SADS : ce syndrome méconnu de mort subite qui tue de plus en plus de jeunes gens <!-- --> | Atlantico.fr
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La mort subite de l’adulte reste un fléau majeur.
La mort subite de l’adulte reste un fléau majeur.
©Loïc Venance / AFP

Prévention

La mort subite représente un enjeu de santé publique. La mort subite de l’adulte reste un fléau majeur. De plus en plus de jeunes sont concernés par ce problème cardiaque.

François Carré

François Carré

Cardiologue et médecin du sport, François Carré est professeur en physiologie cardio-vasculaire à l’université de Rennes 1. Dans son activité clinique quotidienne, il explore les adaptations à l’exercice de sujets sains et malades pour leur conseiller une activité physique individualisée et sécurisée.

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Atlantico : Quelle est la réalité du syndrome de mort subite de l’adulte ? Comment s’expliquent-ils et en quoi consistent-ils ?

Professeur François Carré : Aujourd’hui, on en détermine près de 50.000 à 60.000 morts subites en France par an. Cela concerne le plus souvent des patients qui ont une pathologie cardiaque connue.

Cela peut survenir aussi avec des pathologies cardiaques méconnues. Parmi ces 50 à 60 000 décès, il y a un grand nombre de personnes âgées de plus de 60 ans. Mais pour les patients les plus jeunes, cela signifie qu’ils ont une cardiopathie méconnue et qui peut se compliquer dans certaines circonstances d’un trouble du rythme cardiaque qui va entraîner un cœur qui va battre inefficacement et l’arrêt cardio-respiratoire si l’on n’intervient pas dans les minutes qui suivent il peut y avoir un décès. Le délai pour intervenir est de trois minutes, d’où l’importance de savoir pratiquer les gestes de secours.  

Les cas des personnes qui ont des cardiopathies peuvent être génétiques. Généralement, il y a des antécédents familiaux. Si dans l’entourage familial, un décès est survenu avant 50 ans, sans raison, il faut en parler à son médecin qui fera un bilan pour vérifier s’il n’y a pas une pathologie dans la famille et que les personnes ne sont pas exposées à ce risque.

La deuxième prévention est que lorsque l’on a des symptômes anormaux, un essoufflement, un effort, l’impression que l’on a des douleurs dans la poitrine quand on fait des exercices ou des palpitations. Il faut respecter ces symptômes et aller consulter son médecin.

Généralement, dans la majorité des cas (de 40 à50%), les personnes qui font une mort subite, même jeunes, ont eu des symptômes avant. Le cœur peut s’emballer au repos. Il faut aller voir son médecin.

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L’autre facteur clé est le mode de vie, notamment des jeunes. Les facteurs de risques classiques cardiovasculaires comme le tabagisme, la sédentarité, une mauvaise nutrition en qualité et en quantité… ont beaucoup augmenté. Les personnes se retrouvent alors soit en surpoids ou en mauvaise santé.        

Ils n’ont pas pris soin de leur santé soit en mangeant mal ou en fumant, soit en ne bougeant pas. Ils ont ainsi augmenté le risque de faire un infarctus du myocarde jeune et qui se complique par une mort subite.

En novembre 2020, une étude menée sur la mort subite en Ile-de-France par l’hôpital Georges Pompidou a montré que la première cause d’arrêts cardiaques en Ile-de-France avant 30 ans est l’infarctus du myocarde.   

Quand j’étais jeune médecin, il y a 20 ans, ce seuil était à 45 ans. On voit qu’il y a un décalage délétère par le mode de vie néfaste pour la santé, en particulier pour nos artères, vers des gens plus jeunes. Certaines addictions sont aussi néfastes. De plus en plus de gens fument du cannabis. Ils font des infarctus qui peuvent se compliquer ou des troubles du rythme qui peuvent aboutir à une mort subite. Cela concerne aussi l’usage de la cocaïne.

