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Si tout le monde s’accorde à voir Emmanuel Macron en président de droite, y-a-t-il alors eu un seul dirigeant de gauche au pouvoir depuis 1983... ?
©JOEL ROBINE / AFP

Privatisations, vraie fausse rigueur budgétaire ou aides aux entreprises...

Aides aux entreprises ou privatisations sont des politiques souvent reprochées à Emmanuel Macron par ceux qui le taxent d'être un président de droite. Pour autant, Lionel Jospin est le Premier ministre ayant le plus procédé aux privatisations et plusieurs Premier ministres de gauche ont appliqué des politiques d'austérité.

Yves Michaud

Yves Michaud

Yves Michaud est philosophe. Reconnu pour ses travaux sur la philosophie politique (il est spécialiste de Hume et de Locke) et sur l’art (il a signé de nombreux ouvrages d’esthétique et a dirigé l’École des beaux-arts), il donne des conférences dans le monde entier… quand il n’est pas à Ibiza. Depuis trente ans, il passe en effet plusieurs mois par an sur cette île où il a écrit la totalité de ses livres. Il est l'auteur de La violence, PUF, coll. Que sais-je. La 8ème édition mise à jour vient tout juste de sortir.

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Yves Roucaute

Yves Roucaute

Yves Roucaute est philosophe, épistémologue et logicien. Professeur des universités, agrégé de philosophie et de sciences politiques, docteur d’État en science politique, docteur en philosophie (épistémologie), conférencier pour de grands groupes sur les nouvelles technologies et les relations internationales, il a été conseiller dans 4 cabinets ministériels, Président du conseil scientifique l’Institut National des Hautes Etudes et de Sécurité, Directeur national de France Télévision et journaliste. 

Il combat pour les droits de l’Homme. Emprisonné à Cuba pour son soutien aux opposants, engagé auprès du Commandant Massoud, seul intellectuel au monde invité avec Alain Madelin à Kaboul par l’Alliance du Nord pour fêter la victoire contre les Talibans, condamné par le Vietnam pour sa défense des bonzes.

Auteur de nombreux ouvrages dont « Le Bel Avenir de l’Humanité » (Calmann-Lévy),  « Éloge du monde de vie à la française » (Contemporary Bookstore), « La Puissance de la Liberté« (PUF),  « La Puissance d’Humanité » (de Guilbert), « La République contre la démocratie » (Plon), les Démagogues (Plon).

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Atlantico : Aides aux entreprises, suppression de l'ISF ou privatisations sont des politiques souvent reprochées à Emmanuel Macron par ceux qui le taxent de président de droite. Pour autant, Lionel Jospin est le Premier ministre ayant le plus procédé aux privatisations et de nombreux premiers ministres étiquetés à gauche ont appliqué des politiques d'austérité.  Pour quelles raisons certaines idées appliquées par la gauche sont-elles désormais perçues comme étant à droite en France ? Qui est à l'origine de ce basculement ?

Yves Michaud : Il règne en réalité partout une très grande confusion d’idées.

Les aides aux entreprises peuvent être de droite comme de gauche – tout dépend de leurs montants et de leurs effets économiques, voulus ou ratés. On a vu les gouvernements, de droite comme de gauche, intervenir pour sauver des entreprises ou des sites en crise, souvent sans succès, avec des entreprises qui empochaient les aides sans donner les contreparties promises. On a vu des aides partant de bonnes idées (le Crédit impôt-recherche) détournées de leur finalité par les montages des directeurs financiers. Si l’on faisait la liste détaillée, on s’apercevrait qu’en fait les aides aux entreprises sont plutôt « de gauche » que de droite. Le libéralisme consiste à l’inverse à laisser la compétition agir en diminuant au maximum les interventions de l’État, et notamment les taxes.

Les privatisations, tout le monde les juge indispensables dans le cadre de la réforme d’un État obèse, mais dès qu’on y touche, à droite comme à gauche, on dénonce le bradage des « bijoux de famille ». Aéroports de Paris (ADP) est peut-être une entreprise performante mais ce fut et ça reste un fromage pour recycler des obligés politiques, de droite comme de gauche. Augustin de Romanet qui cumule les conseils d’administration publics et privés et préside ADP est le prototype de ces techno-politiciens. Idem à Air France jusqu’à la faillite de Janaillac après le laisser-faire de Juniac et les douze ans calamiteux de Spinetta qui reconnut à son départ... une seule « erreur » : il n’avait pas vu l’arrivée des compagnies low cost (sic) !

