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“Il n’y aura pas de traitement 
contre la calvitie avant 15 ans”
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Chauves must go on

Des chercheurs japonais ont affirmé avoir réussi, grâce à des cellules souches, à faire pousser des cheveux sur une souris chauve. Une expérience utile pour mieux comprendre la calvitie, mais le traitement miracle pour les humains est encore très loin.

Pascal Boudjema

Pascal Boudjema

Pascal Boudjema est chirurgien capillaire, spécialisé dans le traitement de la calvitie. Il a créé un site d'information sur le sujet : www.lesgreffesdecheveux.fr

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Atlantico : Des chercheurs japonais ont affirmé avoir réussi à recréer des follicules pileux sur une souris grâce à des cellules souches. Ce procédé pourrait-il permettre de régénérer les cheveux chez les hommes ?

Pascal Boudejma : Il y a une quarantaine de laboratoires qui travaillent sur les cellules souches et les cheveux dans le monde, mais aucune découverte fondamentale et beaucoup d’effets d’annonces. En effet, on s’aperçoit à chaque fois que même si le modèle marche de manière partielle sur la souris, cela ne veut absolument pas dire que le schéma est transposable à l’être humain.

Cette expérience japonaise a été faite il y a 7 ou 8 ans en Angleterre, et d’autres expériences ont déjà été réalisées dans ce domaine également aux Etats-Unis où la société Adherence Technology a  réussi à accroitre la croissance des poils sur les souris. De là à transposer ça chez l’homme, il peut s’en passer du temps.  Déjà, l’homme n’est pas une souris, et les cheveux sont des organes extrêmement complexes, produits à partir de plusieurs cellules.

Peut-on néanmoins espérer un traitement à la calvitie dans les prochaines années ?

Il n’y a pas une semaine qui se passe sans qu’on entende parler d’une découverte dans ce domaine. Il y a trois semaines, ce sont des chercheurs  américains qui disaient avoir identifié la prostaglandine D2 comme une molécule responsable de la chute des cheveux.

Il y a beaucoup de laboratoires qui cherchent à produire un procédé pour faire repousser les cheveux, car les enjeux économiques sont énormes. Mais pour poursuivre leurs recherches, ils ont besoin de capitaux. Ils envoient donc de temps en temps des news à la presse de manière à fidéliser leurs actionnaires. Entre ce qui se dit et les résultats probants, il y a un monde.

On attend avec impatience le procédé qui permettrait de traiter la calvitie de manière définitive chez tout le monde. De grands noms de la cosmétique travaillent dessus, dont on ne connait pas les recherches effectuées en secret. Mais même si la recherche fondamentale donnait des résultats, il faudrait attendre 10 à 15 ans avant de voir un procédé commercialisé.

Pour le moment, il faut donc prendre un certain recul face aux effets d’annonce.

Actuellement, le traitement de la calvitie naissante se fait essentiellement par microgreffes de cheveux prélevés dans les zones garnies et greffés dans les parties dégarnies du crâne. Cette procédure reste donc la seule possible, malgré son coût élevé ?

Le principe de la greffe existe depuis 1959. Il y a eu de grands progrès depuis, tant au niveau des instruments que des protocoles. La greffe reste aujourd’hui la seule alternative à la calvitie, quand elle est faite dans les règles de l’art.

Ca serait superbe qu’on nous dévoile demain un traitement médicament qui fait repousser les cheveux, mais pour l’instant ça n’existe pas. Il ne faut pas que les gens attendent une solution miracle.

N-y-a-t-il  pas des médicaments qui aujourd’hui permettent de prévenir la chute des cheveux ?

Il y en a deux. Le Minoxidyl, une lotion dont il faut appliquer un millilitre matin et soir directement sur le cuir chevelu, et le Proprecia qui est un comprimé. Ce dernier a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps car certaines personnes ont eu des effets secondaires d’impuissance soi-disant définitive. Rien ne nous prouve qu’ils n’auraient pas eu ce type de désagrément indépendamment de la prise du médicament.

La calvitie reste-t-elle une souffrance pour les Français, ou s’assume-t-on plus facilement chauve aujourd’hui ?

Ca reste évidemment une souffrance. On a tous des personnes dégarnies dans notre entourage, et ça peut les préoccuper, même si elles n’en parlent pas. C’est comme si on demandait à une femme si elle est contente de ses rides. Évidemment, on peut vivre chauve, ce n’est pas une maladie. C’est un vieillissement prématuré de la chevelure, qui touche 80 % de la population masculine avant l’âge de 70 ans. Sa principale cause est un excès d’hormones mâles, qui est héréditaire. En fait, les hormones mâles accélèrent le cycle de vie du cheveu, rendant la chute plus rapide. D’autres causes peuvent entrer en ligne de compte, comme le stress.

Propos recueillis par Morgan Bourven

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