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Télétravail : le difficile retour au bureau
©BERTRAND GUAY / AFP

Monde d'après

Et si la pandémie et les confinements nous avaient laissé en héritage une allergie à ce qu’on nous dise où nous devons nous trouver ?

Caroline Diard

Caroline Diard

Caroline Diard est professeur associé au département Droit des Affaires et Ressources Humaines à la Toulouse Business School.

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Après des mois en télétravail, certains travailleurs témoignent avoir du mal à revenir dans l’enceinte de l’entreprise. « l’allergie au présentiel » est-elle une réalité ? 

Il faut signaler tout d’abord que les collaborateurs ont une sorte de résistance au changement. Quand on leur a annoncé qu’ils étaient contraint de télétravailler, il y a eu des freins et des résistances, mais peu à peu ils ont appris à travailler de chez eux et une nouvelle relation co-managériale à distance a été construite avec une organisation beaucoup plus libre. Une nouvelle forme d’autonomie a été installée. 

Les employés ont pris leurs habitudes et se sont rendus compte des bénéfices et des risques du télétravail. Ils ont découvert que le télétravail libérait du temps que l’on ne gaspillait pas dans les transports, que ce temps pouvait être utilisé pour travailler sur des dossiers ou des activités de loisirs. Il est alors devenu précieux. Aujourd’hui, des candidats au recrutement souhaitent intégrer des entreprises en télétravail et c’est un indicateur fort. Les employés sont très demandeurs de cette nouvelle forme d’organisation et ont une autre vision de la relation managériale. 

À l’heure actuelle, revenir au bureau signifie pour certaines personnes une perte de liberté et moins d’autonomie dans l’organisation du travail. L’idéal alors est un retour en hybride avec des jours au calme où l’on se consacre à des missions et d’autres où l’on va faire des missions en équipe. C’est donc la meilleure solution à proposer aux « allergiques ». 

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Cette allergie au présentiel n’est pas forcément une réalité. Les employés ont organisé leur vie personnelle différemment et ils voient une relation managériale différente. Ce sont des électrons libres et il est difficile de revenir en arrière. Nous sommes donc confronté à cette nouvelle forme de résistance au changement. On ne gère pas des machines, mais des individus avec des peurs, des craintes ou des idées arrêtées. 

Globalement, le télétravail est plébiscité. À la fois par les employeurs que par les salariés. Il doit être négocié pour que cela arrange tout le monde. 

La non-négociation est-il donc ce qui rend le télétravail problématique ? 

C’est ce qui provoque une résistance au changement. Ils se braquent lorsqu’on leur impose un choix sans leur demander leur avis. Quand on ne sollicite pas l’approbation d’un individu, on s’expose à de la réticence. Certaines entreprises ont lancé tout de suite des négociations avec une formalisation pour que le télétravail soit étendu dans l’entreprise afin de cadrer certaines choses comme la déconnexion avec la mise en place d’une prévention sur les risques psycho-sociaux. On donne ainsi des indicateurs aux salariés afin de montrer que l’on ne fait pas ce que l’on veut. Aujourd’hui, on a donné de la liberté aux employés et on leur reprend, il faut donc expliquer cette nouvelle situation. Si l’on prend soin d’expliquer les nouvelles directives du ministère du Travail avec un dialogue social et une négociation, on aplanit la situation. 

La clef du succès est le dialogue social. Les salariés sont des êtres humains avec un goût pour la liberté, une nouvelle relation managériale qui leur convenaient est en train de disparaître et on en train de leur dire que l’on change tout.  

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