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Sida : qui sont les Français ayant aujourd'hui le plus de comportements à risque ?
©Reuters

Prévention et dépistage

La 20e édition du Sidaction a démarré vendredi pour trois jours. On estime à 150 000 le nombre de personnes séropositives en France. Parmi elles, 50 000 ne le sauraient pas.

Atlantico : Quelle strate de la population prend le plus de risques face au sida aujourd'hui ? Les jeunes sont-ils toujours la partie de la population sensible ? 

Gislaine Duboc : La population des 40-45 ans reste celle qui prend le plus de risques, ils ont encore ce marquage culturel où ils pensent qu'ils sont préservés. Dans leur esprit, le sida est inenvisageable. Très souvent, ils pensent qu'ils connaissent la personne en face d'eux et de fait, que le risque n'est pas présent, ce sont des idéologies vieilles de vingt ans.

Concernant les jeunes, un autre problème persiste, l'éducation est essentiellement pornographique. Nous sommes passés d'une pratique interdite à un acte complètement décomplexé et naturel. Il y a également l'idée d'un rapport sexuel facile comme dans les séries et les films de leur génération, nous ne voyons pratiquement jamais de préservatifs sur les écrans. Il y a un côté spontané et excitant où le préservatif n'a pas sa place. Ils ne perçoivent pas qu'en se donnant, ils donnent d'une certaine manière leur vie. L'angoisse du sida ne fait pas partie des mœurs des jeunes encore aujourd'hui.

Quelles sont les attitudes et comportements les plus risqués ? Les tests de dépistage sont-ils plus réalisés qu'auparavant ? 

Tous les comportements sont risqués. Par contre, la prise de sang lorsque l'on décide de se mettre en couple chez les 25-30 ans, est devenue une tradition. Elle n'est réalisée qu'une seule fois, les couples n'osent pas refaire un test même si le couple s'est un peu éloigné à un moment.

Quelle évolution pouvons-nous dresser d'un point de vue comportemental ? 

Pour les relations liées à un contact sur les sites de rencontres, les personnes en général ont le réflexe du préservatif. La plupart des personnes lorsqu'elles vont sur ces sites ont un schéma sexuel dans leur esprit. Néanmoins, lorsque l'on passe au stade de la relation affective, les personnes ne savent plus quoi faire du préservatif et ne le mettent plus. C'est un vrai problème, les sentiments l'emportent sur la prévention. Le Sida disparaît comme si le fait d'être amoureux protège de la maladie.

Nous observons tout de même une évolution, il y a 20 ans, les gens pensaient à prendre la pilule, à utiliser un contraceptif. Lorsque le sida est apparu, c'était dans les débuts difficile d'aller faire un test ensemble. La société y voyait une certaine perversion, faire le test était associé à une sexualité débridée. Un puritanisme régnait encore sur la sexualité. Aujourd'hui c'est entré dans les mœurs pour les 20-30 ans, la sexualité n'est pas vampirisée.  

Est-ce par manque d'informations ou par manque de prise de conscience du danger ? Ou est-ce justement le trop plein d'informations de prévention qui engendre un rejet ? 

Pour les 20-30 ans, le danger est très difficile à percevoir car les jeunes se pensent immortels. La sensation de mort n'existe pas. Pourtant, une information est passée car le rituel du test dans les prémices du couple est acté même si on distingue des inégalités entre les personnes plus instruites sur le sujet et les autres. Cependant, le fait de ne pas mettre de capote est un acte de confiance envers l'autre, il est encore bien trop présent dans l'imaginaire collectif.

Effectivement, le trop plein d'informations suscite un rejet de la prévention. De plus, les images préventives n'associent pas vraiment le sexe et le préservatif, le sexe et la prise de sang ou encore le sexe et la mort. La conscience du danger n'apparaît pas, elle n'est pas véhiculée.

Quels sont les raisons pratiques qui font que ces personnes prennent le risque en toute connaissance de cause ? 

D'un point de vue pratique, le préservatif est mal vécu chez les hommes. Il y a peu de films ou de séries qui font du préservatif un jeu sexuel. Le lancement des capotes au goût de fruit, stimulantes ou autre n'ont pas suffit à rendre l'acte facile. De plus, de nombreux hommes ont beaucoup de mal à avoir une érection sous préservatif, cela crée une véritable peur. Le préservatif est perçu comme un ennemi sexuel, un réducteur de plaisir car il peut faire baisser la performance. Il y a rarement de jeux érotiques avec le préservatif. De plus, l'éjaculation reste une source de plaisir vécu extraordinaire dans l'esprit des personnes, ceux qui mettent un préservatif ont l'impression de rater ce moment.

La sexualité protégée n'est pas assez valorisée dans notre société.

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