La suppression de l’ISF ? Chirac essaya de le supprimer, Rocard de le plafonner, Sarkozy aussi. Macron l’a supprimé mais en le laissant pourtant subsister comme IFI, établi sur la seule richesse immobilière. Ce qui arrangea les grosses fortunes mais pas les moyennes souvent plombées par l’immobilier.

En fait, la gauche devenue « raisonnable » par conviction ou pour éviter les crises politiques et économiques a largement puisé dans les recettes de la droite et celle-ci, sous sa forme chiraco-juppéiste a pratiqué une politique de gauche radicale socialiste.

Le problème de la classe politique française est que tout le monde est à la fois libéral et étatiste. Ce qui signifie que le libéralisme est toujours de façade et la réforme de l’État toujours remise aux calendes grecques.

A mon sens, il n’y a donc pas de basculement mais un aveuglement largement partagé par la droite et par la gauche. Même chez les Gilets jaunes, on veut à la fois moins d’impôts et plus de services publics. Le RN est pareillement aveugle : au nom du nationalisme, il ne dit jamais rien sur l’obésité et la faible productivité de l’État.

Yves Roucaute : On pourrait s’amuser à paraphraser le philosophe grec Héraclite : tout bouge, tout change, on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve politique. Le débat aujourd’hui est entre le Rassemblement National et Emmanuel Macron, faute d’autres acteurs au niveau des défis à relever. C’est un fait. Certes, une grande partie des appareils politiques classiques que l’on appelait auparavant « gauche » et « droite » n’ont pas bien compris le bouleversement survenu en France. Certains ne veulent pas le voir, d’autres l’attribuent à un jeu cynique d’Emmanuel Macron. C’est une erreur de diagnostic. Ce n’est pas Emmanuel Macron qui a fait venir la crise et le dépérissement de la gauche et de la droite, mais c’est parce qu’il y avait une crise de la droite et de la gauche incapable de coller au réel qu’Emmanuel Macron est venu pour emporter la mise. Il a profité de l’occasion. En ce sens il a été un excellent politique car c’est cela être un bon politique : profiter de l’occasion. Profiter de la situation, c’est d’ailleurs ce que je lui avais indiqué autour d’un verre lors d’une réception d’un ami qui recevait par lui la Légion d’Honneur quand il n’était encore que ministre mais il suffisait de voir sa réaction et son sourire malin pour comprendre qu’il n’avait pas eu besoin de moi pour en arriver à cette conclusion (rires). 

Aujourd’hui, les mots « gauche » et « droite »  prêtent à beaucoup de confusion et ceux qui s’en réclament ressemblent un peu à des brocanteurs qui voudraient fourguer des faux. Les élections européennes l’ont encore démontré, la gauche et la droite française que nous avons connues ont disparu. 

