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Pour François Fillon, la meilleure réponse à S&P est un nouveau traité européen
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Mauvais augure

Standard & Poor's a placé lundi sous perspective négative quinze pays de la zone euro, menaçant de dégrader de deux crans la note française et d’un cran la note allemande. La décision sera liée aux résultats du sommet européen prévu jeudi et vendredi à Bruxelles. La classe politique réagit massivement.

[Mis à jour le 6 décembre à 16h15]

Lundi, Standard & Poor's plaçait quinze des dix-sept pays de la zone euro - dont la France - sous perspective négative. Mardi, l'agence de notation a fait de même avec le Fonds européen de stabilité financière. Le FESF risque de voir son triple A abaissé d'un ou deux crans, en fonction de ce qu'il adviendra des notes de ses deux principaux contributeurs, la France et l'Allemagne.

Moritz Kramer, responsable des notations des Etats pour l'Europe de S&P, a précisé lors d'une conférence téléphonique que les décisions de l'agence de notation étaient suspendues aux résultats du sommet européen de la fin de semaine. "Nous examinerons si les mesures (qui seront annoncées) sont susceptibles de ramener la confiance", a-t-il fait savoir.

François Fillon, qui s'exprimait mardi après-midi devant l'Assemblée nationale en préambule au Conseil européen du 9 décembre, a tout fait pour ne pas laisser pointer d’inquiétude face à ce double avertissement. "D'une certaine façon, c'est un appel à une gouvernance politique et économique plus solide, et notre réponse est sans ambiguïté : c'est l'accord franco-allemand élaboré hier par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel", a-t-il déclaré, avant d'ajouter que l'élaboration d'un nouveau traité européen était la meilleure réponse possible. "Nous ne devons laisser aucun doute aux investisseurs sur notre détermination à défendre la zone euro", a-t-il conclu.

Plus tôt dans la matinée, François Baroin a estimé sur I-télé, que "l’union nationale, ça serait vraiment  bien". La veille,  le ministre de l'Economie avait exclu que la France se lance dans un troisième plan de rigueur, puisque qu’il y avait "de la marge pour un éventuel ralentissement économique”. 

Mais à écouterFrançois Hollande, l'union nationale est mal engagéeLe candidat socialiste à la présidentielle s’est refusé à parler de la menace de Standard & Poor's car il ne souhaite pas "faire un commentaire sur un pronostic", a-t-il déclaré sur France Inter mardi matin. Mais il a par contre voulu "pointer deux reproches"  que l'agence fait à la France : "il n’y aurait pas assez de croissance pour atteindre les objectifs de réduction des déficits publics en 2012" et "notre système bancaire est fragile et pourrait être recapitalisé". Pour lui, ces "reproches" sont la preuve que "la situation marque un échec de la politique conduite depuis cinq ans"François Hollande a par ailleurs estimé que l’annonce d’un nouveau traité par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel n’était "pas suffisante". 

Sur Europe 1, Jean-François Copé a tenu le discours inverse. Le secrétaire général de l'UMP a "remercié les électeurs" français et allemands d'avoir voté pour Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, dont les annonces lundi l'ont convaincu. Concernant Standard & Poor's il a estimé que "personne ne peut dire que le AAA est perdu ou gagné. Il s'agit seulement d'une alerte" sur "la capacité politique ou non à réformer"



Pour le ministre des Affaires étrangères, invité de RTL, la décision de l'agence est une "menace, ce n'est pas une décision, mais bien sûr qu'il faut la prendre au sérieux". Mais Alain Juppé a également estimé que l'accord Sarkozy-Merkel était une bonne "réponse" aux menaces de Standard & Poor's.

Standard & Poor’s, l’une des trois principales agences de notation, a annoncé lundi qu’elle plaçait quinze des dix-sept pays membres de la zone euro sous surveillance avec une implication négative. La France et, surprise, l’Allemagne, font désormais partie des pays menacés, ainsi que les quatre autres pays qui, comme les deux leaders européens, bénéficient encore d’une note AAA (Pays-Bas, Luxembourg, Finlande, Autriche).

