Sarkozy et Hollande : deux grands blessés que beaucoup de choses rapprochent <!-- --> | Atlantico.fr
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Intellectuellement, politiquement, idéologiquement, tout oppose l’ancien et le nouvel hôte de l’Elysée.
Intellectuellement, politiquement, idéologiquement, tout  oppose l’ancien et le nouvel hôte de l’Elysée.
©Reuters

Quolibets

S'ils ne partagent pas les mêmes convictions, les deux hommes d’État ont au moins un point commun : avoir été particulièrement malmenés par leurs ennemis ou leurs proches.

Christian Millau

Christian Millau

Grand reporter, critique littéraire notamment pour le journal Service Littéraire, satiriste, Christian Millau est aussi écrivain.

Parmi ses parutions les plus récentes : Au galop des hussards (Grand prix de l'Académie française de la biographie et prix Joseph-Kessel), Bons baisers du goulag et aux éditions du Rocher,  Le Petit Roman du vin, Journal impoli (prix du livre incorrect 2011), Journal d'un mauvais Français (21 avril 2012) et Dictionnaire d'un peu tout et n'importe quoi (Rocher, 2013)

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Au dessus du marigot puant de la politicaillerie, Nicolas Sarkozy vient d’avoir à l’égard de son vainqueur ce que l’on appelait autrefois dans le langage de la chevalerie : le "beau geste". Une manière élégante de renvoyer à leurs poubelles les lanceurs de boules puantes qui, pendant des années, se sont acharnés contre le Président de la France avec une frénésie quasi hystérique. En répondant à cette invitation et en rendant l’autre soir, à Tulle, un hommage appuyé à son adversaire qu’il venait de défaire, François Hollande, de son côté, a habilement réglé leur compte à quelques-uns de ses vieux "amis ".

Intellectuellement, politiquement, idéologiquement, tout  oppose l’ancien et le nouvel hôte de l’Elysée. Humainement , beaucoup les rapproche. L’un et l’autre ont été blessés. Le premier par ses ennemis, le second par ses proches, ce qui est pire.

Comparé à Pétain, à Laval, à Franco, à Madoff, voire à Hitler, le "sale mec", le "délinquant de la République", le "voyou de la Ve", rien n’a été épargné à Nicolas Sarkozy, de la part de médias baveux de haine qui, de l’Humanité à Marianne, en passant (un cran au dessous) par Libération, le Nouvel Observateur et bien d’autres, ont précipité dans l’évier le débat politique. On n’oubliera pas non plus le "Va te faire enculer, connard ! Ici, t’es chez moi" lancé par un "d’jeune" de la Courneuve ni le "Ah non ! Touche moi pas !" d’un jeune paysan au Salon de l’Agriculture, auquel, perdant ses nerfs, Sarkozy, qui venait de lui tendre la main, avait répondu imprudemment : "Casse toi,pauv’con !".

Dans quelques jours, François Hollande aura autour de sa table, au premier conseil des ministres, des fidéles radieusement aux ordres qui auront sans doute oublié avec quel entrain ils avaient, il n’y a pas si longtemps, glavioté sur leur futur champion. En serrant la main de Martine Aubry, pourra-t-il effacer de son esprit ces fameux "Couille molle…enfoiré …niveau zéro de la politique" ? Et tous ces bons copains qui l’ont humilié comme rarement un homme politique a eu à le supporter , se souviendront-ils de ce qu’ils pensaient de leur chef ?

Laurent Fabius et son : "A-t-on jamais caché un éléphant derrière une fraise des bois ? Monsieur Petite Blague à l’Elysée ? On rêve ! " Ségolène Royal s’exclamant :"Quelqu’un peut me dire ce qu’il a fait pendant 30 ans ?" Arnaud Montebourg lançant son fameux “Hollande, c’est Flanby ! Comment peut-il aspirer à diriger la France ?" Ou encore Pierre Moscovici laissant tomber froidement : “Hollande, c’est le premier secrétaire qui a tout raté". Et je vous fais grâce du "capitaine de pédalo" de Mélenchon ou du "Guimauve le Conquérant" de Guillaume Bachelay, plume "incontournable" de la campagne présidentielle à qui est promis, paraît-il, un grand avenir .

Traînés dans la boue, les deux Présidents n’ont-ils pas au moins cela en commun qui les rapproche sous l'Arc de triomphe place de l’Étoile ?

Autre chose, peut –être, les a affectivement marqués l’un et l’autre : une brûlure d’ordre privé dont ils se sont guéris dans les bras de nouvelles compagnes, apaisantes, qui ont su tourner une nouvelle page de leurs vies.

Je ne vais tout de même pas jusqu’à dire qu’une amitié est en train de naître mais sait-on jamais ?

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