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Les salaires condamnés à stagner dans les pays développés
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Pas de panique

Tout augmente, sauf le SMIC... Rien d'anormal, finalement, pour les pays développés : la croissance étant désormais structurellement molle, les salaires ne peuvent plus progresser. Pourtant, la mondialisation nous permet d'augmenter notre pouvoir d'achat, même si nous ne nous en rendons pas compte...

Béatrice Majnoni d'Intignano

Béatrice Majnoni d'Intignano

Béatrice Majnoni d'Intignano est professeur d'économie à Paris XII-Créteil.

Elle est l'auteur de Santé et économie en Europe (PUF, Que sais-je ?, 4e édition, 2007).

 

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Atlantico : Que pensez-vous de l'idée que les salaires sont condamnés à stagner dans les pays développés pour les années à venir ?

Béatrice Majnoni d'Intignano : Cela me paraît logique, car les salaires dépendent du surplus distribuable, c'est à dire à la fois de la croissance du produit national - qui est faible et devrait le rester, notamment en France - et de la productivité. Il n'y a pas grand chose à distribuer, car la plupart des profits sont réalisés à l'étranger, ou la croissance est forte. 

Ensuite, ce quelque chose doit être réparti entre salaires et profits : le rapport reste relativement stable dans la plupart des pays, autour de deux tiers pour les salaires et un tiers pour l'investissement, et il a diminué seulement en Allemagne. En France, on a tenté de modifier cette répartition au profit des salaires après le choc pétrolier, mais cela a provoqué de l'inflation, et elle est revenue à son niveau antérieur : il n'y a donc pas beaucoup de moyens d'agir dessus.

Mais ce constat n'est pas forcément triste ! Dans une économie mondialisée, les salariés gagnent du pouvoir d'achat par la baisse des prix avec les importations : par exemple, on a gagné un mois de travail de pouvoir d'achat avec la baisse du prix de l'automobile depuis le choc pétrolier, et c'est la même chose avec les téléphones, les ordinateurs ou les vêtements. Les gens ont l'impression que tout cela est très cher, mais c'est parce qu'il y a désormais trois ou quatre téléphones par famille ! Le gain de pouvoir d'achat est donc invisible, mais réel.


Peut-on parler d'un jeu à somme nulle avec le rattrapage des pays émergents ?

Non, car ce sont eux qui tirent la croissance. C'est heureux qu'ils nous rattrapent : ils ont vécu dans la pauvreté pendant des années. Quant à nous, notre croissance potentielle est faible, mais si l'on regarde le 20e siècle, elle n'a finalement été forte que pendant les Trente Glorieuses ! Nous sommes donc revenus à la "normale".


Néanmoins, malgré la faible taille du gâteau, certains prennent des parts plus grosses que d'autres...

Oui, le surplus de croissance, notamment apporté par les nouvelles technologies, est essentiellement capturé par les emplois qualifiés et la finance. Mais c'est beaucoup moins important en France qu'ailleurs : les inégalités salariales ont peu augmenté, se cantonnant seulement à une petite frange d'ultra-riches, car la redistribution est forte. C'est d'ailleurs en partie à cause des prélèvements sociaux que la croissance des salaires est faible.

A long terme, il faut donc qualifier la population, mais surtout la pousser à travailler : beaucoup d'entreprises, dans le bâtiment ou l'énergie, disent qu'elles ont actuellement des problèmes à recruter. Elles ne peuvent recruter que des étrangers, car les Français ne travaillent pas. La France a un niveau d'activité trop faible.

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