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Toutes ces raisons pour lesquelles vous n'arrivez pas à perdre de poids même si vous faites un régime
©Pixabay

Tout est dans la tête

La nutritionniste et biochimiste australienne Libby Weaver met en avant l'idée que plusieurs facteurs comme le stress, les cycles menstruels, un taux élevé d’insuline, les émotions et le déséquilibre du système nerveux ont un rôle non négligeable dans l'échec de la perte de poids lors d'un régime.

Catherine Grangeard

Catherine Grangeard

Catherine Grangeard est psychanalyste. Elle est l'auteur du livre Comprendre l'obésité chez Albin Michel, et de Obésité, le poids des mots, les maux du poids chez Calmann-Lévy.

Elle est membre du Think Tank ObésitéS, premier groupe de réflexion français sur la question du surpoids. 

Co-auteur du livre "La femme qui voit de l'autre côté du miroir" chez Eyrolles. 

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Chaque fois que d'autres messages que ceux "assiette/baskets" sont tenus, tant mieux ! Qu'une nutritionniste, biochimiste en vienne à introduire des causes psychiques, c'est formidable ! Ce qui fait prendre du poids ou empêche d'en perdre est absolument plurifactoriel. Aussi, penser résoudre le problème en agissant uniquement par l'alimentation ou par l'activité physique est réducteur. Peut-être cela semble plus simple que résoudre les problèmes de fond. Si c'est pour aller d'échecs en échecs, je vous laisse conclure si c'est plus simple… Cette nutritionniste extrait 5 facteurs ayant une responsabilité dans les difficultés à perdre du poids. Elles sont certainement justes. Pourquoi ces 5 et pas plus ? Je ne sais pas. Car, il y en a d'autres. Mais, qu'importe pour le moment. Finalement, ce sont deux ordres de causes qui regroupent ces 5 facteurs. Des raisons autour du stress, des émotions et du système nerveux plus globalement d'un côté, et de l'autre des éléments plus physiques : les règles et l'insuline.

Le stress est bien évidemment responsables de nombreux dysfonctionnements. On ressent bien que passer de mauvaises journées, avoir des rapports tendus avec les autres, être en surcharge de travail ou à l'inverse en chercher sans succès, ne pas réussir en général ce que l'on tente, etc. (car la liste est longue), tout ce qui stresse au quotidien a des conséquences négatives. C'est une évidence. Là où il y a un progrès, c'est de faire le lien avec l'excès de poids. Si on peut passer outre la compensation par la nourriture et que l'on trouve un exutoire, c'est parfait. L'idée est toujours de se retrouver en équilibre psychiquement parlant. On passe tous de mauvais moments, comment ne pas se faire "bouffer" par eux ? Comment s'en extraire ? C'est ce à quoi chaque personne tente de trouver des réponses. Elles ne sont pas toujours idéales. La preuve, quand la compensation a pour effet, une prise de kilos… Il est évident que certaines solutions, comme prendre une grande inspiration, est intéressante. Plus on y arrive et mieux c'est… Mais, une fois dit cela, quand la personne est débordée par son stress ou ses émotions négatives, autre raison ici évoquée, elle n'arrive plus à appliquer ses bonnes résolutions. La décharge d'une quantité supérieure à ce qu'elle peut supporter lui impose un comportement qu'elle juge parfaitement mauvais pour elle, par ailleurs, à d'autres moments. C'est pour cela qu'il est tout à fait idiot de recommander des petites quantités à déguster. Dans ces moments la raison raisonnable est dépassée par d'autres raisons. Il me paraît que la seule solution, durable, est de travailler sur ce qui cause ces débordements de stress, d'émotions négatives, de frustrations.

La nutritionniste évoque le système nerveux, c'est donc toujours la même idée qu'un système nerveux en bonne forme, non débordé, est à privilégier, à la fois par la nourriture et par le mode de vie. Tout le monde est d'accord ! La fatigue est à résoudre pour pouvoir faire face aux obligations de la vie. Une alimentation saine n'engorge pas les possibilités du corps d'évacuer les toxines, etc. Tout ce qui endommage ce système nerveux est donc à proscrire, y compris les relations toxiques et les besoins artificiels créés dans cette société d'hyper consommation… Ce qui est très intéressant dans ce domaine de l'excès de poids où l'obsession de la minceur fabrique du surpoids, à coups de régimes insensés, c'est que l'on revient (enfin) à des notions de bon sens. L'être humain n'est pas qu'un corps ! Enfin, pour répondre aux questions posés par la nutritionniste, il est bon de rappeler que l'être humain est divisé entre Eros et Thanatos, entre ce qui est bon pour lui, pour la vie et la destruction, y compris de lui-même. Reste à faire pencher la balance du bon côté...

La production d'insuline et les règles ont des incidences. Quiconque voudrait passer outre se verrait bien déçu. Les cycles des femmes font qu'elles gonflent à certains moments. Pour éviter que cela ne soit trop important, la biochimiste montre quelques relations entre certains produits ingérés et les hormones.

J'insisterai sur un autre point. Puisqu'il en est ainsi, mieux vaudrait l'admettre. Le diktat de la minceur ne peut s'opposer à ces réalités. Cette acceptation permet de se libérer d'une réelle dictature, artificielle. Pourquoi est-ce si grave de suivre les cycles naturels ? Quelle crainte se loge dessous ? Il existe quelques angoisses parfaitement bien partagées, la peur de ne plus être aimé(e) en particulier. Or, le corps désirable forcément mince est introjecté, puisqu'il n'existe qu'un seul corps, standardisé. Souffrir la comparaison est effectivement difficile. Les émotions négatives en sont alimentées. Et du coup les compensations redeviennent nécessaires à la personne. Vous le voyez, c'est un véritable cercle vicieux. Pour en sortir, une solution, la remise en question du modèle… Collectivement s'entend. On peut interroger les critères de choix de mannequins anorexiques, les retouches de photos des corps réels, la fabrication d'un idéal de beauté plongeant une grande part de la population dans des problèmes tout à fait évitables… Toutes ces raisons se cumulent et expliquent pourquoi perdre durablement du poids est compliqué et aussi pourquoi fleurissent tous les quatre matins des solutions-miracle qui ne peuvent pas fonctionner car c'est la combinaison de plusieurs facteurs qui font que la perte de poids puisse perdurer.

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