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Retour d'un service national d'une semaine ou un mois : pour en faire plus qu'un simple gadget, le compte n'y est pas
©ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Coûteux

Dans son discours de vœux aux armées, Emmanuel Macron a réitéré sa promesse de campagne concernant le service national universel. Son coût pourrait être de moins de 3 milliards d'euros : pas de quoi mettre en place autre chose qu'un grand centre aéré.

Roland Hureaux

Roland Hureaux

Roland Hureaux a été universitaire, diplomate, membre de plusieurs cabinets ministériels (dont celui de Philippe Séguin), élu local, et plus récemment à la Cour des comptes.

Il est l'auteur de La grande démolition : La France cassée par les réformes ainsi que de L'actualité du Gaullisme, Les hauteurs béantes de l'Europe, Les nouveaux féodaux, Gnose et gnostiques des origines à nos jours.

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Atlantico : Dans son discours de vœux aux armées, Emmanuel Macron a réitéré sa promesse de campagne concernant le service national universel. "Le nouveau chantier du service national universel sera mené à son terme et conduit par l'ensemble des ministères concernés, pas simplement celui des armées. Il aura un financement ad-hoc qui ne viendra en rien impacter la loi de programmation militaire". Alors que pendant la campagne, Emmanuel Macron estimait le coût de cette proposition entre 2 et 3 milliards d'euros, celui-ci pourrait être revu à la baisse selon les informations de l'Express. Dans quelle mesure un tel projet pourrait-il avoir du sens, s'agit-il du retour d'un véritable service national ou cela relève-t-il plutôt du gadget ?

Roland Hureaux : S’il s’agit d’un retour au service national, je ne vois pas l’intérêt d’y impliquer les autres ministères. Je suppose donc qu’il s’agit d’un projet de service en partie civil.

S’il ne s’agit que d’un service d'un mois, militaire ou civil, ce n’est en effet qu’un gadget, une sorte de JAPD (journée d’appel de préparation à la défense) un peu plus consistante.

Le service qu’on appelait autrefois militaire était quelque chose de sérieux : il pouvait déboucher sur une mobilisation et une guerre. Il s’agissait de rien moins que de défendre le sol de la patrie.

Il va de soi que dans cette hypothèse, un mois ne suffit pas à entrainer des jeunes. Six mois serait un minimum. Et, dans ce cas-là cela coûterait bien plus de 2/3 milliards d’euros.

L’idée d’un retour au service national agitée par beaucoup d’hommes ou de femmes politiques dans le passé, dont Ségolène Royal, est populaire dans l’opinion, surtout à droite, qu’il soit militaire ou civil. Un tel service pourrait être utile pour assurer la cohésion nationale et intégrer les jeunes immigrés qui ne tarderont pas à représenter le tiers de ces jeunes. C’est en raison de cette popularité que Macron s’est engagé dans ce sens. Mais on peut craindre que cela n’entre dans sa stratégie de communication consistant à faire quelques clins d’œil en direction de la droite pour la neutraliser, comme les annonces de M. Blanquer à l’Education nationale. Ces annonces qui plaisent n’auront pas nécessairement une suite.

D’autant que les problèmes pratiques sont énormes : pour éviter que le service civil ne débouche sur une garderie, la mobilisation des administrations doit être considérable – et donc coûteuse.

Quoi que l’on pense de l’idée de restaurer le service national - et sur le principe, je n’y suis pas opposé, je ne suis pas sûr que le contexte budgétaire s’y prête et si on ne le fait pas sérieusement , si on le fait de manière symbolique, ce sera de l’argent jeté par les fenêtres Il me semble qu’il vaudrait mieux abonder d’autant le budget de la Défense.

Lors de la campagne électorale, Emmanuel Macron évoquait une durée de service de un mois ce qui lui avait valu la critique de François Fillon qui déclarait alors " les militaires ont autre chose à faire que de gérer des centres aérés pour que les jeunes puissent gambader". Finalement, selon France Info, cette durée pour n'être que d'une semaine. Que peut-on attendre d'un tel service national universel si la durée de celui-ci ne dépasse pas un mois ou une semaine ? Quels bienfaits peut-on en attendre pour les 600 000 jeunes par an qui seraient concernés ?

Aucun s’il s’agit d’une semaine. Du tems du service militaire, il fallait au moins une semaine pour que les relations entre des jeunes issus de régions ou de milieux différents se dégèlent. Quant à leur inculquer une discipline minimum, que ce soit une discipline militaire ou une discipline civile dans le cadre du service miliaire adapté, je pense qu’il faut au moins trois mois. On est loin du compte.

Je suis d’accord avec François Fillon dont les propos reflètent bien le sentiment du corps des officiers.

Ceci dit, les effectifs des armées sont au plus bas et il faudrait en effet envisager quelque chose comme une nouvelle forme de conscription pour parer à l’éventualité de crises internationales sérieuses (comme par exemple une implosion de l’Algérie), mais cela n’a rien à voir avec l’organisation de centres aérés.

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