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Sommet européen : les dirigeants 
d'accord pour "vivre ensemble", 
et les peuples ?
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EDITORIAL

Depuis jeudi, les dirigeants européens cherchent un accord sur la croissance et la supervision bancaire. L'Italie et l'Espagne ont réussi à négocier des mesures supplémentaires, faisant plier une Allemagne inquiète de voir son économie tirée vers le bas par les pays du Sud.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’Europe vient de se  livrer à l’un de ses psychodrames favoris. Alors qu’elle paraissait au bord du gouffre, elle trouve les moyens d’un compromis, sans doute limité et qui en appellera d’autres, mais elle avance dans la douleur, au forceps. Cette fois, paradoxe de l’histoire, ce sont  l’Espagne et l’Italie, proches de l’asphyxie financière, qui ont fait plier leurs partenaires, en menaçant  de faire exploser l’euro si on ne leur venait pas immédiatement en aide. Et ceci au moment, où elles sont les deux finalistes de la coupe européenne de football, une performance qui leur confère une aura incontestable auprès des peuples du vieux continent, après avoir terrassé leurs partenaires, y compris l’Allemagne.

La négociation a été tendue, aboutissant comme d’habitude aux petites aubes à un compromis technique complexe dont la philosophie est pourtant simple. Le mécanisme européen de stabilité, sorte de fonds de sauvetage, pourra acheter des dettes d’un pays membre « qui le mérite » et recapitaliser les banques sans passer par les Etats, ce qui devrait permettre à la fois de faire baisser les taux d’intérêt et d’éviter l’asphyxie du crédit. Cet accord jette les fondements des futures euro-obligations qui permettront une mutualisation des dettes. Certes, ces moyens sont limités pour l’instant puisque sa capacité représente vingt pour cent de l’ensemble des dettes espagnoles et italiennes, mais la banque centrale européenne pourra intervenir en seconde main, ce qui éloigne pour l’instant le risque d’asphyxie et devrait favoriser l’indispensable retour de la confiance pour assurer le bon fonctionnement des marchés.

C’est un pas encore modeste vers la mutualisation des dettes, réclamée par la France. La porte est entrebaillée ; cela n’exclut pas des retours en arrière, dont le passé a fourni des exemples, car la marche en avant de la construction européenne n’est jamais linéaire.

Les progrès accomplis résultent avant tout des concessions effectuées par l’Allemagne, inquiète de voir son économie tirée vers le bas en raison de l’affaiblissement de la conjoncture de ses partenaires. De son côté, la France a multiplié ces derniers jours les signes pour apporter des garanties  suffisamment fortes pour faire bouger les lignes, notamment en matière d’économies annoncées dans la fonction publique et en laissant entendre qu’elle pourrait ratifier la règle d’or qu’elle refusait jusqu’ici avec énergie.

Au total, les dirigeants européens ont réaffirmé leur volonté de vivre ensemble. Il reste à faire passer le message dans l’opinion. Car l’Europe est associée souvent à l’austérité, ce qui explique la montée du populisme et de ses dérives protectionnistes dans la plupart des pays. La crise financière a contribué à obscurcir la vision des citoyens, à dissoudre l’idée européenne comme si celle-ci n’était plus capable de rendre les services que l’on attend d’elle. Le plan de relance de 120 milliards tentera d’apporter un  contrefeu, mais sa réalisation demandera du temps : pour rendre l’Europe compréhensible à l’électeur de base, l’atout majeur demeure la diminution du chômage, qui résulte encore du pari.

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