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Tour d'Europe des campagnes pour les européennes : direction la Finlande
©Reuters

Et chez vous, comment ça va ?

Quatorzième étape de notre tour d'Europe des campagnes pour les élections européennes : la Finlande, où les débats portent principalement sur l'aide accordée aux pays d'Europe du Sud. Un thème de campagne lancé par les "Finlandais", un parti eurosceptique qui pourrait atteindre la barre des 20%.

Pauline  Curtet

Pauline Curtet

Journaliste pour divers médias dont RFI et Marianne, spécialiste de l'actualité des pays nordiques.

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Atlantico : A l'approche des élections européennes, quels sont les principaux thèmes qui occupent les débats en Finlande ? Par quels partis sont-ils portés, et sont-ils focalisés sur l'Europe en elle-même, ou bien les préoccupations d'ordre national prévalent-elles ?

Pauline Curtet : L'un des débats le plus important porte sur l'aide aux pays d'Europe du Sud, comme l'Espagne ou le Portugal. Il a été lancé par les "Finlandais" (ex-Vrais Finlandais), un parti eurosceptique, qui s'opposent à ces plans d'aide et ont réussi, par le passé, à faire pression sur le gouvernement pour qu'il obtienne des garanties en échange de ces aides. Les autres thèmes qui reviennent régulièrement dans la campagne sont le chômage des jeunes (surtout porté par les sociaux démocrates), le traité transatlantique de libre-échange (les conservateurs le soutiennent), le poids des règlementations européennes (trop lourdes, surtout d'après le Parti du Centre). Mais à chaque fois, ce sont plus les préoccupations d'ordre national qui dominent. On pense surtout au chômage des jeunes Finlandais, et on s'en prend aux mesures d'aides aux pays d'Europe du Sud car elles coûtent de l'argent à la Finlande.  

Quelles sont les forces en présence, et à quels résultats s'attend-on ?

Lors des derniers sondages, c'est le Kokoomus, le parti conservateur de centre-droit résolument pro-européen dont est issu le Premier ministre, qui dominait la partie. Il obtenait environ 24% des intentions de vote. Vient derrière le Parti du Centre, un parti d'opposition d'où est issu Olli Rehn, commissaire européen aux affaires économiques. Il est divisé en son sein pour ce qui est de la question européenne : certains de ses députés sont pro-européens, d'autres eurosceptiques. Il obtiendrait un peu moins de 20% des votes. Il est talonné par les eurosceptiques "Finlandais", qui sont à 17%, même si leur leader assez charismatique, Timo Soini, n'est pas candidat. Les sociaux-démocrates sont juste derrière, à 16%, et restent ensuite les "petits" partis : chrétiens démocrates, verts, les socialistes et communistes...

A quel niveau de mobilisation s'attend-on ? Qu'est-ce qui incite (ou au contraire décourage) les électeurs finlandais à se mobiliser ?

Comme dans beaucoup d'autres pays européens, la participation des Finlandais au scrutin européen est plutot faible (41% en 2009, comme en France). On ne s'attend pas à beaucoup plus cette fois-ci. Pour eux, il est pourtant facile de voter, ils peuvent même le faire plusieurs jours en avance. Mais si les Finlandais ne se déplacent pas en masse pour ce scrutin, c'est parce que beaucoup d'entre eux se sentent éloignés de l'Europe et de ses débats. Une chose pourrait, cependant, les encourager : la candidature au scrutin de pointures de la politique, dont plusieurs ministres très connus dans le pays. 

Qu'en est-il des partis dits eurosceptiques ? Pourraient-ils, comme cela devrait-être le cas en France, effectuer une percée ?

Il peut toujours y avoir des surprises, mais on s'attend à une poussée eurosceptique. Les Finlandais vont progresser par rapport à 2009 : ils n'avaient obtenu que 9% des votes à l'époque. Cette fois-ci, on s'attend à des résultats qui avoisinent les 20%. 

Ancien bon élève de l'Europe, la Finlande replonge en récession après deux trimestres de baisse successifs de la croissance.  Quelles sont les conséquences de cette récession sur la campagne ?

Le chômage, surtout celui des jeunes, revient beaucoup dans les débats. Par ailleurs, le gouvernement applique un budget très resséré par rapport aux années précédentes, pour éviter l'endettement. Les aides sociales à l'enfance, par exemple, ont été réduites. Les Finlandais acceptent ces sacrifices, mais commencent à les trouver lourds, surtout que la croissance ne repart pas, et que le chômage ne baisse pas. Le climat est très morose et les gens, plutot pessimistes. 

La Finlande dispose d'une frontière importante avec la Russie. Les événements en Ukraine ont-ils fait irruption dans cette campagne européenne ? Il y a t-il des craintes par rapport au voisin russe qui pourraient conduire les Finlandais à se tourner encore plus vers l'Europe ?

Les événements en Ukraine font évidemment partie de l'actualité en Finlande, mais pas forcément de la campagne européenne. Le débat porte plus sur la question d'une adhésion à l'Otan, les Finlandais se disant que l'Europe ne pourrait surement pas vraiment les protéger au vue de son attitude en Ukraine. Par ailleurs, rares sont les Finlandais à croire à une invasion de leur pays par la Russie. S'il y a de temps en temps des petites provocations à la frontière (un avion militaire qui passe la frontière sans prévenir, etc.), elles n'ont pas de grosses conséquences. Les Finlandais voient plus la Russie comme un débouché économique, un débouché d'autant plus important que côté européen, la crise pousse à une baisse des exportations.

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