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Traité transatlantique de libre-échange : la France se regarde le nombril et laisse le train de la mondialisation lui passer sous le nez
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Coupée du monde

Alors que le gouvernement se débat pour limiter les effets du TTIP en Europe, tous les regards sont actuellement tournés vers le continent africain, perçu par beaucoup comme le prochain eldorado économique sur lequel il est urgent de placer ses pions.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Comme à son habitude, désormais angoissée et repliée sur elle-même, la France se complait une fois de plus à se lamenter et débat en vain sur le projet d’accord commercial transatlantique (TTIP). Elle en vient même à se féliciter de se couper du monde et de se renfermer au nom d’une vision totalement archaïque de la mondialisation. L’altermondialisme gauchisant comme le souverainisme réactionnaire ne sont que les deux faces d’une même pièce, celle de la xénophobie économique qui est non seulement inefficace mais aussi gravement coûteuse.

Alors que notre pays vieilli continue de s’interroger sur l’intérêt de s’ouvrir au monde, le reste du monde lui, continue de vivre plein de dynamisme et d’entreprise, sans attendre les indécis et les frileux. Notamment en Afrique !

Le continent africain fait l’objet de toutes les attentions économiques depuis des mois désormais : il serait le prochain eldorado, un champion de dynamisme et un continent en voie de démocratisation constante comme l’exemple du Nigéria (plus de 170 millions d’habitants !) l’a récemment montré. En 2015, la croissance de l’Afrique devrait dépasser 5% après avoir approché ce niveau en 2014. Un pays comme la République démocratique du Congo voisine même avec les 10% ! Depuis 2001, la croissance des pays sub-sahariens a été systématiquement supérieure à la croissance mondiale et parfois de façon très significative, comme le rappelle Marco Annunziata dans un article d’analyse prospective. L’Afrique change : elle émerge et bouleverse les usages (qu’on pense à M-pesa, système bancaire révolutionnaire au Kénya).

En matière de commerce international, l’Afrique est également en train de s’organiser. Des zones de libre-échange existaient déjà : le marché commun des Etats d’Afrique australe et de l’Est (Comesa), la Communauté africaine et de l’Est (EAC) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) notamment. Elles viennent de décider de fusionner ! Ces 3 zones couvrent 26 pays, sur 54 que compte l’Afrique (et un regard rapide sur la carte permet de constater que les pays francophones restent largement hors du processus) ; ensemble, ils viennent de signer au Caire un accord visant à créer une Zone tripartite de libre-échange (TFTA) d’ici 2017, qui devrait réunir 600 millions d’habitants (soit plus que l’Union européenne !). L’objectif est que le commerce interafricain représente 30% du commerce international de chacun des pays concernés, contre 12% en moyenne aujourd’hui (bien loin des pays européens qui réalisent 70% de leurs échanges dans l’Union). C’est une autre révolution qui est en marche.

De l’autre côté de l’Atlantique, ce sont les Américains qui se réveillent également (avec un peu de retard et de torpeur). D’ici la fin de l’année, le Congrès doit renouveler l’accord de libre-échange qui lie les Etats-Unis à 39 pays d’Afrique sub-saharienne. Les enjeux sont énormes et les bénéfices mesurables : depuis 2001 (première année de l’accord), l’industrie textile du Lesotho par exemple a gagné 27 000 emplois (+140%). Pour toute la zone les exportations textiles ont même augmenté de plus de 280% !

Alors que la France tremble de savoir si elle doit échanger avec des pays qui lui ressemblent, le reste du monde est en pleine ébullition commerciale, se réorganisant autour de nouveaux pôles de dynamisme (dont les BENIVM) et de nouveaux accords commerciaux. Les Etats-Unis mènent la danse, négociant notamment un accord commercial dans le Pacifique (dont le but est de contrer l’influence chinoise) et renouvelant leur intérêt pour l’Afrique. Pendant ce temps, l’Europe se regarde le nombril et laisse le train de la mondialisation lui passer sous le nez.

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