Un satisfecit qui pourrait ne plus leur être décerné pour très longtemps : une mise sous surveillance avec implication négative signifie que S&P est en train de revoir les notes attribuées aux pays concernés et qu'elle pourrait décider de les baisser dans les trois mois à venir.

Mais de ce top six, c’est la France qui pourrait souffrir le plus : sa note pourrait être dégradée de deux échelons a estimé Standard and Poor’s, quand celle des cinq autres n'est menacée que d'un cran. Reste que c’est la première fois que l’Allemagne voit sa note menacée par une agence de notation depuis le début de la crise, un signe forcément peu encourageant. Les neuf autres pays de l’union monétaire qui otn déjà perdu leur triple A pourraient subir le même sort que la France et perdre deux crans. Seul Chypre et la Grèce, dont les notes sont déjà sérieusement dégradées, ne sont pas concernés par la mise en garde de l’agence américaine.

Risque de récession dans la zone euro

Standard & Poor’s justifie sa mise en garde par “les tensions systémiques dans la zone euro [qui] ont augmenté ces dernières semaines jusqu'au point de faire pression à la baisse sur le degré de solvabilité de la zone euro dans son ensemble". Sont notamment dans le collimateur de l’agence le resserrement des conditions de crédit dans la zone euro et les primes de risques élevées réclamées par les marchés, y compris pour les pays notés triple A. Même l’Allemagne a ainsi échoué, mercredi dernier, à écouler près de la moitié de son émission obligataire, sans doute en raison d‘un taux trop bas ou d’une défiance accrue des marchés.

L’endettement élevé des ménages et les risques de récession de la zone euro en 2012 inquiètent également Standard and Poor’s. L’agence avait  estimé la semaine dernière que la que la France devrait connaître une progression de 0,3 % du PIB en 2012 alors qu'elle prévoyait 0,8 % auparavant. Pour l'Allemagne, elle revoyait ses prévisions de  0,8 % à 1 % et pour l'Italie à 0,1 % contre 0,2 %. Des progressions de PIB très faibles, qui alimentent les pronostics de récessions.

Mais la mise sous surveillance négative de la zone euro est également justifiée par la situation politique de l’Europe, affirme l’agence. Elle pointe les désaccords entre les hommes politiques européens pour redonner confiance aux marchés à court terme, et ce quelques heures pourtant après que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont annoncé, après une réunion à l’Elysée, un accord “complet” concernant le renforcement de la gouvernance de zone euro et un nouveau traité européen à négocier dès mars 2012. La réunion entre le président français et la chancelière allemande marquait le début d’une semaine qui se veut, une nouvelle fois, décisive et sera conclue par un sommet crucial des dirigeants de l’Union européenne jeudi à Bruxelles.

La suite de plusieurs avertissements 

Un sommet que l’agence américaine scrutera assurément de façon très attentive. Si elle s’est donné trois mois pour rendre sa décision quant à l’abaissement des notes des pays concernés, elle a souligné qu’elle pourrait trancher dès la fin de la réunion des Européens. Leur capacité à prendre des mesures communes concrètes sera donc essentielle.

Pour la France, cette annonce est inquiétante, mais concrètement, elle n’est pas surprenante. Les mises en garde des agences de notation, notamment de Standard & Poor’s - qui est pour l’instant la seule agence d’envergure à avoir dégradé la note des Etats-Unis -  se sont multipliés ces dernières semaines. Standard and Poor’s avait, par ailleurs, le 11 novembre, laissé filtrer par erreur un communiqué annonçant la dégradation de la note française…Fin novembre, La Tribune avait par ailleurs déjà annoncé les intentions de S&P de placer la note de la France sous perspective négative. Moody’s et Fitch Ratings ont également estimé récemment qu’une éventuelle aggravation de la crise dans la zone euro pourrait menacer le triple A de la France.   

Dès l’annonce de la mise sous perspective négative de la dette, Paris et Berlin ont réagi pour réaffirmer "que les propositions formulées [lundi] conjointement permettront de renforcer la gouvernance de la zone euro afin de rétablir la stabilité, la compétitivité et la croissance".  Il leur faudra mettre en oeuvre concrètement ces promesses lors du sommet de Bruxelles jeudi et vendredi, sous peine de subir une nouvelle fois la loi des agences de notation.

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