Sera-t-il possible de pirater notre cerveau ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les avancées de la science pourront-elles améliorer l'utilisation de notre cerveau ?
Les avancées de la science pourront-elles améliorer l'utilisation de notre cerveau ?
©Pixabay

Lucy

Nous utilisons actuellement 10% de notre cerveau, et donc de notre intelligence. Il existe déjà de nombreux moyens de stimuler toutes nos fonctions cognitives (mémoire, langage, raisonnement, apprentissage, prise de décision, etc). Mais des études vont beaucoup plus loin, et ouvrent un infini champ des possibles...

Andrei Radtchenko

Andrei Radtchenko

Psychiatre, praticien des techniques de stimulation transcrânienne à courant continu et de stimulation magnétique transcrânienne.

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Atlantico : Ces études sont fascinantes et terrifiantes. Pourrait-on observer un "piratage" de certains cerveaux ? Serait-ce l'émergence d'une nouvelle forme de Big Brother ?

Dr Andrei Radtchenko : Non, je ne pense pas que avec le développement des neurosciences on puisse craindre un « piratage » cérébral. Par contre, le fait de pouvoir « capter » l’activité du cerveaux et déchiffrer le message au niveau cortical pour activer des robots et assister des personnes handicapés est une avancée extraordinaire. Ces avancés et ces outils sont également importants pour mieux connaitre le fonctionnement cérébral normal et pathologique.

Parle t-on d'une avancée de civilisation ou d'un risque de dystopie ? Ne risque t-on pas de faire une sorte d'ultra-élite ?

Je parlerais plutôt d’une avancée, mais on pourrait imaginer, si l’accès à des techniques de stimulation, d’optimisation des fonctions cérébrales, de prévention du vieillissement cérébral est réservé à ceux qui auraient les moyens de se l’offrir, on peut forcement s’attendre à des inégalités (troisième vitesse de la médecine ?).

Tout le monde rêve d'être plus concentré, plus efficace, plus éveillé et plus intelligent. Pourquoi se priverait-on des moyens, actuels et futurs, pour booster notre cognition, soit l'ensemble de nos processus mentaux ?

Améliorer, optimiser, compenser en cas de défaillance ou dégradation des fonctions cognitives –  bien sûr. Doper un cerveau qui fonctionne « normalement » c’est un autre sujet. Dans ce cas de figure il s’agit de techniques de « brain enhancement» ou « neuro enhancement »  qui ont été respectivement traduits en français par « augmentation cérébrale », « amélioration cérébrale », « optimisation cérébrale », « dopage cérébral», « botox pour le cerveau », ou encore par « neuro-augmentation », « neuro-amélioration », « neuro-optimisation ». Mais il ya t’il un lien direct entre « la concentration, l’efficacité, l’éveil, l’intelligence » et l’épanouissement d’un individu ?

Ces avancées permettraient-elles de soigner certaines maladies (Alzheimer, Parkinson, etc) ?

Oui, bien sûr, c’est déjà le cas : la stimulation cérébrale profonde est déjà utilisée dans le traitement de la maladie de Parkinson, de la maladie de Gille de La Tourette, des troubles obsessionnels compulsifs résistants, de la dépression résistante. La stimulation magnétique transcrânienne a déjà fait ses preuves en psychiatrie, les recherches sont en cours dans les troubles démentiels. La stimulation transcrânienne par le courant continu tDCS est également étudiée dans la prise en charge des troubles cognitifs.

Quels sont les pays en pointe dans ce domaine ? Observe t-on, notamment dans ces pays, de vastes controverses et des débats éthiques, philosophiques ?

Les questions de traitement des  maladies du cerveau par des techniques de stimulation, mais surtout de neuro-amélioration concernent surtout les pays riches. En France la question a été abordée à travers l’avis rendu en 2012 par le Comité Consultatif National d'Éthique pour les Sciences de la Vie et de la Santé : « Recours aux techniques biomédicales en vue de « neuro-amélioration » chez la personne non malade: enjeux éthiques », qui conclue qu’il faut « considérer la neuro-amélioration avec un mélange de modestie, d’ouverture d’esprit et de questionnement scientifique, en évitant de verser tant dans l’optimisme des « mélioristes » que dans le pessimisme des « antimélioristes », dont les plus extrémistes voient poindre, pour les premiers, un homme « amélioré » pouvant même dépasser l’humain, pour les autres, un homme diminué ».

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