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(Tentatives de) contrôle de l’immigration : Emmanuel Macron dans les pas de ses prédécesseurs
©Reuters

Flux et reflux

Le 16 janvier, Emmanuel Macron est attendu pour un discours devant les forces de sécurité. L'occasion de se poser la question de la position du président en matière d'immigration.

Jacques Barou

Jacques Barou

Jacques Barou est docteur en anthropologie et chargé de recherche au CNRS. Il enseigne les politiques d’immigration et d’intégration en Europe à l'université de Grenoble. Son dernier ouvrage s'intitule La Planète des migrants : Circulations migratoires et constitution de diasporas à l’aube du XXIe siècle (éditions PUG).

 

 

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Atlantico : Emmanuel Macron se rendra ce mardi 16 janvier ​à Calais où il prononcera un discours devant les forces de sécurité, notamment en présence du ministre de l'intérieur. Au regard des différentes annonces et discours, du projet de loi asile-immigration, de ses annonces européennes sur ces questions, mais également de ses déplacements sur le continent africain, quelle est la position d'Emmanuel Macron sur la question migratoire ? Que révèlent ses discours et ses actes de sa vision d'ensemble du phénomène, et de son approche ? 

Jacques BarouLa position d'Emmanuel Macron, telle qu'elle s'exprime à travers ses discours, ses actes et ses déplacements ainsi qu'à travers la loi en préparation vise à une meilleure maîtrise des flux migratoires afin d'éviter les débordements qui se traduisent par une accumulation de gens dormant dans les rues, des concentrations difficiles à contrôler et qui se déplacent sans cesse. Il veut sans doute sincèrement accueillir décemment les migrants mais pour cela il ne veut pas mettre des moyens très élevés, redoutant à la fois l'effet d'appel et les réactions négatives de l'opinion publique. La solution est de ralentir et de diminuer les flux par des politiques de coopération avec les pays de départ et des pays de transit et de se "partager le fardeau" avec les pays de l' U.E. Elle passe aussi par la sélection des migrants en situation réelle de demande d'asile et de rejet des demandes de caractère plus économique, ce qui implique un travail de "tri" qui fait bondir le secteur associatif et une partie de sa majorité. Sa marge de manoeuvre est très étroite.

En quoi cette philosophie globale se différencie-t-elle, ou non, de celle de ses prédécesseurs ? En quoi l'évolution des problématiques de la question migratoire elle-même peut-elle s'accorder avec cette approche ? 

Sa position n'est pas très différente de celle de ses prédécesseurs. Il faut jongler entre la question de "l'honneur de la France" et celle du réalisme, ne pas entacher l'image de la France auprès de l'opinion par une politique répressive et ne pas encourager un phénomène qui prend de l'ampleur depuis quelques années  par une politique trop généreuse. On est toujours dans la dialectique exprimée par Rocard : on ne peut pas accueillir toute la misère du monde mais on doit en prendre sa part, tout en souhaitant en secret qu'elle soit la moins lourde possible.  Sans qu'il y ait de menace d'invasion, il y a tout de même depuis quelques années une hausse continue de la pression migratoire. Derrière les demandeurs d'asile venus du Proche et moyen orient arrivent des personnes fuyant la pauvreté de certains pays des Balkans et d'Afrique subsaharienne qui ne sont pas en situation de guerre et l'absence d'autorités régulatrices dans certains pays de transit comme la Libye ne facilite pas la maîtrise des flux. Face à ce constat la mise en place d'une politique de "ralentissement" des arrivées paraît inévitable et il faut la mettre en place tout en sachant qu'elle risque de comporter des "ratés" qui radicaliseront les diverses oppositions à cette politique, d'un côté ceux qui déploreront que le nombre d'irréguliers ne cesse d'augmenter et de l'autre ceux qui s'indigneront d'injustices perpétrées contre les personnes en quête d'asile. 

Après avoir déclaré "La solution miracle n'existe pas mais il y a des choses à améliorer" Emmanuel Macron, se rend ce jour à Calais en préalable au sommet franco-britannique de ce jeudi 18 janvier. La question calaisienne pourra-t-elle réellement trouver une solution durable sans ouvrir une renégociation des accords du Touquet ? Le ministre de l'intérieur a ainsi pu indiquer, ce 14 janvier, souhaiter un "protocole additionnel" à ces accords pour une plus grande prise en charge des migrants par les Britanniques. Une telle solution peut-elle être suffisante ? 

La question de Calais se pose maintenant depuis plus de vingt ans quelles que soient les initiatives prises par les deux gouvernements. Alors que la Grande-Bretagne sort de l'U.E, il ne faut pas attendre de sa part beaucoup de coopération dans la prise en charge du problème. Même si les accords du Touquet sont renégociés, le problème persistera.

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