Ségolène Royal, issue d'une famille catholique, née au Sénégal et cousine éloignée de DSK

Ségolène Royal

- D'où vient-elle ?

Avec un ancêtre royaliste et un autre roi de la chaussette, c’est sous le double et très BCBG prénom de Marie-Ségolène – qu’elle simplifiera en Ségolène – que la candidate PS à la présidentielle de 2012 est née dans une famille de militaires, catholique et traditionnelle : huit enfants en neuf ans, dont elle est la quatrième. Père lieutenant colonel d’artillerie de marine, rigide et autoritaire, qui imposait le silence aux repas, après le bénédicité. Grand-père général de brigade. Frère lieutenant colonel à la DGSE, qui a été l’un des protagonistes, en 1985, de l’affaire du Rainbow-Warrior. Ajoutons encore un cousin germain général et une cousine germaine, mère de dix enfants, qui a été membre du comité central du FN.

Les Royal sont d’origine terrienne, avec pour ancêtres de classiques modestes paysans, connus depuis Nicolas Royal, né vers 1630, et établi dans le  village  vosgien de Villacourt, aux confins de la Meurthe-et-Moselle, dont les descendants cultiveront tranquillement la terre jusqu'à ce que les guerres de la Révolution et de l’Empire ne donnent l’occasion à l’un d’eux de se couvrir de gloire sur les champs de bataille. L’homme, qui se nomme Joseph Royal  et est né en 1778, sauvera en effet la vie de son capitaine,  encerclé par les uhlans et sera récompensé par   un   mousqueton   d’honneur, le titre de chevalier de l’Empire et une confortable pension. Retiré à Nancy, il n’avait eu qu’un fils, royaliste convaincu, et qu’un petit-fils, Florian Royal, lequel, bercé par les récits des exploits de l’aïeul, s’en- gagera à son tour très jeune dans l’armée et terminera sa carrière comme colonel. Un royaliste – une fleur de lis décore sa pierre tombale et surtout un patriote forcené qui, âgé de 70 ans en 1914 et voulant coûte que coûte défendre son pays, s’engagera comme simple soldat, pour se retrouver aux côtés des Poilus dans les tranchées.

Un homme qui n’est pas un ancêtre direct de Ségolène, mais qui, n’ayant pas eu d’enfant, avait proposé à l’un de ses cousins resté au village d’élever un de ses fils, prénommé comme lui Florian, qui sera quant à lui son grand-père direct.

Voilà comment ce dernier fera Polytechnique et terminera avec les étoiles de général, sans jamais renoncer au commandement. C’est lui qui, à la suite d’un différent survenu entre son fils et sa belle-fille – les parents de Ségolène – conseillera à celui-ci de faire adresser par huissier à sa femme une demande de divorce. Anéantie et humiliée, la mère de Ségolène prendra ce jour-là sa bicyclette et partira – sous la neige – à Nancy, où sa fille, alors étudiante, la verra faire des des ménages et coucher sur les bancs. Un choc et une immense douleur pour elle, qui assignera son père en justice pour lui réclamer une aide financière… Une étape clé de la chronique familiale, qui pèsera lourd sur le parcours à venir de Ségolène, si peu préparée à cette situation.

Le couple formé par Jacques Royal et Hélène Dehay semblait en effet solide. Les familles s’étaient connues à Nancy et s’étaient même alliées deux fois, une sœur de Jacques ayant épousé un frère d’Hélène. Originaires de Belgique, les Dehay comptaient au nombre des familles aisées de la ville, le père, ingénieur chimiste, y ayant monté une usine de fabrication de peinture sur les bords de la Meurthe, et un arrière grand-père ayant été propriétaire d’une fabrique de chaussettes, à Tomblaine, dans la banlieue de la ville, où son poids économique l’avait fait surnommer le « roi de Tomblaine ».

- Sa famille :

Deux sœurs, placées comme elle sous la protection de la Vierge Marie : Marie Odette et Marie Nicole ; et cinq frères, dont Gérard, le militaire cité plus haut. Vie maritale avec François Hollande, rencontré en 1978 lors d’un week-end entre énarques à Argenton-sur-Creuse, organisé par le futur ministre Michel Sapin. Ils se séparent en 2007, après la naissance de quatre enfants :

•   Thomas (1984), avocat, qui a eu pour compagne la jeune chanteuse Joyce Jonathan (fille d’un père architecte et d’une mère juive tunisienne, Patricia Tartour, directrice et fondatrice de l’agence de voyage Maison de laChine).

•   Clémence (1986), médecin en hépato-gastro-entérologie à Paris.

•   Julien (1987), cinéaste.

•   Flora (1992), étudiante en psychologie.

- Ses racines :

Manche, Sarthe, Marne, Meurthe-et- Moselle,   Meuse, Moselle,   Vosges   ; Belgique ; Luxembourg.

- Ses lieux :

•   cette native d’Ouakam, près de Dakar, a beaucoup bougé pendant son enfance, au fil des mutations paternelles : le Sénégal, Châlons-sur- Marne, la Martinique puis le bourg de Chamagne, près d’Epinal, dans les Vosges.

