sur le plateau ! 

Distance physique

La distance physique est une partie importante des mesures de contrôle de la Covid-19, mais il n'est pas clair à quelle distance et pendant combien de temps le contact est sûr dans différents contextes.

Les règles qui stipulent une seule distance physique spécifique (1 ou 2 mètres) entre les individus pour réduire la transmission du SARS-CoV-2, le virus responsable de la Covid-19, sont basées sur une notion obsolète et simpliste de la taille des gouttelettes respiratoires. 

Cela néglige la physique des émissions respiratoires, où des gouttelettes de toutes tailles sont piégées et déplacées par le nuage de gaz turbulent humide et chaud 

expiré qui les maintient concentrées tout en les transportant

On peut s’interroger pourquoi en France on parle de 1 mètre de distanciation (car datant d’études de 1948 !). Celle-ci est très insuffisante dans de nombreux cas (nous allons le voir), en Allemagne elle est de 1m80 et 2 m aux USA et GB. 

Origines de la règle des 2 mètres (aux USA)

En 1948, il est étudié la propagation de germes hémolytiques, seuls 65% des participants ont produit de grosses gouttelettes seulement. Cependant, chez 10% des participants, des streptocoques hémolytiques ont été prélevés à 9,5 pieds (2,9 m). Malgré les limites de la précision de ces premières conceptions d'étude, en particulier pour les distances plus longues, l'observation de grosses gouttelettes tombant près de la source a renforcé et enraciné davantage la base scientifique supposée de la règle de 1 mètre qui s’applique en France. 

Pourtant, huit des dix études d'une revue systématique récente ont montré une projection horizontale de gouttelettes respiratoires au-delà de 2 m pour des particules jusqu'à 60 μm.  Dans une étude, la propagation des gouttelettes a même été détectée sur 6 à 8 m ! Ces résultats suggèrent que le SARS-CoV-2 pourrait se propager au-delà de 1 à 2 m dans un paquet concentré par la toux ou les éternuements.  Lors d'épidémies virales récentes, telles que le SARS-CoV-1, le MERS-CoV et la grippe aviaire, plusieurs études ont signalé une propagation suspectée au-delà de 2 m. 

Taille des gouttelettes, propagation des gouttelettes

Selon des études de Wells, les grosses gouttelettes émises tombent dans l'air plus rapidement qu'elles ne s'évaporent et atterrissent dans un rayon de 1 à 2 mètres.  De petites gouttelettes (appelées plus tard aérosols ou gouttelettes en suspension dans l'air), généralement invisibles à l'œil nu, s'évaporent plus rapidement qu'elles ne tombent. Sans flux d'air, elles ne peuvent pas se déplacer loin, restant à proximité de la source. Avec le flux d'air, elles peuvent se propager sur de plus grandes distances.

D’autres facteurs contextuels tels que l'air expiré et le débit d'air ambiant sont extrêmement importants pour déterminer la distance parcourue par les gouttelettes de toutes tailles. Sans flux d'air expiré, les plus grosses gouttelettes se déplaceraient le plus loin (1 à 2 m), tandis que les plus petites rencontreraient une résistance élevée (traînée) et resteraient près de la source. En tenant compte du flux d'air expiré, des nuages ​​de petites gouttelettes peuvent voyager au-delà de 2 m dans l'air, et même les grosses gouttelettes ont une portée améliorée.  

Propagation des particules aériennes du SARS-CoV-2

Des études en laboratoire suggèrent également que les particules virales du SARS-CoV-1, du SARS-CoV-2 et du MERS-CoV sont stables dans les échantillons en suspension dans l'air, mais le SARS-CoV-2 persiste le plus long temps dans l’air (jusqu'à 16 heures !).  

Force d'émission, ventilation, temps d'exposition

L'expiration, le chant, la toux et les éternuements génèrent des nuages ​​de gaz chauds, humides et à forte impulsion d'air expiré contenant des gouttelettes respiratoires. Cela déplace les gouttelettes plus rapidement que les flux de ventilation d'air ambiant typiques, les maintient concentrées et peut étendre leur portée jusqu'à 7-8 m en quelques secondes.  

Ces résultats d'études sur la dynamique des fluides aident à expliquer pourquoi, dans une chorale pratiquée aux États-Unis, une personne symptomatique a infecté au moins 32 autres chanteurs, avec 20 autres cas probables, malgré la distanciation physique. 

D'autres groupes de cas à l'intérieur ont été signalés dans des gymnases de fitness, des matchs de boxe, des centres d'appels et des églises, où les gens peuvent chanter, haleter ou parler fort. Fait intéressant, il y a eu peu de rapports d'épidémies sur des avions, ce qui peut refléter le faible volume actuel de passagers, le manque de recherche des contacts ou un risque relativement faible parce que la parole est limitée. 

La haletant lourd du jogging et d'autres sports produit des expirations violentes avec un élan plus élevé que la respiration normale, plus proche de la toux dans certains cas. Cela augmente la distance atteinte par les gouttelettes piégées dans le nuage expiré et favorise une distanciation supplémentaire pendant un exercice vigoureux.  Cependant, les gouttelettes respiratoires ont tendance à être plus rapidement diluées dans un cadre extérieur bien aéré, ce qui réduit le risque de transmission (une prépublication du Japon signale un risque de transmission fois plus élevé de 18,7 fois dans les environnements intérieurs qu'à l’extérieur). 

Risque de distance et de transmission

Le Groupe consultatif scientifique britannique pour les urgences (SAGE) estime que le risque de transmission du SARS-CoV-2 à 1 m pourrait être de 2 à 10 fois plus élevé qu'à 2 m.  

Soulignons l’intérêt fondamental du tableau ci-dessous pour la vie de tous les jours en fonction du port du masque ou non, de la ventilation, lieu intérieur ou extérieur, du  silence, de la parole, des cris et ou chants …    

Les règles de distanciation physique seraient plus efficaces si elles reflétaient des niveaux de risque échelonnés. 

Ce tableau constitue un guide sur la manière dont le risque de transmission peut varier en fonction du lieu, du niveau d'occupation, du temps de contact et du port ou non des masques. Ces estimations s'appliquent lorsque tout le monde est asymptomatique. Dans les situations à risque le plus élevé (environnements intérieurs avec une ventilation médiocre, des niveaux d'occupation élevés, un temps de contact prolongé et aucun masque, comme un bar bondé ou une boîte de nuit), une distance physique au-delà de 2 m et une durée d'occupation minimale doivent être envisagées. Une distanciation moins stricte sera probablement adéquate dans les scénarios à faible risque.

Les personnes présentant des symptômes (qui devraient de toute façon s'auto-isoler) ont tendance à avoir une charge virale élevée et des expectorations respiratoires violentes plus fréquentes.

Ainsi pour les restaurants que l’on ferme dans certaines régions (Marseille, Aix et leurs métropoles…) il serait préférable de fermer ceux qui ne respectent pas les règles strictes de distanciation physique, de port du masque, de solutions hydroalcooliques à l’entrée.

Ainsi le port du masque quand on passe commande, entre les plats, et quand on ne mange pas, est fortement recommandé. 

Les noms et téléphones des gens fréquentant le restaurant devraient être pouvoir être pris comme en Italie et en Espagne pour les appeler en cas de positivité et/ou contacts.

Dans la 2ème partie nous verrons ce qu’il faudrait faire pour le traçage des cas contacts et positifs, l’isolement des cas positifs, pour le respect de la quarantaine, les différents contrôles notamment aux frontières (aéroports, gares, stations-services frontalières) …

Pour vivre au mieux d’un point de vue sanitaire et économique avec ce virus, jusqu’à l’obtention d’un vaccin et ceci pour 1 an ou 2 maximum selon toutes probabilités, comme pour toutes les épidémies. 

Et tout ceci pour éviter ce que nous avons connu en mars, avril, mai et pour se rapprocher de l’Allemagne :  actuellement 12 065 cas positifs sur 7 jours contre environ 16 000 cas + certains jours en France pour 9 488 morts en Allemagne alors que nous déplorons 31 802 morts.

Retrouvez la partie deux de la radioscopie du Dr Le Goff en cliquantsur ce lien

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