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SOS génération inquiète : radiographie des attentes et des angoisses économiques des millennials dans les pays développés
©LOIC VENANCE / AFP

Business

Les « millenials » dans le monde : 13% sont au chômage, 80% rêvent de devenir entrepreneurs et 73% estiment ne pas avoir les compétences pour affronter l’avenir.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Une série d’études montre que les jeunes de 18 à 35 ans ont des caractéristiques et des préoccupations communes dès lors qu’ils vivent dans un pays développé.

Les jeunes dans le monde développé, ceux qui ont entre 25 et 35 ans ont à peu près les mêmes caractéristiques, et les mêmes attentes.

Le taux de chômage mondial des jeunes atteint 13 % (mais 20% en France), une écrasante majorité rêve de devenir entrepreneurs mais 2% seulement réalise ce rêve. Plus de 70 % des jeunes ont conscience de ne pas avoir la formation et les compétences nécessaires pour assurer leur avenir. Leur demande porte donc sur l l’expertise et l’aptitude aux changements et au vivre ensemble. 

L'organisation des Nations-Unies, qui célébrait cette semaine les journées mondiales des compétences des jeunes, ont rassemblé un certain nombre d’études, d’enquêtes et d’analyses qui dressent une radiographie du jeune de moins de 35 ans issu d’un pays développé et immergé dans la mondialisation et le digital.

L’organisation internationale du travail (l’OIT) a sorti son étude sur les grandes tendances 2018 de l‘évolution du travail chez les jeunes, UDEMY, la plus importante entreprise de formation en ligne a publié un rapport qui décrit les Millenials sur le marché du travail ». Enfin, on dispose aussi de l'étude Workforce VIe in Europe menée par ADP (Automatic Data Processing), le leader mondial des solutions de Ressources Humaines, menée sur cette population de jeunes.

Pour simplifier, cette radiographie révèle trois grandes caractéristiques.

1er caractéristique, le chômage. C’est le souci numéro UN. Le taux de chômage des jeunes au niveau mondial serait de 13% de la population des 25-35 ans avec des pointes à 20 ou 25 % dans certains pays de l’Europe du sud dont la France. Ce chômage indique clairement que l'arrivée sur le marché du travail n’est pas une opération facile. Alors, au delà des facteurs conjoncturels, il apparaît que c’est la révolution digitale (plus que la mondialisation) qui a durci les conditions d’accès au travail. L’automatisation, la robotisation et l’intelligence artificielle ont paradoxalement un caractère anxiogène. Cette modernité a fait disparaître un tas de petits jobs (peu intéressants et peu payés certes, mais qui ouvraient une porte pour l’entrée dans la vie active). Pour les mieux formés des millenials, le digital dont ils sont les premiers promoteurs, est aussi porteur de telles évolutions qu’ils suscitent chez les jeunes la crainte de se voir déclasser assez vite par des plus jeunes.

Une des causes possibles du chômage serait donc liée à l’inadéquation entre les compétences acquises et celles demandées par les employeurs.

2e caractéristique, le déficit de compétence. Les millenials, les jeunes nés entre 1981 et l’an 2000, avec la révolution digitale, sont reconnus comme l'une des générations les mieux préparées en terme d’éducation et c’est sans doute vrai pour tous ceux qui ont eu la chance d’avoir une éducation secondaire et primaire et cela quelque soit le pays développé sur la planète. Ces jeunes ont été baignés dans le digital et plongés dans la mondialisation. Pour la première fois dans l’histoire, on peut dire qu'il existe en germe, une élite mondiale assez homogène en termes de savoir et d’expertise. Ils sont d’ailleurs imbibés par une culture du résultat beaucoup plus que leurs parents qui était encore impactés par les idéologies.

N’empêche qu’ils savent que le moteur de cet écosystème, c’est l’innovation et le changement, il est donc porteur d’incertitudes. Sauront-ils assumer les évolutions technologiques vertigineuses, d’autant qu’ils savent aussi qu’ils auront à travailler plus longtemps que leurs parents.

Selon la plateforme mondiale d’apprentissage, UDEMY, 73% des millenials dans le monde estiment qu’ils auront nécessairement besoin d’une formation supplémentaire pour faire progresser leur carrière. Ne serait-ce que pour compenser leur manque d’expérience professionnelle.

De toute façon, dans un monde qui change de logiciel tous les 3 ou 5 ans, l’obsolescence de l’expérience est programmée. 6 millenials sur 10 pensent d’ailleurs que les employeurs ont des attentes déraisonnables de changement. En fait, les employeurs répondent à la pression financière dont les acteurs réclament des return toujours plus élevés et toujours plus rapides. On touche là aux effets pervers du capitalisme anglosaxon qui a contaminé l’ensemble de l’occident à partir des années 2000.

La pression de ce capitalisme financier est imputable à la compétence et à l'avidité des traders de Londres ou de New York, mais aussi au fait qu’ils travaillent pour le compte de fonds dont les adhérents sont en général plus âgés que la moyenne. Un fonds de retraites est par nature stressant compte tenu qu‘il doit servir ses adhérents très vite. Leur espérance de vie étant courte. Le vieillissement de la population occidentale n’est pas étranger à l’accélération du changement technologique et à la montée du stress dans les jeunes générations.

Pour évoluer dans ce monde numérique, mondialisé et financiarisé, les jeunes ont besoin de compétences technologique certes, mais ils ont aussi besoin de compétences « soft skills » c’est à dire des compétences douces, des aptitudes à la critique, la créativité, l’empathie, à la relation humaine, au sens du compromis et bien sur, au sens du résultat. L’apprentissage de ce type de compétences est plus rare et plus compliqué.

3e caractéristique : la soif d’être entrepreneur. Est-ce un effet collatéral de la montée du stress pour les salariés d’entreprise, toujours est-il que le nombre des jeunes qui rêvent de devenir entrepreneurs est très important : 62 % des salariés français. Mais passer du rêve à la réalité est plus difficile. 18,5 % des salariés préparent sérieusement un projet pour devenir indépendants ou freelance et 2,4% seulement passent à l’acte.

La flexibilité et la liberté attirent donc une grande majorité de Français, surtout les moins de 35 ans qui rêvent d’être « leur propre patron ».

Les italiens sont encore plus gourmands d’indépendance, comme les anglais. Les salaries de l’industrie et la culture sont les plus pressés de franchir le pas.

Conclusion : Cette radiographie interpelle forcement les chefs d’entreprise s’ils veulent attirer les talents et les conserver. Ils ont, dans l‘évolution actuelle une responsabilité importante. Ils ne doivent offrir à leurs salariés, seulement une rémunération comme le disait Marx en parlant « du juste salaire qui permet de reconstituer la force du travail ». Le salaire ne suffit pas. Les salariés ont évidemment besoin de mobilité, de liberté mais aussi d’assurance que doit leur apporter le chef d’entreprise au moyen de la formation permanente, de la transparence d’information sur la stratégie. Le salarié a besoin de savoir où l’entreprise va l’emmener et à quel prix. Ça fait évidemment partie de la raison d’être de l’entreprise, au delà de la satisfaction client et du bénéfice du salarié.

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