•   la Toscane, où elle aime passer ses étés.

•   Mougins, près de Cannes, où  elle est   copropriétaire   d’une   villa,   La Sapinière, avec François Hollande.

•   Boulogne-Billancourt, où elle possède un appartement, à deux pas du stade Roland-Garros.

•   Melle, dans les Deux-Sèvres, où elle a une maison de type basque.

- Sa formation :

Pensionnat Saint-Joseph de Cluny, à Fort-de-France. Études primaires et secondaires, à Charmes (Vosges). Bac B (Économique et social), au lycée privé Saint-Joseph d’Epinal (1971). Licence de Sciences Économiques, à Nancy. Diplômée de Sciences Po Paris, en 1978. ENA, promotion Voltaire (1980).

- Ses débuts : 

En faisant preuve de culot, elle obtient in extremis de François Mitterrand, dont elle est la conseillère, d’être investie aux législatives de juin 1988, dans la 2e circonscription des Deux-Sèvres, répu- tée ingagnable pour la gauche mais qu’elle remporte au second tour avec… 50,57% des voix : un résultat qui épate Mitterrand.

- Sa carrière :

Juge au tribunal administratif de Paris, elle est chargée de mission à l’Elysée de 1982 à 1988. Conseillère municipale de Trouville (1983-1986) puis de Melle (1989-1995), elle est élu députée des Deux-Sèvres en 1988, réélue à chaque fois, mais abandonne son siège en 2007 au nom du non-cumul des mandats. Conseillère générale des Deux-Sèvres de 1992 à 1998, elle échoue à la mairie de Niort, en 1995. Ministre de l’Environnement de 1992 à 1993, de l’Ensei- gnement scolaire de 1997 à 2000,  et de la Famille et de l’Enfance de 2000 à 2002. Présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes (2004-2014), elle crée en 2005 son association politique Désirs d’avenir. Vainqueur des primaires socialistes en 2006, elle est candidate du PS à la présidentielle de 2007 (47% des voix face à Nicolas Sarkozy au second tour). Vice-présidente de l’Internationale socialiste, depuis 2008, elle échoue de 102 voix, en novembre 2008, face à Martine Aubry, pour le poste de première secrétaire du PS. Candidate aux primaires du PS pour la présidentielle de 2012, elle  remporte un score de 7%. Elle rate son parachutage à La Rochelle, aux législatives de 2012, où elle battue par Olivier Falorni, un socialiste dissident. Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, depuis avril 2014, elle a écrit plusieurs livres dont Le Ras-le-bol des bébés zappeurs (1989), Ma plus belle histoire, c’est vous (2007) et Femme debout (2009).

- Ses goûts : 

Adepte du bateau et de la gym, elle s’habille en Paule Ka et aime les chan- sons de Julien Clerc et de Joe Dassin (L’Été Indien), Victor Hugo et Marguerite Yourcenar,  tout  en  ayant  une  passion pour Jeanne d’Arc, Lorraine comme elle.

- Elle l'a dit :

"Qui vient sur la Grande Muraille conquiert  la bravitude   –   Fraternité,  fraternité ! – Les gens m’ont vue souffrir, être trahie et résister – Je n’aurais pas dû me laisser voler le congrès de Reims (en 2008) – Même quand je ne dis rien, cela fait du bruit – Mon opinion est celle du peuple français – Ce n’est pas plus mal que ce soit une femme qui soit élue pour faire le ménage – Mon programme est une utopie réalisable - Même si je voulais partir, on me demanderait de rester (au gouvernement)."

- Surprise, surprise !

•   Un de ses ancêtres belges, Claude de Heyd, seigneur de Jenneret, avait été assassiné en 1614 à la suite d’un sombre conflit avec son abbé, auquel il avait violemment reproché de ne pas l’avoir attendu pour célébrer sa messe, un matin où il avait été retardé par une tempête de neige.

•   Par la famille Bride, de Flétrange, elle cousine avec Claude Allègre, et par les Marlier, de Villacourt avec… Dominique Strauss-Kahn.

- Le savez-vous ?

Jeune fille au pair à Dublin pendant l’été 1971, alors qu’elle n’a pas encore 18 ans, elle adhèrera  au PS en 1978, quand elle intègre l’ENA, où elle rencontre François Hollande. Avec le recul, elle pense qu’elle a commis une erreur en médiatisant son accouchement en 1992. Se considérant féministe avant d’être socialiste, elle déteste les plaisanteries graveleuses, tutoie difficilement, embrasse peu et a subi en 2005 une chirurgie de la mâchoire du bas. Elle ne rate jamais une occasion de vanter les produits de Poitou-Charentes, qu’il s’agisse du fromage de chèvre Chabichou ou des charentaises, dont elle fait  distribuer une paire à chaque interne des lycées de la région. Elle annonce au soir des législatives de 2007 sa séparation d’avec François Hollande et après sa défaite à la primaire de 2011, est allée se ressourcer en Inde.

Extraits de "Dictionnaire étonnant des célébrités", de Jean-Louis Beaucarnot et Frédéric Dumoulin aux éditions First , 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici