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Tour d’Europe des campagnes pour les Européennes : direction l’Allemagne
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Et chez vous, comment ça va ?

Première étape de notre tour d'Europe des campagnes pour les élections européennes : l'Allemagne, où l'attention des électeurs et des médias se porte sur le grand voisin russe, l'immigration de masse et les excès des régulations européennes.

Jakob Höber

Jakob Höber

Jakob Hoeber est chercheur associé en économie, compétitivité et modèles sociaux européens à l'Institut Thomas More.

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Atlantico : A l'approche des élections européennes, quels sont les principaux thèmes qui occupent les débats en Allemagne ? Par quels partis sont-ils portés, et sont-ils focalisés sur l'Europe en elle-même, ou bien les préoccupations d'ordre national prévalent-elles ?

Jacob Höber : Les discussions sur l'Union Européenne en Allemagne se focalisent, comme dans la plupart des pays européens, sur les questions nationales. Étonnamment, la crise de la dette et les versements aux pays en difficulté que les Allemands associent à cette question, ne font pas partie du débat – lié certainement à un événement d'actualité plus présent, la crise en Ukraine. Mais même ce sujet n'est que peu discuté dans le cadre européen, les arguments tournent plutôt autour de la justification de l'annexion russe de la Crimée, et non des implications que ce changement dans les relations avec le voisin de l'Est engendre – et pour l'Allemagne, et pour l'ensemble de l'Union.

De même pour le débat autour de la liberté de la circulation en Europe. Avec l'ouverture des frontières avec la Roumanie et la Bulgarie, certains partis notamment l'Alternative für Deutschland (AfD), mais aussi la CSU, parti conservateur en Bavière, cherchaient à gagner des votes grâce à une prise de position dure vis-à-vis cette question. Or, leurs dirigeants ont, confrontés à des chiffres de l'impact réel, dû admettre en public qu'une immigration massive n'a pas eu lieu et qu'elle impliquait tout d'abord de la main d’œuvre qualifiée. Pour cette raison le sujet figure toujours dans les programmes des dits partis, sans pour autant être mis en avant par eux.

Un sujet qui réunit la plupart des partis est leur dite opposition à la régulation démesurée par les institutions européennes – une perception partagée par beaucoup d’Allemands. Même les Libéraux (FDP), habituellement avec une forte vocation pro-européenne, s’orientent légèrement dans cette direction. Bien que la plupart des règles et directions faites à Bruxelles soient au moins portées par les gouvernements nationaux, il s'agit d'une idée reçue trop forte pour être ignorée par les rédacteurs des programmes électoraux.

Quant aux négociations du partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP), ce sujet a surgi bien plus tard en Allemagne qu'en France, mais a un impact considérable pendant ces dernières semaines avant les élections. Porté notamment par les Verts qui demandent un redémarrage des négociations sous des conditions plus transparentes, ils sont défendus par le gouvernement des conservateurs et social- démocrates – qui restent pourtant prudents sur la question puisque une forte opposition au sujet commence à se former en Allemagne.

Un deuxième sujet réellement européen concerne la sécurité des données informatiques suite aux révélations faites par M. Snowden. Pourtant ce débat est aussi biaisé par un regard national, où les discussions entre Mme. Merkel et M. Obama priment sur les positionnement du Parlement européen. Ainsi, une majorité d’Allemands préfère trouver des réponses au travail de la NSA au niveau européen – mais considère que le gouvernement allemand serait dans une meilleur position pour négocier avec les Etats- Uns que les Institutions européennes.

Quelles sont les forces en présence, et à quels résultats s'attend-on ?

L'Union des conservateurs (CDU/CSU) a une confortable avance sur les autres partis avec autour de 40% dans les sondages. La deuxième place va aux Social- Démocrates, avec 27%, suivi par les Verts (10%). L'AfD et La Gauche rassemble 7% chacun, le reste se répartit entre les autres partis.

Il est important de noter que la Cour constitutionnelle a aboli la barre de 3%, en vigueur auparavant. Ceci devrait permettre à plusieurs petits partis d'envoyer des députés à Bruxelles et Strasbourg. Aussi, puisque les électeurs des petits partis se mobilisent habituellement plus facilement, ce qui devrait corriger les chiffres des grands partis vers le bas, et donner un léger coup de pouce aux petits partis.

A quel niveau de mobilisation s'attend-on ? Qu'est-ce qui incite (ou au contraire décourage) les électeurs allemands à se mobiliser ?

Le niveau de mobilisation devrait être le même que celui des dernières élections européennes, à 43%. Puisque des élections régionales ont lieu dans un grand nombre de Länder et un plébiscite à Berlin, beaucoup dépendra pourtant de la mobilisation des électeurs qui veulent voter pour ces événements, mais pas forcément aux Européennes.

Qu'en est-il des partis dits eurosceptiques ? Pourraient-ils, comme cela devrait-être le cas en France, effectuer une percée ? Pour quelles raisons ?

Le seul parti à vocation clairement eurosceptique en Allemagne est à présent l'AfD. Avec ses 7% dans les sondages, elle pourra parler d’une réussite, qui ne sera probablement pas plus que symbolique. Déjà aujourd'hui, les tensions au sein du parti sont grandes et parfois ouvertes, et l'organisation de la jeunesse a créé des éclats avec des positions ouvertement racistes – ce qui ne contribue pas à la popularité du parti. Or, puisque l'euroscepticisme connaît un effet rassembleur en Allemagne comme dans beaucoup de pays en Europe, d’autres partis comme la CSU et La Gauche ont pris des positions contre Bruxelles. La montée de l'AfD connaît alors des conséquences bien au-delà du parti même.

Propos recueillis par Gilles Boutin

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