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Tout ce que les banques ont encore sous le capot pour nous faire resombrer dans la crise de l’euro...
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Rechute ?

En décembre 2011, et en février 2012, la BCE a très massivement aidé le secteur bancaire de la zone euro via des crédits bon marché à trois ans. Ces prêts peuvent être remboursés par anticipation au bout d'un an, ou à partir du 30 janvier de cette année. Bilan.

Pascal de Lima

Pascal de Lima

Pascal de Lima est un économiste de l'innovation, knowledge manager et enseignant à Sciences-po proche des milieux de cabinets de conseil en management. Essayiste et conférencier français  (conférences données à Rio, Los Angeles, Milan, Madrid, Lisbonne, Frankfort, Vienne, Londres, Bruxelles, Lausanne, Tunis, Marrakech) spécialiste de prospective économique, son travail, fondé sur une veille et une réflexion prospective, porte notamment sur l'exploration des innovations, sur leurs impacts en termes sociétaux, environnementaux et socio-économiques. Après 14 années dans les milieux du conseil en management et systèmes d’information (Knowledge manager auprès de Ernst & Young, Cap Gemini, Chef Economiste-KM auprès d'ADL et Altran 16 000 salariés, toujours dans les départements Banque-Finance...), il fonde Economic Cell en 2013, laboratoire d’observation des innovations et des marchés. En 2017, il devient en parallèle Chef Economiste d'Harwell Management.

Diplômé en Sciences-économiques de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (PhD), de Panthéon-Sorbonne Paris 1 (DEA d'économie industriel) et de Grandes Ecoles de Commerce (Mastère spécialisé en ingénierie financière et métiers de la finance), il dispense actuellement à Sciences-po Paris des cours d’économie. Il a enseigné l'Economie dans la plupart des Grandes Ecoles françaises (HEC, ESSEC, Sup de Co, Ecoles d'ingénieur et PREPA...).

De sensibilité social-démocrate (liberté, égalité des chances first et non absolue, rééquilibrage par l'Etat in fine) c'est un adèpte de la philosophie "penser par soi-même" qu'il tente d'appliquer à l'économie.

Il est chroniqueur éco tous les mardis sur Radio Alfa, 98.6FM, et chroniqueur éco contractuel hebdomadaire dans le journal Forbes.

 

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La Banque centrale européenne (BCE) est intervenue il y a maintenant un an pour sauver les banques de la zone euro. Quel bilan pouvons-nous établir ? Quels risques latents peut-on identifier ? Quelles sont les solutions ?

Bilan

En décembre 2011, et en février 2012, la BCE a très massivement aidé le secteur bancaire de la zone euro : plus de 1 trillion d’euros. Il s’agissait de crédits bon marché à trois ans pour encourager les banques à financer l’économie. On parle aussi de LTRO ou Long Term Refinancing Operations. Aussi, ces prêts peuvent être remboursés par anticipation en quelque sorte, avant l’échéance de trois ans. Ceci peut à priori paraître rassurant et renforcer l’euro. 

D’après Hans Redeker de Morgan Stanley’s Global Head of FX Strategy, 200 milliards d’euros vont être remboursés par les banques européennes très bientôt, un an après le sauvetage à 3 ans ! 80 milliards viendraient des banques françaises : une bonne nouvelle pour nos banques. 30-40 billions pour les banques espagnoles et italiennes réunies. Ajouté à la récente tranche d’aide du Mécanisme Européen de la Stabilité en faveur des banques espagnoles, 100 milliards d’euros pour de la recapitalisation, on peut presque dire que le secteur bancaire espagnol est sauvé même si cette aide n’est pas perçue immédiatement.   

Risques latents

Du coup une idée simple apparaît : certaines banques, celles qui peuvent rembourser au bout d’un an, seraient en meilleure santé par rapport aux autres. Et cela comporte aussi un risque car l’activité bancaire est très fondée sur la réputation et la confiance. Certaines banques vont apparaître davantage dépendantes d’un sauvetage et donc de la BCE notamment celles qui ne remboursent pas au bout d’un an. Les banques précoces, elles, seront prioritaires dans le refinancement par les marchés ou par l’interbancaire. Voilà une nouvelle source de divergence structurelle négative, puisque sans grand étonnement ce sont plutôt les banques des pays sans croissance qui vont en pâtir. Quand on sait que le financement de l’économie est essentiel à la reprise de la croissance…  

Ceci n’est pas forcément une bonne nouvelle non plus pour la BCE puisque cette dernière pourrait être amenée à aider les banques qui n’arrivent pas à rembourser assez vite. Du coup, pour les banques les plus fragiles, cela pourrait conduire à une course à la cession d’actifs et à la réduction des bilans afin de compenser ce qu’elles n’ont pas en termes de capacité de remboursement.

Les banques comme Banco Santander ont vendu des entités en Amérique latine pour obtenir du cash rapidement. Ceci prouve une chose. Pour les banques incapables de rembourser les LTRO à 3 ans au bout de un an, la réduction des actifs et donc le mouvement de cessions montre un risque de credit-crunch.

Solutions

Si les marchés pour l’instant apparaissent calmes, le levier maintenant à la reprise du secteur bancaire est la croissance économique. A ce titre, il n’est pas possible d’avoir des banques fortes avec des pays fragiles. Enfin, le sujet phare, la croissance économique, résume finalement tout. Ceci est vrai pour le secteur bancaire comme pour le reste.

Une autre solution à ce défaut structurel de cessions d’actifs et de réduction de la taille des bilans pour les banques les plus fragiles ne parvenant pas à rembourser les LTRO plus vite que les autres, est peut-être d’envisager une baisse des taux d’intérêt de la BCE.  Cela pourra-t-il être favorable à une baisse des tensions sur la liquidité des banques les plus fragiles ? Le problème est que les manipulations des taux directeurs de la BCE n’éliminent en rien les divergences structurelles de la zone euro et c’est bien là le problème.

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