Casse-tête syndical : pourquoi ne sommes-nous pas capables de faire cohabiter salariés du privé et du public dans une même confédération nationale ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Francois Chereque et Bernard Thibault, lors d'une manifestation.
Francois Chereque et Bernard Thibault, lors d'une manifestation.
©Reuters

Motivés, motivés...

La liquidation de SeaFrance a remis en lumière les problèmes qui entourent le syndicalisme français. Mais, sur ce sujet, d'autres questions peu évoquées demeurent...

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Dans les grandes polémiques qui entourent la question syndicale, l’une d’elles est à mon avis insuffisamment et trop lointainement traitée : le poids des fonctionnaires et des entreprises publiques dans les syndicats de salariés.

C’est une particularité bien française de marier ainsi la carpe et le lapin. D’un côté, des fonctionnaires sous statut, des salariés d’entreprises nationales ou d’établissements publics, par nature étrangers à la négociation dans des entreprises directement soumises à la concurrence internationale ou à des principes de rentabilité. De l’autre côté, des salariés du privé, majoritaires dans la population et écrasés par les milliers de pages des codes du Travail et de la Sécurité Sociale réunis, généralement dubitatifs devant la négociation dans le service public qui est, convenons-en, éminemment politique et très éloignée des préoccupations quotidiennes propres aux Français des entreprises. Et tout ce petit monde cohabite dans les grandes confédérations nationales, souvent au prix de conditions et de concessions folkloriques.

Des exemples de folklore ? Des dizaines me viennent.

Certaines confédérations sont littéralement dominées par leurs fonctionnaires, qui se croient investis d’une mission messianique : éclairer les salariés du privé sur la désaliénation de la classe ouvrière, à laquelle, bien entendu, ils n’appartiendront jamais. Ce qui donne des prises de position, dans le secret des instances, totalement bloquantes sur des points majeurs où les partenaires sociaux du privé pourraient tout à fait s’entendre s’ils ne comportaient pas de représentants de la fonction publique dans leur sein. Comment faire comprendre à un fonctionnaire ce qu’est une convention collective, ou un accord de compétitivité, quand le statut de la fonction publique est déterminé par des décrets où la négociation n’a que très peu de place ? C’est évidemment une gageure. Je ne dis pas que c’est impossible. Simplement, le chemin à parcourir n’est ni naturel ni rapide.

On pourrait aussi utilement interroger des gens comme Christian Charpy, ancien directeur général de Pôle Emploi, sur l’attitude de certaines des sections syndicales en interne. A Pôle Emploi, je crois savoir que quelques-unes étaient plus occupées à faire de la politique et à prendre le service public en otage, qu’à prendre en charge les demandeurs d’emploi. J’imagine que ces témoins doivent conserver quelques souvenirs cauchemardesques sur les coups tordus qu’ils ont enduré.

Quelle mesure prendre contre ce terrible biais, qui consiste à donner à 4 millions de fonctionnaires un poids souvent égal, dans les syndicats, aux 18 millions de salariés que compte la France ? Et au fond quelle mesure concrète prendre pour garantir la représentation effective des salariés dans les confédérations syndicales, face à des fonctionnaires qui ne sont concernés ni par le risque de chômage (même partiel), ni par la négociation salariale réelle ?

Sur le plateau de la Chaîne Parlementaire hier, j’ai répété une mesure provocatrice que j’ai déjà exposée par ailleurs : un Glass-Steagall syndical, c’est-à-dire l’interdiction pour les syndicats du public d’appartenir à une confédération représentant des salariés du secteur privé. Autrement dit, la mise en compartiments des syndicats du public et des syndicats du privé.

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