Sécurité : la France face à l’effet cocotte-minute<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron et Gérald Darmanin lors d'un déplacement officiel sur le thème de la sécurité.
Emmanuel Macron et Gérald Darmanin lors d'un déplacement officiel sur le thème de la sécurité.
©LUDOVIC MARIN / PISCINE / AFP

Aveuglement

La sécurité se dégrade à travers l’Hexagone. L'origine de la crise criminelle repose sur plusieurs facteurs.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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"Ah, si le roi savait ça...", déploraient, sous la monarchie, les paysans et gueux en proie à l'avi­dité nobiliaire. Mais à présent, le président de la République, lointain héritier de ces rois jadis bienveillants, connait-il l'état réel du chaos dans la France de 2022 ? Campagnes pillées... Ci­tés hors-contrôle... Émeutes anti-flics... Cambriolages et agressions... Les petites villes mutant en colonies du 9-3 ? Oui, il le sait. Preuve indéniable, "La nuit tombe deux fois" (Fayard, 2022) livre révélateur de Corinne Lhaik et Éric Mandonnet. On y lit ceci, qui n'a jamais été réfuté : "Tous les soirs, Emmanuel Macron reçoit une longue note confidentielle. Elle dit les horreurs de la société française, ses drames, ses dérives.... Miroir sans tain de la noirceur et de la souf­france humaine". Face à cette litanie crime-terreur, le président est-il lucide ? Oh que oui : "confronté au défi de l'autorité... Il sait ces sujets sensibles, notamment pour les classes popu­laires... (À) l'été 2019, il laisse percer ses craintes : on est en train de perdre les prolos...".

"Les prolos" - noter en passant l'insondable mépris de classe.

L'anarchie gangrenant la France, son environnement criminologique et géopolitique, nourri­ront cette chronique "Enjeux sécurité", durant l'an 2023. Ce que cachent tant et plus l'Élysée et le ministre de l'Intérieur - mais que révèlent nos bases documentaires, désormais musclées par l'intelligence artificielle - nous l'exposerons ici chaque semaine, preuves à l'appui : la "noir­ceur, la "souffrance humaine" ; pourquoi Macron, Darmanin & co., sont de fait, "en train de perdre les prolos" - même, bien au-delà, car voici de récents sondages : (BFMTV-Elabe) "la sécurité se dégrade", oui, 68% (+10% depuis 2020). Pourquoi ? Chacun a compris l'origine de la crise criminelle (Le Figaro) "Il y a trop d'immigrés en France, oui 72%" (63% en 2018).

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Aggravant la situation, car créant un redoutable "effet cocotte-minute", l'attitude de médias asservis, arrosés de millions (sans lesquels ils seraient morts), pour nier le réel criminel. Mé­dias polarisés matraquant sans fin leur propagande - dont un sondage de "Challenges" (15/12/2022), montre que la population se fout éperdument : "Qui doit bénéficier de la soli­darité ?" - Tout en bas de la liste : accueil et secours des réfugiés et migrants... lutte contre le racisme... défense des droits LGBT... actions dans les quartiers difficiles...

Mais li­sons le révélateur récit d'un somnambule de Libé (du 12 novembre passé). Déjà, son titre ef­fraie : "À Nantes, on n'est pas non plus à Chicago" : aïe - c'est ce que bêlait jadis ce pauvre M. Gaudin à Marseille, après les tueries entre gangs. Mais là, Nantes, ses cités chao­tiques de­puis près d'un demi-siècle (Les Dervallières) ; Nantes, ses émeutes anarchistes anti-flics et ses fusillades à répétition (Clos-Toreau... Parc du Crapa...). Nantes et ses 5 magistrats pour 100 000 habitants (moyenne en Eu­rope, 18/100 000...). Sous la plume du docile rêveur, cela devient "Sentiment subjectif... chiffres (du crime) difficiles à évaluer... rumeurs... faits-divers... crispa­tions... Effet C News... Sen­timent de vivre dans une ville dangereuse...".

Cette prose négatrice enrage bien sûr ceux qui subissent, chaque jour plus, le crime et les voyous. D'abord, ceux qui opèrent dans des commerces ou l'industrie - là où l'on dis­tribue des salaires et crée de la richesse. Pour leurs locaux ou boutiques, voici les chiffres offi­ciels de jan­vier-août 2022, sur les mêmes mois de 2021 : vols à l'étalage, + 17% ; vols à main armée et cambriolages, + 13% ; vols avec violences, + 10%. Avis au somnambule de Libé : des vols, pas des sentiments de larcins.

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À Marseille (qui n'est pas Chicago, on s'en souvient) 5 vélos volés par jour en 2022 (+ 10% sur 2021). En fait, bien plus, car il ne s'agit-là que des plaintes pour vols au commissariat.

À Paris, au premier semestre 2022 (sur 2021, mêmes mois) les "atteintes aux biens" explosent de + 27%, plus de 95 000 faits. Dans le XIXe arrondissement, haut lieu du crack, les cambrio­lages sont à + 89% ; bon nombre du fait des "personnes-en-situation-d'addiction", pour parler la novlangue de nos bienséantes précieuses ridicules.

En Seine Saint-Denis - quotité stratosphérique - les vols affectent 34 habitants sur 1 000.

Au conseil de quartier de Bordeaux-Maritime, zone hors-contrôle comme la France en compte des centaines, les habi­tants s'enragent (le 8 décembre) : rodéos... tapages nocturnes... cam­briolages... marchés de la drogue... agressions... "Où est la police ?", crient ces victimes. Qu'ils se rassurent : bientôt, le maire écolo leur allouera des pistes cyclables, des "fermes ur­baines", voire des urinoirs unisexes ; le somnambule de Libé viendra déplorer leurs "crispa­tions" et mé­goter sur le nombre des "faits-divers".

Ah lala ! Tous ces pauvres débiles qu'égarent leurs "sentiments"... Vraiment, ce peuple émotif, qu'un rien effraie, aurait l'urgent besoin d'une avant-garde. On connaît la musique.

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