Nous voyons plus souvent en hospitalisations pour un infarctus des jeunes de 25 ans. La chose explication que l’on trouve est le cannabis.

Les maladies génétiques et le mode de vie entrent donc en compte.

Comment une personne jeune peut s’apercevoir et sentir qu’elle est confrontée à un risque de mort subite de l’adulte ? Certains évoquent notamment des douleurs thoraciques en courant.

Les douleurs thoraciques sont le symptôme que l’on a à l’effort. Cette douleur qui peut survenir en courant signifie qu’il n’y a pas assez d’oxygène qui arrive au niveau du cœur, cela signifie que les artères sont bouchées ou que le cœur ne fonctionne pas bien. Les cellules cardiaques manquant d’oxygène, cela entraîne une douleur en particulier dans la poitrine et qui peut remonter dans les mâchoires, dans les poignets…        

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La prévention est-elle un élément clé pour lutter contre le syndrome de mort subite chez l’adulte ?

Il faut d’abord aller voir son médecin traitant. En fonction de la description des symptômes, il vous enverra voir les cardiologues ou non. Des examens adaptés seront réalisés par le cardiologue. Un test d’effort permet d’étudier l’électrocardiogramme. Cet examen n’est pas systématique car certains examens sont plus performants.

En France, il y a entre 4.000 et 5.000 cardiologues. Si toutes les personnes qui ont les symptômes souhaitaient voir un cardiologue, elles devraient peut être patienter six mois.

Si elles vont voir un médecin traitant et qu’il est inquiet, les cardiologues en urgence peuvent être alertés et ils seront vus plus tôt.

Lutter contre ce syndrome n’est pas aussi facile car la question du dépistage peut parfois être génétique. Il existerait un gène qui serait la cause de ce phénomène. Est-ce que cela est facile à déceler d’un point de vue médical ?

Un électrocardiogramme de repos détecte entre 70 et 85% des maladies génétiques. Cela est très efficace. Mais 15 à 30% ne sont pas détectées avec l’électrocardiogramme de repos seul. Il faudra faire d’autres examens.

J’ai connu des cas de sportifs qui sont morts pendant leur sommeil. Il faut aussi savoir que la mort subite des jeunes (de moins de 35 ans) survient dans près de 40% des cas pendant le sommeil. Certaines maladies génétiques sont encore inconnues. Il faut voir la mutation du gène, la connaître et l’étudier. Il est aussi possible d’avoir un bilan normal et qu’un jour, pour tel ou tel raison, tout d’un coup le cœur déraille et cela entraîne un décès.

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La prévention n’est donc pas simple.

Il est important de prendre soin de son corps et de son cœur avec une vie équilibrée et de respecter la moindre anomalie cardiaque. Repousser son rendez-vous chez le cardiologue n’est pas une bonne solution. Il faut être à l’écoute de son corps.

Des progrès sont faits sur la génétique.

Si quelqu’un est décédé jeune, il est important de voir ses proches (ses frères, ses sœurs, ses parents) pour vérifier qu’ils n’ont pas la même maladie. Dans ce cadre-là, l’importance de l’autopsie de la personne qui est décédée permet d’en apprendre plus sur les circonstances de la mort. Cela permet de recenser les gènes anormaux connus chez la victime. Si on les trouve, il sera possible d’aller les chercher chez les parents.

Lors d’un arrêt cardiaque, suite à une intervention pour sauver la personne, ces victimes qui ne seront pas décédées permettront d’effectuer des recherches génétiques. Si l’on découvre quelque chose, les parents seront informés et dépistés.

Ce processus intervient aussi lorsqu’une personne décède à 40 ans. Lorsque l’on ne comprend pas les causes, on recherche la cause génétique et ensuite on la recherche chez les enfants.

Le Professeur François Carré est cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes

Pour retrouver un article de la fondation Coeur & Recherche sur le syndrome de la mort subite de l'adulte : cliquez ICI 

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