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SOS intelligence en détresse : 2 points de QI perdus par décennie
©STAN HONDA / AFP

C’était (vraiment) mieux avant

Une étude norvégienne pense pouvoir prouver que nos ancêtres étaient plus intelligents que nous. Et l'explication se trouverait peut-être dans nos assiettes.

Barbara Demeneix

Barbara Demeneix

Barbara Demeneix est biologiste, directrice du département Régulations, développement et diversité moléculaire au MNHN de Paris.

Elle est également l'auteure du livre Le Cerveau Endommagé, éd. Odile Jacob, 2016

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Atlantico : Selon les résultats publiés dans une nouvelle étude norvégienne menée par Ole Roggenburg et Bernt Bratsberg, du centre de recherche économique Ragnar Frisch, sur 730 000 hommes ayant fait leur service national entre 1970 et 2009, le niveau de QI moyen connaîtrait une pente descendante depuis 1975 ( après une ascension continue lors des précédentes années), avec une perte de 2 points par décennie. Alors que plusieurs études avaient pu déjà montrer de tels résultats, sans pour autant être suffisants pour prouver une telle tendance, cette nouvelle publication peut-elle représenter une confirmation solide de la baisse des niveaux de QI ? 

Barbara Demeneix : Ma réponse est oui ! Une partie de la population est victime d'une baisse plus ou moins significative de ses capacités intellectuelles. Cette démonstration s’ajoute aux études finlandaise et danoise qui montraient déjà que cette baisse de QI n’était pas nécessairement basée sur l’éducation. N’oublions pas que dans ces pays le taux d’éducation est exceptionnel ! L’étude le précise, la cause est environnementale. Cela ne correspondrait donc pas à un changement de génome. 
De la baisse de la lecture aux problèmes d'éducation en passant par l'environnement, ou encore l'alimentation, quelles sont les causes de cette tendance à la baisse du niveau de QI ? 

La cause principale documentée par les scientifiques est l’exposition prénatale aux perturbateurs endocriniens. De nombreuses études ont ainsi démontré que cette exposition est beaucoup plus nocive que l’exposition post-natale, autrement dit, pendant la lactation, la petite enfance ou l’adolescence.

Tous les stades de développement du cerveau sont critiques. Mais le développement précoce du cerveau est particulièrement vulnérable. L’alimentation entre en compte prénatalement. Tout ce que fait la génitrice aura une influence : ce qu’elle mange, ce qu’elle met sur sa peau, ce qu’elle respire... Les produits omniprésents dans notre environnement affectent la signalisation thyroïdienne. Ces dernières années ont mis en exergue le fait que des dizaines de substances nocives présentes dans le liquide amniotique interfèrent avec l’action des hormones thyroïdiennes. Cet affaiblissement du quotient intellectuel généralisé pourrait être ainsi dû à la présence de perturbateurs chimiques des hormones thyroïdiennes. 

Ces 9 mois d’exposition, en particulier les trois premiers, sont les plus vulnérables. Selon les derniers chiffres publiés par l'ONU, la production d’éléments chimiques a été multipliée par 300 depuis les années 70 ! Nous sommes tous contaminés, entourés de produits chimiques, et nous commençons seulement à nous alerter maintenant en constatant les résultats. 

Cette tendance peut-elle être considérée comme réversible ? Par quels moyens ? 

Quand on voit les statistiques, il est clair que c’est au cours de ces 50 dernières années qu’a eu lieu cette augmentation massive de produits chimiques sur le marché. Cette pollution est due à une absence de législation efficace qui est actuellement en train de doucement se mettre en place, mais avec beaucoup de retard. 

La première solution serait donc de légiférer !  L’Europe a mis en place une réglementation des perturbateurs endocriniens pour les pesticides et les biocides. Il faut maintenant l’étendre aux cosmétiques et aux emballages des produits alimentaires. Les retardateurs de flamme qui sont incorporés dans les produits de consommation pour les rendre moins inflammables contaminent aussi l'air, le sol et l'eau et donc notre propre organisme ! Il y a beaucoup de travail à faire. 

On peut donc tenter de diminuer son exposition en surveillant la composition des produits que nous consommons. Consommer du sel iodé est aussi une idée importante à mettre en avant. 

Il y a aujourd’hui, en effet, une grande part de la population en manque d’iode. Ces personnes exposées vont subir une double peine car ce manque rend davantage vulnérable aux produits chimiques qui attaquent la signalisation thyroïdienne. 

Pour ce qui est de l’éducation, il est évident qu’elle entre aussi en jeu et que cette baisse de QI est multifactorielle. 

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