Macron n’est pas un Président de gauche, c’est vrai. Mais comment pourrait-il l’être ?  Qu’est devenue l’ancienne gauche ? Symptôme de sa disparition idéologique : il faut être aveugle pour croire qu’en additionnant toutes les prétendues gauches, on obtiendrait une gauche qui aurait près de 20% des voix. Sans évoquer même le fait que 20% quand la gauche arrivait à être majoritaire il y a encore 20 ans, ce n’est guère une preuve de bonne santé, je mets au défi de trouver, sinon dans la détestation du gouvernement, des perspectives communes au candidat des socialistes, du socialiste dissident Hamon, des communistes, des trotskystes et du populiste Mélanchon. L’addition des haines ne fait pas une politique. Surtout que ces distributeurs de haine se détestent tout autant. Leur truc, au lieu de se demander lucidement pourquoi ils disparaissent, est de prendre le mot « libéralisme » et le mot « mondialisation » et de le garnir de toutes les peurs sociales et écologiques en croyant qu’ils vont ainsi par ce tour de passe-passe attirer le gogo et reprendre quelques plumes. Regardez ce qu’ils ont fait quand le mouvement des Giles jaunes s’est construit par les réseaux sociaux contre les taxes sur les carburants. Ils ont pris leur vielle antienne et ils ont dénoncé le « libéralisme ». Comme si les libéraux avaient pu être d’accord avec l’augmentation des taxes étatiques alors que  l’ADN du libéralisme, dans tous les pays du monde, c’est le refus des taxes et de l’étatisme ! Je pourrais multiplier les exemples : la gauche n’existe plus sous son ancienne forme parce que les conditions sociologiques ont disparu, des ouvriers de l’industrie et agricoles aux employés du privé et qu’elle est incapable de sortir de ses schémas du siècle dernier pour poser une alternative au Rassemblement national qui ne s’appellerait pas Emmanuel Macron. Une preuve : contre les classes populaires, oubliant même le marxisme, la plupart défendent le droit des migrants de venir travailler à bas prix et d’entrer dans le pays pour profiter des avantages acquis par les luttes sociales sans contrôle social, sans exigence culturelle de respecter les mœurs, en particulier la dignité des femmes. Le gauchisme, cette maladie infantile du communisme et du socalisme, a bel et bien emporté la gauche avant que Macron n’arrive sur les lieux. 

D’un autre côté, la « droite française » conduite par François Xavier Bellamy  est tout autant inadaptée. Où sont passés les libéraux, les chrétiens démocrates, les radicaux, les gaullistes de gauche, pompidouliens ou bonapartistes à la Pasqua qui faisaient la force de l’UMP et rendait possible son alliance avec le centre de François Bayrou? Ils ont fui, bien entendu ! Et on les comprend. Le général de Gaulle allait à la messe mais, profondément laïc, jamais cet homme qui a donné le droit de vote aux femmes à la libération n’a prétendu être la voix de l’Eglise. Avec Wauquiez et Bellamy on a vu le camp des Versaillais et le retour de l’esprit de l’Action française d’avant 1926 ! Encore, je ne voudrais pas que mes amis de Versailles prennent mal cette désignation tant les positions de catholique intégriste du premier sont d’un autre âge. « À titre personnel », il nous a offert un florilège de ringardises qui ont fait froid dans le dos de tous les progressistes, non seulement contre l’avortement mais jusqu’à penser qu’il serait bien d’autoriser les pharmaciens à ne pas délivrer de produits contraceptifs aux femmes ! Et comme chef de la liste, lors de l’affaire Lambert, il avait affirmé le droit de trancher en tant que politique éclairé par Dieu, la questions si difficile pour chacun de savoir en son âme et conscience que faire quand un individu est en souffrance.  Le droit à la vie a proclamé cet inquisiteur dogmatique, ignorant que la République ce n’est pas d’abord le droit à la vie mais le droit à la dignité et qu’il est même possible, tel Charles de Gaulle allant à Londres et les résistants de France de préférer la dignité à une vie serve ou de souffrance. J’avais indiqué, sans besoin de boule de cristal, que ce groupement réactionnaire qui prétend régenter jusqu’aux choix les plus privés à la place des familles, ne dépasserait pas 10%. La France, y compris la France catholique pratiquante, n’est pas  aussi intégriste que ces gens là le croient, elle a bien plus de générosité et de bon sens. La crise des valeurs et l’absence de perspective stratégique étaient là avant Emmanuel Macron. 

Alors Emmanuel Macron est-il un Président de « droite » ? Je n’en crois rien. Il n’est pas de gauche non plus. Qu’il le veuille ou pas, il a dépassé et remplacé les fractures qui nous viennent du XVIIIème siècles, avec le vote de la mort du roi entre cette « gauche » qui l’a votée et cette « droite » qui ne l’a pas votée, et du XIXème siècle, avec le développement des idéologies socialistes qui croyaient que le monde ouvrier allait devenir majoritaire et représentait l’avenir de l’humanité  contre la souffrance sociale. Il n’y a plus de roi, le monde ouvrier est en voie de disparition, l’URSS a implosé en vol, le culte social-démocrate du Dieu Etat a montré ses limites tout comme le culte du dieu Marché quand il en va de répondre à la souffrance sociale. 

