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Gilad Shalit : révélateur du rééquilibrage de la politique israélienne de la France
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France/Israël

Le soldat franco-israélien Gilad Shalit doit être libéré mardi. L'occasion de revenir sur les relations qui unissent la France à Israël, depuis la création de l'État Hébreu.

Guillaume Lagane

Guillaume Lagane

Guillaume Lagane est spécialiste des questions de défense.

Il est également maître de conférences à Science-Po Paris. 

Il est l'auteur de Questions internationales en fiches (Ellipses, 2021 (quatrième édition)) et de Premiers pas en géopolitique (Ellipses, 2012). il est également l'auteur de Théories des relations internationales (Ellipses, février 2016). Il participe au blog Eurasia Prospective.

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La libération de Gilad Shalit, soldat israélien d’origine française, illustre bien la nature actuelle de la relation entre la France et l’État hébreux. Depuis sa capture par le Hamas en 2006, Paris a multiplié les pressions en faveur du jeune homme, âgé à l’époque de 19 ans. Mais cet appui à Israël n’est pas toujours allé de soi. 

France/Israël : quand des relations solides tournent à l'aigre

L’alliance entre la France et Israël est très solide sous la IVe République (1945-1958). Beaucoup de dirigeants de l’époque, issus de la Résistance et marqués par le génocide, veulent soutenir le nouvel État juif, né en 1948. Alors que la France vient d’accorder l’indépendance au Liban et à la Syrie (1946), Paris trouve dans Tel-Aviv un relai d’influence au Proche-Orient.

Avec le coup d’État qui porte Nasser au pouvoir en Égypte en 1952, les deux alliés se rapprochent encore. Tel-Aviv sait que Nasser cherche la destruction d’Israël. Quant à Paris, il reproche au nouveau maître du Caire de promouvoir un « fascisme arabe » nationaliste et xénophobe, de menacer ses intérêts économiques (nationalisation du canal de Suez) et de livrer des armes aux insurgés du FLN que combat l’armée française en Algérie. La « crise de Suez », c’est-à-dire l’occupation du Sinaï égyptien par une coalition anglo-franco-israélienne, en 1956, constitue l’apogée de l’alliance. Durant toute la période, Paris fournit à Israël de nombreux équipements militaires et l’aide même à développer un arsenal nucléaire.

Avec la naissance de la Ve République, en 1958, les relations franco-israéliennes tournent à l’aigre. L’Algérie devenue indépendante (1962), le général de Gaulle lance une « politique arabe » de réconciliation avec les régimes nationalistes (Egypte) et les monarchies conservatrices de la région. Si les livraisons d’armes se poursuivent au début des années 1960 (notamment des avions de chasse Mirage III), la guerre des Six Jours en 1967 marque la fin de l’alliance avec Israël. Paris critique « l’agression » israélienne et refuse de poursuivre ses livraisons alors que Tsahal se heurte aux armées arabes. De Gaulle a des mots malheureux sur les Juifs, « peuple d’élite, juif, sûr de lui et dominateur », qui provoquent une rupture psychologique avec l’ancien allié.

Dans les trois décennies qui suivent, la France poursuit cette politique de rapprochement avec des États arabes hostiles à Israël. Elle s’ouvre ainsi de faramineux marchés d’armement, notamment dans le Golfe, mais perd progressivement toute influence sur le processus de paix israélo-arabe. De son côté, Israël trouve dans les États-Unis un nouvel allié de référence.

La politique étrangère de la France depuis Nicolas Sarkozy

La présidence de Nicolas Sarkozy, depuis 2007, tente une sorte de synthèse entre ces deux époques. Certes, la « politique arabe » n’est pas abandonnée. Invitant les dictateurs libyens puis syriens à Paris en 2008, la France tente, en partenariat avec l’Égypte, d’étendre son influence par le biais d’une Union pour la Méditerranée (UMP) aux objectifs assez vagues. Paris s’emploie également à défendre des positions commerciales (vente du Rafale) et politiques menacés dans le Golfe en ouvrant une base militaire à Abou Dhabi en 2009.

Mais, personnellement attaché à Israël, la « seule démocratie du Moyen-Orient », Nicolas Sarkozy tente aussi de réchauffer les relations avec l’Etat hébreux. Si fin 2008 la France juge l’intervention (opération « Plomb durci ») de Tsahal à Gaza « disproportionnée », elle n’en condamne pas moins le Hamas. Paris, qui fait partie des critiques les plus sévères du programme nucléaire de l’Iran, s’érige en défenseur de la « sécurité d’Israël ». Et l’intervention militaire en Libye, début 2011, pour chasser le colonel Kadhafi du pouvoir semble renouer avec la politique de Guy Mollet en 1956, le succès en plus.

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