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SNCF : quand le droit de retrait imite (abusivement) le droit de grève
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Agression d'un contrôleur

Après l'agression d'un contrôleur jeudi, nombre de ses collègues ont invoqué leur droit de retrait et cessé leur travail. Une telle situation, si tragique soit-elle, justifie-t-elle la mise en route du droit de retrait ?

Patrick  Crasnier

Patrick Crasnier

Patrick Crasnier est aujourd’hui journaliste et photographe de presse indépendant.

Il est psychologue et psychanalyste de formation.

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Le code du travail prévoir le « droit de retrait » quand les salariés sont soumis à un danger grave et imminent. Les employés de la SNCF (et quelques autres) ne profitent-ils pas de ce droit pour engager des grèves sauvages et rémunérées ?

Le droit de retrait est un droit individuel, c’est l'une des premières choses à affirmer si l’on veut comprendre la suite. En effet il n’y a théoriquement pas d’appel au droit de retrait par une organisation quelconque, c’est seulement devant un danger que chaque salarié peut invoquer ce droit de retrait et cesser son travail. Les textes et jurisprudences sont nombreux dans ce domaine, le danger doit être grave et « imminent », sans quoi ce droit de retrait peut être considéré comme un appel à la grève. La seule chose qui change c’est que la grève est théoriquement non rémunérée alors que le droit de retrait est intégralement payé si le danger grave est reconnu.

Seconde partie du processus, le danger étant grave et imminent, l’employeur a le devoir de faire cesser ce qui cause ce danger et une fois cette action réalisée les salariés sont priés de reprendre leur travail. Comme nous le voyons, il ne peut donc pas y avoir d’actions nationales de droit de retrait, il ne peut pas y avoir de danger imminent partout à la fois et pourtant !

Les employés de la SNCF ont pourtant le droit de retrait très facilement mis en route pour tout et n’importe quoi. Il est évident que la première pensée doit aller à ce pauvre contrôleur qui s’est fait agressé par un déséquilibré, mais ce malade aurait aussi pu agresser un passager, un piéton, un commerçant. Rien qui ne montre un danger grave et imminent sur l’ensemble du territoire. Les passager restant sur les quais, ne pouvant pas rentrer chez eux après une journée de travail sont les dindons de cette mauvaise farce. On peut dire avec ce qui se passe aujourd’hui que Sudrail profite du détournement d’un texte de loi du travail pour instituer une grève sauvage, détournant en même temps l’obligation de continuité du service public et ce, au mépris de tous sans risquer une seule sanction.

Alors la seule question qui se pose est : peut-on laisser cela se développer sans rien dire ? Nicolas Sarkozy a eu le malheur de dire "maintenant quand il y une grève cela ne se voit pas". On pourrait ajouter quand il y a détournement du droit de retrait cela se voit beaucoup.

Nous ne sommes pas au bout de nos peines dans cette affaire, la situation va pourrir comme d’habitude aux dépens des clients (usagers). Dans une entreprise privée, le DRH serait déjà intervenu pour rappeler à la loi et signifier que ce droit de retrait non justifié ne sera pas rémunéré et considéré comme une grève. Là, impossible : il n’y a pas de DRH faisant son travail, pas de respect non plus du code du travail par la fonction publique. (Il n’est qu’à voir l’usage abusif des CDD à répétition jamais sanctionnés). En attendant les passagers du train sont redevenus des piétons.

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