La seule question est de savoir si Emmanuel Macron va réussir à mettre la France sur la voie de ce que j’appelle dans Le Bel Avenir de l’Humanité, « la révolution des Temps contemporains » ou si, en raison des réactions dues aux bouleversements et aux peurs induits par l’explosion des sciences et des technologies, la mondialisation et les hybridations, les nouvelles exigences morales individualistes d’intervention nées sur les mille plateaux des réseaux sociaux, il ne va pas pouvoir résister à ce qui se dessine. 

Car la véritable opposition n’est plus entre la droite et la gauche, dont les plus extrémistes rejoindront logiquement le Rassemblent national, mais entre ceux qui soutiennent le camp du progrès et ceux qui le combattent.  

Quels principes sont devenus des piliers du dogme de cette nouvelle "gauche" française ? Peut-on actuellement soutenir une politique économique libérale sans être étiqueté à droite ?

Yves Michaud : Nouvelle gauche ? Nouvelle droite ? Je vois de moins en moins le positionnement politique du macronisme. De la gauche, il récupère le communautarisme, la sensibilité, au moins en paroles, à la bienveillance. De la droite, il récupère le slogan des réformes mais personnellement, je ne vois aucune réforme sérieuse. Des deux, il récupère la technocratie.

A trop dire qu’on réforme et à vouloir tout réformer à la fois, on bloque les situations. On a rouvert récemment les vannes de l’aide sociale. On se vante de réformes qui ne mènent pas loin – fallait-il un conflit de six mois avec la CGT pour ne rien changer ou presque à la SNCF ? La réforme constitutionnelle est renvoyée à je ne sais quand. On va voir ce qu’il en sera pour les retraites et pour la fonction publique mais l’objectif de 120.000 fonctionnaires en moins est déjà passé aux oubliettes. J’ai bien peur qu’on ait affaire à de l’affichage.

La force du macronisme est cependant bien réelle : c’est de se bâtir sur le constat de l’échec conjoint de la gauche devenue gestionnaire et de la droite devenue radicale-socialiste. Il est bien aidé en cela par le RN qui a fait sien des thèmes de droite (migrations, islam, nationalisme) désormais rendus intouchables et irrécupérables par l’étiquette RN.

Yves Roucaute : L’utilisation du mot « libéral » comme d’un gros mot ne peut faire illusion sur l’incapacité de désigner même ce qui se joue. Il n’y plus de piliers pour l’ex-gauche qui est incapable de penser. Il s’agit d’ores et déjà d’une mouvance qui varie selon des mouvements aléatoires sur la scène sociale, mouvements qui conduiront certains à s’associer au Front national et d’autres à Emmanuel Macron. Ainsi, nombre de socialistes progressistes, voire des communistes, ont déjà quitté et quitteront plus encore les rives gauchistes corpusculaires pour peser contre les archaïques.  Remarquez, je préfère comme philosophe républicain qu’ils restent à l’état corpusculaire avec leur litanie antilibérale plutôt d’aller rejoindre le Rassemblement national  qui leur tend la main.

Et si ce que vous appelez « politique libérale » c’est donner le maximum de liberté possible aux gens, libérer les énergies, permettre la créativité des individus et des entreprises tout en ayant le souci de la souffrance humaine au lieu de donner le pouvoir à la technostructure, alors bien évidemment, la gauche héritière de Jaurès et de Blum ne peut y être oppose et elle la soutiendra comme elle l’a fait dans la passé contre les étatistes de gauche et de droite. Car n’oubliez pas que philosophiquement et politiquement, le libéralisme ce n’est pas et cela n’a jamais été le culte du Marché et de l’argent. Depuis John Locke, qui en est le théoricien, avec Montesquieu au niveau des institutions, jusqu’aux libéraux américains du parti démocrate, le libéralisme c’est d’abord l’affirmation des droits individuels, et du premier d’entre eux, la propriété de son corps et la dignité dans la vie. Le droit d’échanger, ce que certains appellent le marché, ne vient qu’ensuite et à la condition de respecter le premier des droits. 

