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Second tour des départementales : "sortir la gauche", nouveau vote utile
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Pour mémoire

Dans les duels entre la droite et la gauche, la droite l'emporte à 56% grâce, notamment, aux report de voix des électeurs FN.

Frédéric Dabi

Frédéric Dabi

Frédéric Dabi est directeur général adjoint de l'Ifop et directeur du pôle Opinion et Stratégies d’entreprise.

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4 électeurs sur 10 ont voté pour sanctionner la politique du président et du gouvernement

Il y a une certaine continuité avec ce 3ème scrutin intermédiaire du quinquennat de François Hollande, qui est une nouvelle fois marqué par le vote sanction et une défaite très lourde de la gauche. Selon le sondage jour du vote Ifop-Fiducial pour Paris Match, iTélé et Sud Radio, 4 électeurs sur 10 ont voté pour sanctionner la politique du président et du gouvernement. Au premier tour, la gauche n'était pas unie dans 80% des cantons. Comme aux élections municipales, le second tour a largement confirmé la piste de droite du premier tour. Aux municipales, cela s'est soldé par 160 villes de plus de 9000 habitants passées à droite. La gauche, qui gérait 61 département, n'en gère plus que 34. 27 départements ont été perdus. Une débâcle qui n'est pas sans rappeler la déroute de 1992, quand la gauche ne présidait plus que 20 départements métropolitains, 23 en comptant l'Outre-mer.

A lire aussi : Valls cressonnisé ? Petit rappel sur les suites de la raclée de la gauche aux régionales 1992

Le FN paye son absence d'alliés et de réserve de voix

Si le fait majeur est cette déroute de la gauche, la droite est logiquement la grande gagnante du scrutin. Nicolas Sarkozy, en tant que président de l'UMP, va tirer parti de cette victoire aux départementales. Le Front national passe de 1 à une cinquantaine d'élus, ce qui ne s'était jamais vu lors des élections départementales. Le FN continue son implantation territoriale et sort de ses bastions historiques des quarts nord-est et sud-est vers la Manche, le sud-ouest, etc. Il ne gagne néanmoins aucun département alors qu'il était en tête dans 34 départements au premier tour. Il paye ainsi son absence d'alliés et de réserve de voix, qu'il n'avait que dans le Vaucluse avec la Ligue du Sud. Il atteint aussi une sorte plafond de verre qui fait qu'il a été battu dans de nombreux duels.

"Sortir la gauche" : le nouveau vote utile qui unit électeurs de droite et du FN

Selon nos sondages Ifop faits en ligne le jour du vote, dans les duels entre la droite et la gauche, la droite l'emporte à 56% grâce, notamment, aux 29% d'électeurs FN qui votent à droite. Dans les duels gauche / FN, la gauche l'emporte avec 54% des voix, un score serré qui s'explique par le fait que 22% des électeurs de droite éliminés votent FN. Dans certains duels, c'est même le FN qui l'emporte, ce qui n'était quasiment jamais arrivé. Dans le cas de duels droite / FN, ce qui est arrivé dans près de 500 cantons, la droite l'emporte avec  59% des suffrages, et l'appui de 29% des électeurs de gauche dans une logique de front républicain. Dans les duels gauche / FN, les électeurs de droite ne sont que 18% à voter à gauche.  L'électorat de gauche a donc plus joué le jeu du front républicain que celui de droite, même si leur principale réaction dans les duels droite / FN est l'abstention, à 64%.  Il y a donc une réelle porosité entre l'électorat UMP et l'électorat  FN. Il y a une logique de vote utile, c'est-à-dire sortir la gauche, l'objectif commun des électeurs de droite et des électeurs frontistes.

Le socialisme départemental ne se concentre plus que dans le quart sud-ouest du pays et en Bretagne

Plusieurs bastions de la gauche sont tombés. Il y a d'abord les fiefs symboliques, avec  la Corrèze, département de François Hollande, l'Essonne, le département de Manuel Valls acquis en 2008, la Seine Maritime de Laurent Fabius et l'Indre-et-Loire présidée jusqu'en 2012 par Marisol Touraine. Les Cotes d'Armor, fief historique remporté par le PS en 1976, c'est-à-dire au tout début de la première poussée du PS dans l'ouest avant les municipales de 1977. Il y a surtout deux basculements notables qui montrent l'effacement territorial du Parti socialiste : les Bouches-du-Rhône et le Nord. C'est d'autant plus marquant qu'en 2011, même si les cantonales avaient été catastrophiques pour la droite, Nicolas Sarkozy avait conservé son département des Hauts-de-Seine. Même en 1992, François Mitterrand avait réussi à conserver la Nièvre malgré la lourde défaite de la gauche. 

Il y a aussi des fiefs de droite où la gauche n'existe plus ou quasiment plus : 0 élu dans la Nièvre, 0 élu en Haute-Savoie, à peine deux élus dans l'Aube… Le socialisme départemental ne se concentre plus que dans le quart sud-ouest du pays et en Bretagne (Finistère et Ille-et-Vilaine).

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