Mais si vous entendez par « politique libérale » cette caricature venue de l’extrême-gauche idéologique qui serait une politique qui ne se soucie pas de l’humain et de sa souffrance, alors je ne crois pas le moins du monde à son avenir, ni non plus qu’elle soit de « droite ». Libéralisme vient du latin « liber » qui veut dire libre, et Adam Smith lui-même affirmait que la moralité doit nous faire aider notre prochain en souffrance. 

Si Emmanuel Macron est libéral dans le premier sens, il peut soutenir une politique libérale, qui n’est en effet ni de gauche, ni de droite. Mais mon conseil est qu’il ne prononce pas le mot « libéral » sous peine de voir tous les archaïques gonfler leur voix et pousser des cris de crécelle qui le rendraient inaudible (rires).

Selon ces critères, a-t-on eu un seul président ou Premier ministre que l'on pourrait qualifier de gauche depuis 1983 ?

Yves Michaud : Il y a eu, on l’oublie trop souvent, un premier ministre vraiment de gauche, Rocard. Il avait un programme de réforme de l’État, de réforme fiscale et de réforme des aides sociales et a commencé à le mettre en œuvre. Le RMI, ancêtre du RSA, fut créé par Rocard. Sauf que l’ensemble des revenus et allocations était pris en compte pour déterminer qui y avait droit.De même pour la réforme de l’université quand Jospin était son ministre de l’Éducation nationale. Un exemple est très parlant : Rocard créa la CSG pour instaurer un impôt à taux très modéré mais véritablement universel en face d’un impôt sur le revenu devenu illisible et surtout de moins en moins universel (quelque chose comme 17 millions d’assujettis sur 37 millions de foyers fiscaux !). Il n’y avait donc rien de plus absurde que l’idée « de gauche » sous Hollande, de rendre la CSG progressive !

Une politique de gauche devrait être à la fois républicaine (l’adhésion aux principes de la République), engagée dans la réforme de l’État et des établissements publics - pour en éliminer toutes les aberrations de fonctionnement et la multiplicité des niches – et modernisatrice. N’oublions pas non plus que Rocard engagea le changement de statut de La Poste ensuite abandonné aux technocrates frileux qui trente ans après parlent encore de changement….

Nous sommes aujourd’hui complètement perdus, en France comme en Europe en général. Le communisme et le socialisme ont montré leurs limites : l’horreur des camps avec une nomenklatura bien au chaud, ou bien la transformation de l’État en guichet de la Sécu pour clients catégoriels. La droite n’existe plus non plus : ses références historiques et religieuses sont en voie de disparition à une époque où plus personne ne connaît rien à l’histoire et plus personne ne croit sérieusement dans le christianisme. Quant au libéralisme, s’il a servi dans un premier temps à ouvrir les marchés à la concurrence, il s’est presque aussitôt transformé, les techniques numériques aidant, en moyen de spéculation pour les innovants agiles (la financiarisation). Le macronisme vit de cette double mort de la droite et de la gauche. Il ne constitue pas pour autant un corps de principes solides ni clairs. Il est foncièrement flou – le « en même temps »  - et opportuniste.

Tout est à repenser, à droite comme à gauche. A moins que rien ne soit plus pensable dans ce schéma du passé.

Un seul exemple : que penser d’un capitalisme nouveau qui se fonde sur l’innovation technologique et non plus sur l’accumulation primitive ? Que je sache, Apple, Microsoft, Google, Youtube ont commencé dans des garages ou des chambres d’étudiants et pas par l’accumulation vertueuse et luthérienne de capitaux...

Yves Roucaute : La gauche archaïque, opposée au libéralisme vrai, comme nous l’avons précédemment défini n’a jamais exercé le pouvoir, sauf dans les pays totalitaires communistes.  Et partout où elle a pris le pouvoir au nom de cette idéologie antilibérale, à peine arrivée elle s’est encore plus encore empressée de l’oublier, comme le montrent les exemples de François Mitterrand avec ses premiers ministres Laurent Fabius ou Michel Rocard, ou celui d’Alexis Tsipras en Grèce. 

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